JUSTICE - Un homme de 23 ans comparait ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Nanterre pour avoir filmé et diffusé sur Snapchat la vidéo du policier motard gravement blessé par un terroriste le 27 avril 2020 à Colombes.
Son premier réflexe a été de sortir son téléphone portable et de diffuser une scène d’horreur sur Snapchat… plutôt que de porter secours à un policier percuté de plein fouet par une voiture-bélier. Le 27 avril 2020, alors qu’il venait d’être interpellé par la police municipale à Colombes (Hauts-de-Seine) après avoir tenté de fuir, Massalé T., 23 ans, connu à de multiples reprises par les services de police, est témoin de l’attentat à la voiture-bélier perpétré par un terroriste de 29 ans, animé par une idéologie anti-occidentale et sur lequel sera retrouvé une lettre d’allégeance à celui qu’il croyait être le nouveau représentant de l’État islamique.
Trois policiers, parmi lesquels des motards de la police nationale venus en renfort, sont blessés. Deux le sont très grièvement. Alors que les policiers municipaux sont occupés à venir en aide aux victimes et à interpeller l’auteur de l’attaque, Massalé T. fait le tour de la scène de crime, sort son téléphone, filme le suspect menotté puis en gros plan un des policiers blessés, au sol, sa moto coincée entre un véhicule de la police municipale et celui du terroriste. Tout en tenant ces propos, audibles dans la vidéo : "Il a tué les motos wallah".
Vidéo très partagée
Il diffuse ensuite cette vidéo, d’une durée de 8 secondes, à ses abonnés de ses "story"sur Snapchat. Très rapidement, la vidéo est largement relayée sur les autres réseaux sociaux, reprise de très nombreuses fois sur Twitter et commentée parfois par des personnalités politiques.
"Cette scène en dit long sur l’envahissement des téléphones portables dans l’espace public. Au moindre incident, à la moindre altercation dans la rue, des cohortes de téléphones sont braquées vers la scène, sans même que ne vienne à personne l’idée de porter assistance aux potentielles victimes. L’effet est décuplé quand cela se passe avec des policiers", commente un fonctionnaire de police, rompu au bitume parisien.
Jusqu’à 5 ans de prison et 75.000 euros d’amende
Le suspect, qui n’est pas impliqué dans le volet terroriste –le parquet national antiterroriste s’est saisi de cette affaire– a reconnu en garde à vue devant les enquêteurs de la brigade criminelle être l’auteur de la vidéo, laquelle a été retrouvée dans son téléphone. "J’étais dans un état second, j’avais choqué (sic). C’est incroyable ce qu’il arrivait, puis j’ai filmé", s’est-il expliqué.
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Le mis en cause est renvoyé devant la 18e chambre du tribunal correctionnel de Nanterre pour "diffusion d’images relatives à la commission d’une atteinte volontaire à l’intégrité d’une personne". Il risque jusqu’à 5 ans de prison et 75.000 euros d’amende.