INFO LCI - Drogue : plus de 10 kg de fentanyl saisis en France en 2019, une première

par William MOLINIE
Publié le 20 décembre 2019 à 17h33
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Source : Sept à huit

POLICE – L’année 2019 marque une rupture dans l’observation du phénomène d’implantation en France du Fentanyl, un opioïde 100 fois plus fort que la morphine. Les services anti-drogue français ont saisi plus de 10 kg cette année alors qu’ils n’avaient jamais dépassé l’unité depuis son suivi par les autorités françaises en 2015.

Le phénomène, jusqu’ici contenu, semble connaître une accélération sensible sur le territoire français. Le fentanyl, une drogue très puissante de la famille des opioïdes synthétiques, fait l’objet d’un suivi resserré des autorités policières, douanières et sanitaires. Et pour cause, quelques particules inhalées de cette poudre jaunâtre ou grise peuvent mener à une overdose mortelle. 

Jusqu’à présent, les saisies de ce produit – à l’origine d’une grave crise sanitaire aux Etats-Unis avec 28.500 décès qui lui seraient imputés en 2017 – restaient anecdotiques : 25 g en 2015, 20 g en 2016, 8 g en 2017, 670 g en 2018. Selon nos informations, les forces de sécurité ont recensé cette année cinq saisies, dont une d’environ 10 kg en avril 2019 par les douaniers dans une camionnette à l’embarquement du ferry au port de Dieppe. Le produit, en provenance d’Espagne, était à destination de l’Angleterre. Cette découverte, d’une quantité très importante, fait craindre aux enquêteurs la présence de "flux massifs en Europe".

Produit très volatile, très dangereux

La dernière saisie, en quantité anecdotique mais mortelle, remonte à septembre dernier, à Paris, au cours d’une enquête ouverte pour homicide involontaire. La victime avait consommé du fentanyl, détourné de sa forme médicamenteuse, sous forme de patchs. 

Si les saisies destinées à la France restent limitées, la vigilance sanitaire est forte. Car la fabrication du fentanyl est relativement simple pour une personne qui a quelques connaissances en chimie. Il suffirait de quelques kilogrammes répandus dans un espace plus ou moins confiné pour provoquer plusieurs overdoses mortelles. Très volatile, le produit, quand il est découvert ou suspecté, conduit d’ailleurs les forces de police à revêtir des tenues protectrices de type NRBC. Comme ce fut le cas par exemple, lors de la découverte en novembre 2018 du premier laboratoire au cœur de Paris, dans le 19e arrondissement.  

Le darknet, un facilitateur

L’étude des différentes saisies de fentanyl a fait émerger une tendance : celle du recours au darknet - un réseau Internet parallèle - comme facilitateur, et du paiement en crypto-monnaie. C’est par ce moyen-là que les trafiquants, chimistes plus ou moins avertis, se procurent les différents produits, avant de les assembler, non sans risque lors des manipulations. Les produits provenant essentiellement de Chine sont livrés directement à domicile.

Preuve que les autorités suivent de près le phénomène, la direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED) a créé un "réseau fentanyl" l’année dernière, associant plusieurs administrations. La crise sanitaire américaine pourrait un jour menacer l’Europe. D’abord parce que des organisations criminelles pourraient créer des dérivés du fentanyl, prenant ainsi de vitesse les mécanismes de pharmacovigilance. Ensuite et surtout parce que près de 12 millions de Français auraient déjà recours à des opioïdes, ces antidouleurs dérivés de l’opium. "Ces médicaments sont très addictifs, il y a donc des risques de détournement et de montée en puissance des marchés illicites, prévient un bon connaisseur des organisations criminelles. 


William MOLINIE

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