DE PLUS EN PLUS PRO - Dans une récente note confidentielle que TF1 s'est procurée, la police judiciaire française s'alarme de la professionnalisation constante des narcotrafiquants, constituant des filières spécialisées pour la vente comme pour les règlements de comptes. De quoi rendre la lutte contre le trafic de stupéfiants plus complexe.
Fini le temps de l'amateurisme. Les dealers n'en sont certes pas encore au salariat en bonne et due forme, avec fiches de paies et déclarations d'impôts à la clef, mais ils semblent avoir accéléré un peu plus encore leur professionnalisme. Au point d’avoir constitué au sein de chaque groupe criminel de véritables "filières métiers".
Ce constat, très surprenant, vient d’être dressé par la police judiciaire française dans une note interne rédigée le 18 janvier dernier par le Service d'information, de renseignement et d'analyse stratégique sur la criminalité organisée (Sirasco), que nous avons pu consulter. "Cela illustre la porosité entre groupes criminels", explique un fin connaisseur du milieu. "Cette sous-traitance n'est pas de bon augure".
Depuis plus d'un an maintenant, les policiers spécialisés l'observent dans leurs surveillances et écoutes téléphoniques : les barons de la drogue français se sont (ré)organisés afin de cloisonner leurs activités. Terminée l'époque où les rois de l’herbe ou de la poudre blanche voulaient tout contrôler, de la vente de quelques grammes de cannabis au pied d'une tour de cité jusqu'à la traque à coups de fusils mitrailleurs de leurs rivaux. Finis les temps où toute personne étrangère au clan était vue systématiquement comme un ennemi juré, comme une "taupe" désireuse de nuire.
"Fonctionnant comme de véritables entreprises, les narcotrafiquants procèdent à une division du travail criminel et démontrent une agilité organisationnelle accrue" décrypte le Sirasco. Les dealers ont ainsi deux buts simples et concrets : passer entre les mailles des filets des forces de l’ordre et être encore plus efficaces dans leur florissant business.
L'aide de prestataires spécialisés dans l'acheminement
Le phénomène s'observe d'abord à travers la sous-traitance du transport de stupéfiants. Les réseaux font de plus en plus appel à des prestataires spécialisés dans l'acheminement - par la route, la mer ou les airs - du cannabis, de la cocaïne ou des drogues de synthèse. L'équation des trafiquants est simple : cloisonner pour réduire les risques d’arrestation.
Les policiers anti-stups ont ainsi pu constater à plusieurs reprises un scénario étonnant : des dealers du nord de la France se rendent en Belgique ou aux Pays-Bas pour y acheter de grandes quantités de cocaïne ou d’ecstasy, mais sans pour autant revenir avec dans l'Hexagone. Des convoyeurs belges ou néerlandais, souvent inconnus des commanditaires, se chargent ensuite alors d’acheminer la "marchandise" aux acheteurs. Même chose lorsqu'il s'agit cette fois d'acheter du cannabis en Espagne.
D'après le Sirasco, "certains trafiquants font appel à des groupes criminels locaux, situés notamment au Pays basque, qui maîtrisent les itinéraires secondaires pour déjouer les contrôles aux frontières." Moins de risques ainsi pour les voyous français de se faire interpeller en flagrant délit, et plus de chances de voir leur drogue - et les millions d’euros qu’elle représente à la revente - arriver à bon port.
Des vendeurs et des guetteurs recrutés
Pour améliorer un peu plus encore le maillage de leur territoire, les dealers s'improvisent également Directeurs des ressources humaines. Depuis peu, les voilà capables de recruter des vendeurs ou des guetteurs, là encore totalement étrangers, à leur groupe. Du jamais vu jusqu'alors.
Plusieurs clans de Sète (Hérault) ont ainsi engagé des revendeurs originaires de Marseille ou de cités franciliennes. À Toulouse, dans le quartier des Izards où le bruit de tirs de fusil mitrailleur est devenu ces derniers mois une triste banalité, les "patrons" des réseaux ont, eux, recruté des "choufs" (guetteurs) domiciliés en Seine-Saint-Denis pour "pallier un manque de main d'œuvre" dû à la trop grande dangerosité du métier. Les guetteurs toulousains craignaient trop pour leur vie et ont visiblement préféré se mettre au vert, le temps que les esprits (et les armes) se calment.
Tueurs à gages et mercenaires ultra-violents
Conquérir et reconquérir des territoires. Devenir toujours plus riches et puissants. L'appétit des "barons" du stup est illimité. Et passe souvent par l'usage de la force. "Le recours à des individus sous contrat par des narcotrafiquants pour éliminer leurs concurrents s'est amplifié" note la police judiciaire. Tueurs à gages marseillais déployés à Perpignan, à Mulhouse ou en région parisienne, mercenaires ultra-violents embauchés dans le Pas-de-Calais par des malfaiteurs nîmois... la filière "réglos" s'est totalement décloisonnée à son tour. Les dessous des contrats, les sommes engagées, les coulisses des pourparlers restent des secrets bien gardés. Mais des alliances sanguinaires se créent. Un casse-tête supplémentaire pour la justice qui tente tant bien que mal d’assembler les pièces du puzzle.
Même cas de figure quand certains chefs de points de deal ont voulu ces derniers mois "regagner des parts de marchés perdues au profit de concurrents" : des "gros bras" venus de toute la France, voire d’Europe de l’Est, pour prêter main forte aux plus offrants et déloger manu militari des dealers trop gourmands apparaissent désormais dans les radars de la PJ. Des scènes impensables jusqu'à présent, dans des clans où la paranoïa règne en maître absolu.
En France, le chiffre d'affaires du trafic de drogue dépasse désormais les trois milliards d'euros par an. "L'État doit ouvrir les yeux", soupire un enquêteur rôdé à la lutte sans fin contre le stup. "Les trafiquants montent en puissance, encore et toujours" avertit-il.
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