TERRORISME - Un utilisateur de l'application Telegram a été condamné à deux ans de prison ferme pour y avoir incité un correspondant à commettre un acte terroriste. Son avocat juge la décision d'une "sévérité qui se veut exemplaire amis qui est inadaptée".
Son enfant devrait naître dans quelques mois. Il sera toujours en prison. Ce vendredi, le tribunal correctionnel de Paris a condamné un homme de 29 ans à quatre ans de prison, dont deux avec sursis, pour avoir incité sur la messagerie cryptée Telegram un correspondant à commettre un attentat et pour avoir consulté de sites internet faisant l'apologie ou incitant au terrorisme, nouveau délit intégré au code pénal en juillet.
Youssef L., videur dans une boîte de nuit, "fan de foot, de filles et de boxe" selon son avocat Me Martin Mechin, avait été interpellé le 23 août à Montpellier (Hérault) avant d'être transféré à Paris. Il devait être jugé le 24 août mais il y avait eu un renvoi.
Je jouais un rôle"
Youssef L.
Pour sa défense, le prévenu, grand, costaud, avec un accent du sud marqué, a dit avoir voulu "se moquer" de ses correspondants radicalisés, dont ceux qui voulaient partir faire le Jihad en Syrie, en se faisant passer pour l'un des leurs. Youssef L. affirme ainsi avoir été contacté par des personnes via Facebook. Ces individus "plus ou moins radicalisés" lui auraient alors proposé de passer sur Telegram pour communiquer.
Le jeune homme de 29 ans a notamment échangé pendant longtemps, sous le pseudo "Echo Alpha Tango" avec un certain Sébastien. "Si tu passes à l'action demain, tu seras des nôtres" avait-il écrit à cet homme qui n'a pas toutes ses facultés mentales. Il lui avait ensuite proposé de lui vendre une bombe atomique, précisant qu'ils devaient se retrouver au commissariat pour que ce soit "plus sûr". Youssef L. avait également suggéré à son interlocuteur de passer à l'acte "le 31 février"… "Je jouais un rôle, a répété des dizaines de fois Youssef L. pour sa défense. Je n'ai pas vu vraiment le mal. C'était un délire. C'était plus pour rire".
Un argument qui n'a guère convaincu. "Est-ce que monsieur Youssef L. plaisante quand il a dans son téléphone des photos de décapitation, des affiches de propagande, des auteurs des attentats?" a lancé le procureur. Pour le magistrat qui avait requis 4 ans de prison dont 18 mois avec sursis, il y a chez cet homme "une fascination et une adhésion évidentes chez lui pour le terrorisme".
Une condamnation inadaptée
Pour Me Mechin, la décision rendue ce vendredi soir est "d'une sévérité qui se veut exemplaire mais qui est complètement inadaptée et qui ne correspond pas à la réalité du dossier". "Mon client trouvait ça amusant de se moquer de gens qu'il estime perché, ça ne va pas au-delà. Il n'a jamais cherché à rencontrer ces personnes physiquement, il s'est contenté d'échanges de messages" rappelle-t-il.
L'avocat ajoute que selon lui, Youssef L. "ne représente aucune dangerosité". "Il a un casier vierge de toute condamnation. A 29 ans, il n'avait jamais fait une garde à vue et il n'avait jamais fait parler de lui précise-t-il. On l'envoie deux ans en prison parce qu'il échangé quelques messages sur Internet".
Selon lui, "cette décision s'explique par le contexte actuel et la nature dite terroriste de cette affaire". "On a parfois l'impression qu'il est difficile en ce moment, en matière de terrorisme, d'avoir des condamnations inférieures à quatre ans. Généreusement, on nous accorde deux ans de sursis, c'est le tarif minimum…" déplore l'avocat. Me Mechin va s'entretenir prochainement avec son client. Ils décideront, ou non, de faire appel.
VIDÉO - Jugement d'un homme pour incitation au terrorisme interpellé grâce à Telegram
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