DÉLINQUANCE - D'après nos informations, la PJ parisienne a récemment démantelé une équipe de malfaiteurs soupçonnés d'avoir traversé une partie de la France pour rouer de coups et dépouiller leur victime. Les cinq individus ont été incarcérés.
Vendredi 12 février, la Brigade de répression du banditisme (BRB) a une nouvelle fois mis son réveil à l'heure du laitier. Depuis 5 heures du matin, les limiers de la célèbre unité de la police judiciaire parisienne sont aux aguets. Dans leurs voitures banalisées, les policiers scrutent toutes les voitures roulant le long de plusieurs artères de Malakoff, dans les Hauts-de-Seine. Peu de temps avant, les enquêteurs ont eu un "tuyau", jugé suffisamment sérieux pour sonner l'alerte.
Un renseignement est arrivé peu de temps avant jusqu'aux oreilles de la brigade : un commando venu de Roubaix (Nord) s'apprêterait à prendre la route, direction Malakoff. Objectif de l'équipe : séquestrer un homme. Le "tuyau" n'est pas des plus précis. Un modèle de voiture possiblement utilisé par le gang est évoqué, mais la BRB devra se débrouiller pour le reste.
"Un maigre butin pour un homme presque laissé pour mort"
L'information va pourtant s'avérer bonne. Sur les coups de 9 heures, un bolide Audi passe devant les yeux des policiers en "planque". La plaque d'immatriculation est formelle, le véhicule vient du Nord. Discrètement, la BRB se met à "filocher" sa proie.
Le véhicule multiplie les allers-retours, puis finit par stationner. Les policiers aperçoivent alors un drôle de cirque : trois hommes, porteurs de sacs, sortent de la voiture, bientôt accompagnée par une femme, tunique noire et voile bleu sur les cheveux. Le petit groupe s'engouffre dans un immeuble, puis en ressort quelques minutes plus tard, en prenant leurs jambes à leur cou.
Plusieurs agents s'empressent de retracer à pied leur parcours, montent les escaliers de l’immeuble visité et découvrent dans un appartement un homme au visage tuméfié, le corps roué de coups. La BRB donne le "top interpellation" : le quatuor est arrêté dans la foulée en flagrant délit, avec un cinquième homme à bord de la berline allemande. Un surprenant mélange de voyous roubaisiens, tunisien et syriens, âgés de 30 à 40 ans, dont certains sont de (très) vieux clients des autorités françaises, connus pour un nombre impressionnant d'affaires en tout genre : drogue, violences, vol, tentative de meurtre, traite d’êtres humains, abandon d’enfants…
Sur eux, les policiers mettent la main sur un rouleau de ruban adhésif, une cagoule, 250 euros en liquide et un téléphone portable, dérobés à leur victime. "Un maigre butin pour un homme presque laissé pour mort" se désole un magistrat.
Des versions contradictoires et laborieuses
Avant de se faire passer les menottes, les suspects s'étaient semble-t-il faits passer peu de temps avant pour de sympathiques livreurs de nourriture, au moment de frapper à la porte de leur victime. Mais à la place de paquets de pâtes, de briques de lait et de conserves, le gang aurait livré une série de violents coups à l'homme visé, malgré la présence d'un nourrisson dans les lieux. Persuadés que le père de famille cache de l'or et une grosse somme en liquide, les malfrats se déchaînent, avant de s'enfuir, les mains presque vides.
En garde à vue dans les locaux de la BRB, les cinq membres de l'équipe venue de Roubaix ont multiplié les versions, souvent jugées contradictoires et laborieuses d'après plusieurs connaisseurs du dossier. Les récits des mis en cause - un banal "coup de pression", une vengeance suite à un viol, etc. - n'ont guère convaincu les juges du Tribunal judiciaire de Nanterre (Hauts-de-Seine), qui les ont tous envoyés sous les verrous. Leur procès aura lieu le 16 mars prochain.