D'après nos informations, un quinquagénaire inconnu jusqu'alors vient d'être arrêté par la police judiciaire.Il est soupçonné d'avoir fourni pendant des années des faux papiers aux membres du Milieu et aux trafiquants de drogue.
Jamais son nom n'avait fuité jusqu'à présent. Son identité était un secret bien gardé, son numéro de téléphone couvé par tous ses "clients", priés de ne pas éventer son talent caché. La police judiciaire vient pourtant de lever le lièvre : Moncef B., 50 ans, est désormais en garde à vue.
Cet homme de 50 ans, domicilié dans la banlieue lyonnaise, était dans le collimateur de l'Office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO) et de la PJ de Lyon depuis l'an dernier. Lui et trois autres complices présumés, âgés de 43 à 49 ans, ont été arrêtés à l'heure du laitier mardi 10 mai, sur décision de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) lyonnaise. Deux autres hommes ont eu droit aux menottes aux poignets le lendemain, tous les deux des fugitifs venus s'approvisionner auprès du faussaire présumé. Ces six gardes à vue peuvent chacune durer jusqu'à 96 heures au total.
"Des documents plus vrais que nature"
C'est l'arrestation d'un braqueur de fourgons l'an dernier qui a poussé les policiers à tirer le fil. Le malfaiteur arrêté possède en effet alors deux passeports biométriques. "Des documents plus vrais que nature, mais totalement bidons, raconte un connaisseur du dossier. Ils avaient été délivrés en bonne et due forme par les préfectures, mais sous des identités totalement fictives".
Les "limiers" de la PJ, persuadés qu'une filière de fraude documentaire se cache derrière ces papiers falsifiés, vont avoir le nez creux. Peu à peu, le nom de Moncef B. arrive jusqu'à leurs oreilles. L'homme s'avère être un redoutable commercial, en plus d'être, semble-t-il, le faussaire attitré de très nombreux voyous à travers la France. "Il alimentait en documents le grand banditisme, mais aussi les trafiquants de drogue", décrypte un magistrat spécialisé.
D'après les investigations, Moncef B. vendait à sa sulfureuse et redoutée clientèle des "kits", livrés clef en main. Dans le petit monde des voyous, son nom était connu de tous ceux soucieux de pouvoir vivre tranquillement en cavale, ou désireux d'échapper aux mailles de filets policiers trop serrés. Grâce à des complices, le suspect se faisait livrer depuis la Thaïlande des cartes nationales d'identité (CNI) falsifiées. De très bonne qualité, ces documents permettaient ensuite de faire fabriquer le plus tranquillement du monde des passeports biométriques par les services de l'Etat. "Ces faux documents étaient une mine d'or pour les dealers ou les figures du banditisme, explique un policier. Un sésame, pour lequel ils étaient prêts à débourser des milliers d'euros en cash".
D'après les calculs de la PJ, au moins 87 dossiers de faux passeports ont d'ores-et-déjà pu être étayés, tous livrés à des malfaiteurs. Montant de la facture : 900.000 euros rien que depuis l'an dernier, obtenus évidemment en toute illégalité.
Moncef B. était visiblement très soucieux de préserver son activité florissante de faussaire en chef de la voyoucratie : en perquisition dans son officine située à Jons, les enquêteurs ont retrouvé un gilet pare-balles et un brouilleur d'ondes (pour déjouer d'éventuelles balises policières). Plus original, le suspect conduisait une voiture équipée de caméras, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'habitacle...
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