INFO TF1 - Disparition de Delphine Jubillar : ce qu'il s'est passé lors de la reconstitution en décembre

par Marie BELOT Marie Belot
Publié le 16 janvier 2023 à 17h50

Source : JT 20h Semaine

Une reconstitution a été réalisée le 13 décembre 2022 dans la maison des Jubillar à Cagnac-les-Mines (Tarn).
Mis en examen pour le meurtre de sa femme, Cédric Jubillar était présent.
La séquence s'est concentrée sur plusieurs indices : la présence d'un sapin dans le salon, le bruit d'une porte entrouverte et de possibles cris liés à une dispute.

Tout un village sous surveillance, un périmètre de sécurité établi par les forces de l'ordre, le mardi 13 décembre 2022 : l'ambiance était bien particulière à Cagnac-Les-Mines (Tarn) où régnait un froid glacial. Ce jour-là, près de deux ans jour pour jour après la disparition de Delphine Jubillar, enquêteurs, techniciens de l'identification criminelle, avocats, procureur et témoins se sont retrouvés à 18 heures au domicile du couple pour une reconstitution. 

Mis en examen pour le meurtre de sa femme et écroué en juin 2021, Cédric Jubillar a été extrait de sa cellule pour participer à l'événement. Barbe de trois jours, bouc fourni, bonnet sur la tête et doudoune sur le dos, le mis en cause est resté menotté tout au long de l'exercice. TF1 vous raconte ce qu'il s'est passé dans cette maison pendant six heures, à l'abri des regards. 

Des interrogations autour d'une éventuelle dispute

Derrière les murs, les scellés ont été brisés, et chaque objet replacé dans son contexte, notamment les lunettes cassées de Delphine Jubillar, la fameuse couette tachée, ou encore les chaises retournées sur la table. Les séquences étaient rejouées par des doublures, notamment celle où le couple se serait disputé, selon les déclarations de Louis, leur fils. 

Entendu une première fois le 16 décembre 2020, quelques heures après la disparition de sa mère, l'enfant avait d'abord déclaré qu'il n'y avait pas eu de cri ce soir-là. Un mois plus tard, au cours d'une seconde audition, il avait, cette fois, évoqué une dispute. Puis en novembre 2021, face aux enquêteurs, il révélait avoir assisté à cette dispute via l'entrebâillement de la porte du couloir. Selon le petit garçon, ses parents se seraient poussés alors qu'ils se trouvaient dans le salon, entre le canapé et le sapin.

Interrogé lors de la reconstitution de décembre 2022, Cédric Jubillar martèle, comme il l'a toujours fait, qu'il ne s'est pas disputé ce soir-là avec son épouse, mais que cela pouvait leur arriver de temps en temps. Louis a-t-il pu se tromper de jour ? Peut-être. Reste que l'enfant a évoqué la présence du sapin dans le salon, attestant d'un événement récent. Quand l'arbre de Noël a-t-il été installé cette année-là ? Cédric Jubillar ne se souvient plus de la date, se bornant à évoquer le mois de décembre.

Le raclement d'une porte agite les parties

S'ensuit une séquence sur ce qu'a pu effectivement voir l'enfant ce soir-là, ou pas. Selon nos informations, Cédric Jubillar a affirmé que la porte du couloir, entre le salon et les chambres des enfants, était toujours fermée quand les petits étaient couchés. Louis a-t-il ouvert la porte pour voir ce qu'il se passait derrière ? Pas certain. Car lors de la reconstitution, un avocat de la défense relève que cette porte racle quand on l'ouvre. 

Et si cette porte était un peu ouverte, l'enfant aurait-il pu voir ses parents par l'entrebâillement ? Non, selon un autre avocat de la défense qui pointe le fait qu'une petite ouverture de la porte ne permet pas de voir Cédric et Delphine dans le salon, mais seulement l'un des deux. On demande, lors de la reconstitution, que la porte soit ouverte un peu plus, jusqu'à ce que l'on voie les deux doublures de Delphine et Cédric Jubillar se poussant l'une et l'autre. 

Au final, les parties s'accordent à dire que le frottement au sol n'intervient que quand la porte est ouverte à plus de 45°, soit un angle beaucoup plus important que le petit entrebâillement décrit par l'enfant. Se peut-il que Louis ait ouvert la porte sans que ses parents l'entendent du fait de leur dispute ? Était-elle accidentellement ouverte ce soir-là ? A-t-il pu voir la dispute par une petite ouverture ? Les réponses à ces questions n'interviendront sans doute pas avant un éventuel procès…  

Des cris de femme pendant la nuit

Autre moment phare de la reconstitution, ces cris de femme entendus par une voisine des Jubillar dans la soirée du mardi 15 décembre 2020. Celle-ci fumait une cigarette devant chez elle, lorsqu’elle dit avoir entendu des cris de femme dans la rue, des aboiements et des couinements de chiens. 

Pendant la reconstitution, l’objectif est de recréer ce moment.  La doublure de Delphine Jubillar se place donc à différents endroits, à l'extérieur de la maison du couple, et se met à crier.  La voisine commente : les cris entendus le soir de la disparition étaient plus courts. Elle évoque des cris de terreur. Et parle de cris de douleur pour décrire le bruit des chiens.

Face à l'assemblée, la défense de Cédric Jubillar s'interroge : pourquoi ne pas avoir alors appelé les secours ? La voisine répète avoir pensé à une bagarre de chiens, imaginé une femme tirant sur la laisse comme pour les maîtriser, et avoir, de peur des canidés, préféré rentrer chez elle... 

Incarcéré depuis juin 2021, Cédric Jubillar a toujours clamé son innocence depuis la disparition de sa femme. Il l'a réaffirmé à l'issue de cette reconstitution. Ses avocats ont déposé plusieurs demandes de libération. La dernière en date a été rejetée fin septembre. 


Marie BELOT Marie Belot

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