ENQUÊTE - Selon nos informations, Dino Scala, "le violeur de la Sambre" avait été interpellé en 2002 pour avoir proféré des menaces contre un de ses voisins de palier, mais la loi de l'époque ne permettait pas de prélever son ADN. Hasard total : la loi a changé quelques mois plus tard.
Les policiers ont eu le violeur de la Sambre face à eux, mais sans le savoir. Selon nos informations, la scène se déroule en 2002. Le père de famille est alors interpellé, car il a proféré des menaces contre l'un de ses voisins de palier. Il est donc interrogé puis relâché. Son nom se retrouve automatiquement dans ce qu'on appelle le TAJ (Traitement d'Antécédents Judiciaires) un gigantesque ficher policier qui recense des millions de Français, aussi bien des mises en cause que des victimes. Sauf que son ADN n'est pas prélevé. Mais pas à cause d'un oubli ou d'une erreur, mais à cause de la loi.
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Car à l'époque, le prélèvement ADN doit rester exceptionnel. Hasard total, la loi, quelques mois plus tard seulement, va changer sous Nicolas Sarkozy. Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ? Ça veut dire que si cette arrestation avait été faite en 2003 et non en 2002 les policiers auraient tout de suite pu réaliser, grâce à l'ADN, que le banal habitant qui menace son voisin était en fait le violeur en série présumé qui les narguaient à l'époque depuis déjà 14 ans et qui surtout allaient continuer à le faire pendant 16 longues années en toute impunité.
Il reconnaît une quarantaine de viols
L' ouvrier nordiste a été mis en examen mercredi pour "viols et agressions sexuelles" après avoir reconnu "une quarantaine" de ces faits depuis les années 1990, une des plus retentissantes affaires du genre ces dernières années. Agé de 57 ans et domicilié à Pont-sur-Sambre, près de Maubeuge, il a "reconnu les faits pour les 19 crimes faisant l'objet d'une information judiciaire", ouverte en 19996, a déclaré le patron du SRPJ de Lille, Romuald Muller.
Le violeur présumé a été incarcéré dans l'après-midi à la demande du juge de la détention et des libertés. Il avait été arrêté sans résistance, lundi dans sa voiture à Pont-sur-Sambre, et placé en garde à vue. L'enquête, qui avait accumulé "1.000 procès-verbaux depuis le début" sous le nom de code "le violeur de la Sambre" selon un policier, faisait du sur-place depuis qu'elle avait démarré. "Une centaine de personnes avaient été interpellées et subi des prélèvements" d'ADN, sans résultat.