Violences policières chez Burger King : 4 CRS mis en examen

Georges Brenier avec Thibault Malandrin
Publié le 23 juin 2020 à 17h26, mis à jour le 23 juin 2020 à 17h33

Source : TF1 Info

POLICE - D’après nos informations, quatre policiers ont été placés en garde à vue lundi 22 juin par l’IGPN pour des violences commises dans un fast-food parisien lors de la manifestation des Gilets jaunes du 1er décembre 2018, qui avait dégénéré. Ils ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire ce mardi à l'issue de leur présentation au magistrat instructeur.

Leurs interrogatoires étaient prévus bien avant les polémiques actuelles sur les violences policières. Mais leur timing remet la lumière sur une scène de brutalités policières qui avait à l’époque vivement marqué les esprits.

D’après nos informations, quatre CRS (Compagnie républicaine de sécurité) ont été placés en garde à vue dans la matinée du lundi 22 juin 2020, dans l’enquête dite "Burger King". Le 1er décembre 2018, lors d’un rassemblement parisien de Gilets jaunes qui avait totalement dégénéré, plusieurs manifestants s’étaient réfugiés dans ce fast-food de l’avenue Wagram, tout près des Champs-Elysées. Certains avaient alors été molestés par un petit groupe de fonctionnaires, tous membres de la 1e section de la 43e CRS de Châlon-sur-Saône (Saône-et-Loire).

Présentés ce mardi au magistrat instructeur, les quatre policiers ont, selon une source judiciaire à LCI, été mis en examen des chefs de violences volontaires avec incapacité de moins de huit jours par personne dépositaire de l'autorité publique en réunion et avec arme, et de violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique sans incapacité pour deux d'entre deux, et du chef de violences volontaires sans incapacité par personne dépositaire de l'autorité publique pour les deux autres. Ils ont été placés sous contrôle judiciaire. Il leur est interdit d'entrer en contact les uns avec les autres, d'exercer la fonction de policier sur la voie publique et de détenir ou porter une arme.

Les suspects ont reconnu un usage de la force parfois disproportionné

Une information judiciaire avait été ouverte par un juge d’instruction parisien en mai 2019. L’enquête démontrait qu’une quinzaine d’agents s’étaient introduits dans le restaurant. La garde à vue des quatre hommes s’est achevée lundi 22 juin dans les locaux de l’IGPN (Inspection générale de la Police nationale), la "police des polices". 

Grâce à des caméras de vidéo-surveillance et de nombreux témoignages de manifestants, les "bœufs-carottes" avaient pu reconstituer les faits avec minutie. Plusieurs coups donnés par les policiers avaient été jugés illégitimes et injustifiés par les enquêteurs, notamment des coups de matraque ou de pieds assénés à des victimes parfois déjà tombées au sol. D’après l’IGPN, plusieurs manifestants violentés ne présentaient alors aucune menace pour les CRS.

Lors de leurs interrogatoires, les suspects ont reconnu un usage de la force parfois disproportionné. Mais tous ont rappelé aux enquêteurs le contexte hors-normes de ce 1er décembre 2018, ses scènes de quasi-guérilla urbaine et une fatigue extrême. 

Document TF1 - Les images du saccage de l'Arc de TriompheSource : JT 20h WE

Un acte III particulièrement violent

L'"acte III" des Gilets jaunes avait été marqué par un climat d’une rare violence. Parmi les milliers de manifestants réunis près de l’Arc de Triomphe, des centaines de membres de l'ultra-droite et des casseurs venus de cités sensibles s’en étaient pris aux forces de l’ordre tout au long de la journée. L’unité de la CRS 43 (une soixantaine d’agents au total sur le terrain) avait ce jour-là seulement tiré près de 1.800 grenades lacrymogènes ou de désencerclement. Plus de 300 cartouches de LBD (Lanceur de balles de défense) avaient également été tirées. Au total, une trentaine de fonctionnaires avaient été blessés. 

Beaucoup, à mots à peine cachés, ont reproché à la Préfecture de police de Paris et à son commandement de ne pas les avoir relevés, après de longues heures d’affrontements sans le moindre répit. Face à l’IGPN, les policiers mis en cause ont dit regretter certains gestes, mais ont expliqué que rien n’était "normal" ce jour-là, et que leur épuisement avait parfois biaisé leur comportement. 


Georges Brenier avec Thibault Malandrin

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