D’après nos informations, un homme de 33 ans est présenté aux juges ce jeudi.Il est soupçonné d’avoir obtenu illégalement les antécédents judiciaires d’une cinquantaine de personnalités.Près de 80 commissariats sont tombés dans le panneau, pensant avoir affaire, au bout de la ligne de téléphone, à un de leurs collègues.
Sa voix était devenue le cauchemar de nombreux policiers. Pendant des mois, Leandro J-P. aura joué avec leurs nerfs, avec un malin plaisir. Ce Français d’origine brésilienne a été arrêté chez lui de bon matin à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Les enquêteurs de la Brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP) et de la Brigade de lutte contre la cybercriminalité (BL2C) de la police judiciaire parisienne ont fini par remonter sa piste, grâce à un important travail de téléphonie et d’informatique.
Ce petit malin avait créé le buzz au début de l’été. En se faisant passer pour un de leurs collègues, il avait pris la (très) mauvaise habitude d’appeler des policiers à la rescousse, en prétextant généralement une panne informatique dans ses locaux. Ses "proies", persuadées d’avoir au bout du fil un véritable fonctionnaire, fouillaient alors dans les fichiers de leurs ordinateurs pour donner un coup de main, et lui livraient dans le détail les antécédents judiciaires de certains « people », notamment des célébrités de la télé-réalité.
Des informations sur des people extorquées et publiées sur YouTube
Le suspect, déjà connu de la justice pour des faits similaires, enregistrait toutes les conversations, et les publiait ensuite sur internet, en toute illégalité bien sûr. Sa chaîne Youtube baptisée "spoofVOIP" - pour "Voice over Internet Protocol", autrement dit la transmission de la voix par internet - a depuis été retirée de la toile. Une cinquantaine de personnalités ont ainsi été victimes de l’usurpateur.
Le policier bidon trompait d’autant plus facilement son monde qu’il utilisait l’imparable technique dite du "spoofing" : il était techniquement capable de faire apparaître sur le combiné de ses interlocuteurs le vrai numéro du commissariat de son choix, peu importe où en France. Près de 80 commissariats se sont fait berner, tous convaincus au départ d’avoir simplement donné un coup de main confraternel. "C’est un des enseignements de cette affaire, reconnaît un bon connaisseur du dossier. Les policiers ont fait confiance trop rapidement, sous prétexte que leur interlocuteur utilisait l’alphabet radio de la profession, Alpha, Bravo, Charlie… Il faut être plus méfiant à l’avenir, et ne pas hésiter à passer un contre-appel par exemple."
En garde à vue face aux limiers de la BRDP et de la BL2C de la PJ parisienne pour "usurpation d’identité" et pour la divulgation d’informations théoriquement protégées, le suspect a fini par reconnaître les faits, quelque peu laborieusement. Il a également avoué avoir été rémunéré pour ses services. Il touchait ainsi, selon ses dires, 300 euros quand des gens le contactaient dans le but, grâce ses canulars, d’obtenir l’historique judiciaire de certaines personnalités.
Déféré devant un magistrat du parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis) ce jeudi, le suspect pourrait être mis en examen dans la foulée par un juge d’instruction.
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