D’après nos informations, deux hommes ont été interpellés jeudi matin par la PJ parisienne, soupçonnés d’avoir dérobé ces dernières semaines 20 bolides surpuissants du constructeur italien.Les voitures étaient ensuite revendues aux voyous les plus offrants.
Ils étaient devenus le cauchemar de tous les heureux propriétaires de bolides Maserati. La hantise aussi du légendaire constructeur italien, bien incapable de mettre fin à cette série noire de vols de ses prestigieux "bébés" à 4 roues. Après des mois de traque, la Brigade de répression du banditisme (BRB) de la police judiciaire a arrêté cette semaine deux hommes, soupçonnés d’avoir volé vingt luxueux véhicules, avec une facilité déconcertante.
La BRB s’est mise sur la piste de cette équipe de voyous au printemps dernier. Les "limiers" de la brigade ont à l’époque vent d’une première série de vols de voitures Maserati. Les fichiers sont formels : en quinze jours seulement, à Paris et à Versailles (Yvelines), quatre voitures ont été dérobées. Des modèles onéreux – les Maserati "Ghibli" et "Levante" peuvent dépasser les 170.000 euros l’unité en prix catalogue – qui se volatilisent très peu en temps normal : les forces de l’ordre recensent seulement une quinzaine de vols par an, tout au plus, à travers la France.
L'œuvre de spécialistes
D’autres vols remontent vite aux oreilles des enquêteurs : très chics 16e et 7e arrondissements de la capitale, Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), Versailles… Le mode opératoire semble chaque fois similaire. Les suspects parviennent visiblement à s’introduire dans les Maserati à l’aide d’un petit boîtier électronique, sans jamais déclencher l’alarme du véhicule, sans jamais attirer non plus l’attention d’éventuels riverains trop curieux. Démarrer le moteur était alors un jeu d’enfants pour ces "pros", qui n’avaient plus qu’à s’enfuir tranquillement au volant de leur nouveau jouet.
Grâce à un important travail de téléphonie et de surveillance, les policiers de la BRB vont finir par identifier un petit groupe d’hommes, dont le vol d’automobiles semble être le cœur de métier. Deux d’entre eux intéressent particulièrement la PJ, car considérés comme étant les têtes du réseau. Au fil des investigations, ce sont au total vingt bolides qui sont recensés avoir été dérobés. Montant total du préjudice : 1,6 million d’euros.
Des véhicules rachetés en espèces
D’après l’enquête, les véhicules ne restaient pas bien longtemps entre les mains du commando. Les suspects les revendaient à leurs contacts, tous capables de payer ces Maserati rubis sur ongle, évidemment en espèces. Ces repreneurs étaient tous très peu regardants sur la provenance des modèles, et rarement intéressés par une facture ou une garantie. Parmi ces sulfureux acheteurs, des membres de la criminalité organisée française, généralement très friande de ce type de voitures...
Les deux chefs présumés de l’équipe, âgés de 24 et 28 ans et déjà connus des services, ont été interpellés les 2 et 3 octobre dernier, dans les Hauts-de-Seine. En garde à vue, tous les deux ont alterné entre phases de mutisme et d’amnésie. Dans de rares et laborieuses réponses, ils ont clamé leur innocence, jurant n’avoir aucun lien avec les faits reprochés.
Des cris d’innocence qui ont visiblement peu ému le juge d’instruction parisien chargé du dossier. Les deux hommes ont été mis en examen ce jeudi 6 octobre pour "vol en bande organisée", et dorment désormais sous les verrous.