SÉCURITÉ – Dans une note d’instruction, la hiérarchie de la préfecture de police rappelle à ses troupes le comportement qu’elle attend dans ses rangs, quelle que soit l’attitude de leurs adversaires…
Visés quasi-quotidiennement par des tags anti-police, des tirs de mortiers d’artifice ou des violences physiques directes, les policiers parisiens sont priés de rester courtois et polis "en toutes circonstances". Une note de quatre pages délivrée la semaine dernière aux chefs de service de la direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP) de la préfecture de police entend lever des ambiguïtés et rappeler noir sur blanc certaines règles qui s’imposent aux forces de l’ordre. Cette note d’instruction que LCI a consultée a pour objet le "comportement des agents et le respect de la déontologie".
Plusieurs affaires rendues publiques ont entaché ces dernières années l’image de la police parisienne, à commencer par les opérations de maintien de l’ordre pendant la crise des Gilets jaunes, les affaires Cédric Chouviat, Michel Zecler, celle des "ripoux de Barbès" ou encore les propos racistes tenus par des policiers à l’encontre d’un Égyptien interpellé en avril 2020 sur l’Ile-Saint-Denis. Jusqu’au sommet de l’État, les autorités politiques ont réclamé une police irréprochable, suscitant parfois la colère des syndicats de policiers qui y ont perçu une remise en cause de l’institution. "La hiérarchie ne veut pas de vague ni avant ni pendant la présidentielle, aucune bavure ou autre mauvaise image qui pourrait relancer ce débat, remettre du monde dans la rue", grince un policier parisien.
Dans les couloirs de la préfecture de police, l’analyse est plus feutrée : "c’est un rappel de plusieurs instructions déjà données, il n’y a pas de message caché. Ce comportement est celui que chaque citoyen est en droit d’attendre d’un fonctionnaire de police", coupe-t-on.
Tutoiement interdit
Dans cette note, la nouvelle directrice de la DSPAP, Isabelle Tomatis, à la tête de plus de 20.000 policiers ou administratifs – la plus grosse direction de la préfecture de police – chargés de l’accueil dans les commissariats, des patrouilles police-secours ou encore du contact avec le public, enjoint ses troupes à respecter la déontologie et à veiller à leur attitude. Présentation des agents, accueil du public, prise des plaintes, comportement avec les mis en cause, conduite des véhicules, consultation des fichiers de police, utilisation des réseaux sociaux, etc. La plupart des thématiques dans lesquelles les forces de l’ordre ont pu être mises en cause ces dernières années sont passées au crible.
"Les agents sont tenus de traiter avec politesse, égard et courtoisie le public." Et ce, "en toute circonstance", est-il précisé dans cette note. Le tutoiement et toute forme de familiarité sont "proscrits". Le numéro d’identification des forces de l’ordre, le RIO, doit être lisible et bien positionné sur les uniformes ou les brassards pour les unités en civil.
Le menottage devra être "justifié de manière explicite"
L’accueil du public est présenté comme un "objectif permanent". "Éconduire une victime à travers un interphone, sans explication et sans accueil physique n’est pas acceptable", selon ces consignes. Par ailleurs, lorsqu’un citoyen souhaite porter plainte contre un membre des forces de l’ordre, l’orientation vers l’IGPN, la "police des polices" n’est pas obligatoire, "tout service de police [étant] en capacité de recevoir des plaintes".
Concernant les suspects interpellés, "une fois l’individu maîtrisé, aucune violence gratuite ni aucun comportement indigne ne saurait être toléré, quelle qu’ait été l’attitude de l’intéressé vis-à-vis des forces de l’ordre". Et si les policiers sont amenés à menotter un mis en cause, la pratique ne doit pas être systématique et surtout, "devra être justifiée de manière explicite".
Enfin, la note enjoint les policiers à rester mesurés sur les réseaux sociaux : "Le fait de commenter sur un espace public une intervention policière, une décision de justice, une évolution législative, ou tout événement lié à un membre du gouvernement ou à un parlementaire, peut constituer un manquement au devoir de réserve." Des consignes qui sont connues des forces de l’ordre, mais qui ont donc été jugées nécessaires de répéter, à six mois de l’élection présidentielle.
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