ZONE D’OMBRE - Selon une note de la Direction générale de la prévention des risques (DGPR) qu’a pu consulter "Le Monde", l’entreprise Normandie Logistique, voisine de Lubrizol, n’avait pas communiqué aux services de l’État la quantité de matières combustibles qu’elle stockait. Autre interrogation : quelle était la dangerosité desdits produits stockés par cette entreprise dont les entrepôts ont également brûlé le 26 septembre dernier ?
Voilà peut-être une information qui risque d’attiser un peu plus le feu de la colère chaque jour grandissante des habitants de Rouen et de sa région. Selon Le Monde, qui révèle une note de la Direction générale de la prévention des risques (DGPR), rattachée au ministère de la Transition écologique et solidaire, l’entreprise Normandie Logistique, mitoyenne de l’usine Lubrizol qui a pris feu le 26 septembre dernier, n’a jamais officiellement communiqué quelles quantités de matières combustibles elle détenait.
Les services de l’Etat n’ont « jamais » su quelles quantités de « matières combustibles » stockait Normandie Logistique, entreprise mitoyenne de l’usine Seveso #Lubrizol et dont les entrepôts ont également brûlé le 26 septembre https://t.co/DtB25kAEZG — Le Monde (@lemondefr) 8 octobre 2019
"L’exploitant de ces entrepôts n’a jamais indiqué clairement à l’administration les quantités stockées", indique la note de la DGPR envoyée en début de semaine à la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) de Normandie. Or, les entrepôts de Normandie Logistique ont également brûlé, un entièrement, les deux autres partiellement. Le préfet de Seine-Maritime avait d’ailleurs indiqué lors d’une conférence de presse vendredi dernier que ce ne sont pas uniquement les 5253 tonnes de substances chimiques de l’usine Lubrizol, site classé Seveso, qui avaient brûlé mais peut-être le double en tenant compte des produits stockés par Normandie Logistique.
Quels produits et quelles quantités ?
Ainsi, selon l’inventaire effectué par l’entreprise elle-même, Normandie Logistique stockait 9050 tonnes de marchandises, dont 4157 tonnes sont des "produits Lubrizol". Au-delà des chiffres, ce qui interpelle dans la note consultée par le quotidien du soir, c’est le fait que l’entreprise Normandie Logistique, présente dans le périmètre de Lubrizol et qui stockait donc des produits de l’usine classée Seveso, ne bénéficiait pas de la même surveillance rapprochée que sa voisine. Elle n'avait ainsi, visiblement, pas obligation de communiquer de façon aussi stricte les quantités et la nature des produits stockés. "Une surveillance aussi allégée est inacceptable à quelques mètres d’une usine Seveso seuil haut", s’emporte Jacky Bonnemains, le président de l’association Robin des Bois, toujours dans Le Monde.
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Alors que l’enquête n’a pas encore permis de "déterminer les causes de l’incendie (de Lubrizol) ni de localiser avec certitude l’origine du sinistre", dixit Rémy Heitz, le procureur de Paris, mardi, d’autres investigations sont actuellement menées afin de connaître la nature exacte (donc l’éventuelle dangerosité) et la quantité précise des produits stockés chez Normandie Logistique. Selon la préfecture, des résultats pourraient être communiqués ce mercredi 9 octobre.