ENQUÊTE - D’après nos informations, les enquêteurs ont mis au jour deux messages téléphoniques écrits par la compagne de Piotr Pavlenski juste après son arrestation. L’étudiante de 29 ans semble vouloir protéger l’avocat Juan Branco, qui s’est pourtant défendu d’avoir joué un rôle dans la diffusion de la vidéo de l’ancien porte-parole du gouvernement.
La nuit n’est pas encore tombée, mais l’ombre d’une garde-à-vue se fait grandissante. Ce samedi 15 février 2020, Alexandra de Taddeo a sans doute compris que son interpellation dans "l’affaire Griveaux" n’était désormais plus qu’une question de minutes. Grâce à ses années passées à lire le Code de procédure pénale, elle le sait pertinemment : quand elle sera entre les mains des policiers, son téléphone portable lui sera immédiatement retiré. Elle ne pourra plus communiquer avec le monde extérieur, sûrement pendant 48 heures.
La jeune étudiante de 29 ans est, à ce moment là, entendue librement comme simple témoin au commissariat du Vème et VIème arrondissement de la capitale, dans le cadre d’une affaire de violences survenue le 31 décembre dernier dans un appartement de la rive gauche parisienne. Elle y est arrivée en fin d’après-midi, en même temps que son compagnon, le militant russe Piotr Pavlenski, arrêté sous ses yeux peu après 17 heures par des hommes de la Brigade anti-criminalité ce samedi alors que le couple sortait d’un hôtel du XVIème arrondissement. Contrairement au réfugié russe qui a revendiqué la publication sur internet de la vidéo intime de Benjamin Griveaux, la jeune femme est, elle, totalement libre de ses mouvements. Libre aussi de téléphoner si elle le souhaite.
Deux messages envoyés
Alexandra de Taddeo va en profiter, car elle semble préoccupée. Elle envoie deux messages sur le téléphone portable de celle qu’elle a alors désignée pour être son avocate, maître Marie-Alix Canu-Bernard (la pénaliste décidera finalement le lendemain de ne pas assurer la défense du couple). L’étudiante demande un coup de main à l’avocate à travers un premier SMS de quelques mots. "Elle a l’air à ce moment-là inquiète que les policiers puissent mettre la main sur le portable de Pavlenski" résument deux proches du dossier, qui ont eu connaissance de ces messages.
Un second message est écrit quelques secondes plus tard : "Elle évoque alors ce qu’elle appelle "la stratégie de Juan", comme s’il ne fallait surtout pas tomber dessus", confient les mêmes sources. Pas de réponse de l’avocate, pas plus d’explications non plus de la part de celle qui avait contacté Benjamin Griveaux au printemps 2018. La conversation n’ira pas plus loin. "Elle avait visiblement peur que le portable de Pavlenski soit saisi et que des messages peut-être compromettants soient découverts", résume un magistrat.
Les deux messages ont été découverts par les policiers peu de temps plus tard, pendant qu’Alexandra de Taddeo était interrogée dans les locaux de la Brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP) de la PJ parisienne.
L'avocat Juan Branco dément avoir fourni la moindre "stratégie"
La jeune femme parlait-elle de l’avocat Juan Branco, proche du couple qu’elle forme avec Piotr Pavlenski ? Le pénaliste, joint par TF1, le reconnaît lui-même. Mais dément formellement avoir fourni la moindre "stratégie" dans la diffusion de la vidéo de l’ex-candidat à la mairie de Paris. "Ma seule et unique stratégie était de l’aider en cas de garde-à-vue, de savoir ou non si par exemple je devais prendre la parole," répète l’avocat militant proche de l’extrême-gauche, qui n’assurera finalement pas la défense des deux suspects. "Rien d’autre."
Le téléphone portable de Piotr Pavlenski a depuis été saisi par les autorités. Le militant russe a refusé de livrer aux enquêteurs les codes d’accès de l’appareil, un geste qui est en théorie punissable de 3 ans de prison et de 270.000 euros d’amende. Les juges d’instruction chargés de l’affaire peuvent désormais à tout moment ordonner l’exploitation technique du téléphone. "Le débloquer est faisable techniquement, peu importe l’obtention des codes", confie un enquêteur.
Contactée par TF1, maître Marie-Alix Canu-Bernard s’est refusée à tout commentaire, rappelant qu’une information judiciaire est en cours. Maître Saidi-Cottier, qui défend Alexandra de Taddeo, n’a pas donné suite à nos sollicitations.
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