TÉMOIGNAGE - Doria Chouviat, épouse de Cédric Chouviat, livreur mort à Paris le 5 janvier dernier deux jours après son interpellation a réagi ce mardi sur LCI aux annonces de Christophe Castaner. Elle a réclamé une nouvelle fois l'interdiction de la technique du plaquage ventral.
Sa parole est forte. Et, malgré l'émotion encore perceptible, sa voix n'hésite pas. Doria Chouviat était l'invitée d'Audrey&Co ce mardi matin sur LCI. La veuve de Cédric Chouviat, ce livreur de 42 ans décédé 2 jours après un contrôle routier à Paris, a réagi aux annonces de Christophe Castaner faites la veille au sujet des violences dans la police et notamment l'interdiction de la technique dite de "l'étranglement". Une réaction où le "soulagement" se mêle aux regrets.
"C'est un grand gâchis comme je le dis toujours. Ca n'aurait pas dû arriver, commente Doria Chouviat très éprouvée. Aujourd'hui, quand on regarde l'actualité, on est soulagé du fait que d'une certaine manière, ces violences ont été reconnues. Fut un temps, le gouvernement était dans le déni. Je reste optimiste pour la suite. La clé d'étranglement a été interdite. C'est une bonne chose, c'est un soulagement. Je félicite le ministre d'avoir pris cette décision par contre je ne comprends pas pourquoi il n'en a pas fait autant pour le plaquage ventral. Ces deux techniques sont aussi dangereuses l'une que l'autre".
Il y a cinq mois, Doria Chouviat, mère de cinq enfants perdait son mari, Cédric Chouviat. Ce livreur de 42 ans se trouvait ce 3 janvier 2020 sur son deux-roues motorisés sur le quai Branly à Paris, téléphone à l'oreille. La police procède alors à son contrôle routier mais la situation dégénère. Quatre policiers encadrent Cédric Chouviat et le plaquent au sol pour l'interpeller. Le quadragénaire décèdera deux jours plus tard, à l'hôpital des suites d'une asphyxie. Les médecins constateront également une fracture du larynx.
Pour Doria Chouviat, son mari a eu "droit aux deux techniques : l'étranglement et le plaquage ventral". "Bannir le plaquage ventral, ça sauvera des vies", assure-t-elle.

Encore sous le choc, la jeune femme poursuit : "J'ai la haine, je suis dépitée, je suis dégoûtée. Je me dis: 'Quel gâchis, quel dommage'. Maintenant qu'il est lancé (Christophe Castaner ndlr), qu'il a reconnu tous ces problèmes. Je me dis pourquoi ne pas aller jusqu'au bout? Maintenant qu'il a admis, qu'il a reconnu que la violence policière existait, qu'il y avait des contrôles qui dérapaient et que ça ne devait pas arriver, qu'il y avait des bavures. Maintenant qu'il a reconnu tous ces problèmes, il faut qu'il agisse. Qu'il agisse pour sauver des vies parce que les dérapages sont trop vite arrivés et les conséquences sont irréparables."

"Quand on voit des contrôles de police, ça nous fait peur"
Lundi, Christophe Castaner avait insisté au cours de sa conférence de presse sur le fait que le plaquage ventral n'était pas une technique enseignée. "Le plaquage ventral qui implique l'étranglement est arrêté, mais j'ai préféré rester sur des techniques qui sont enseignées dans la police et la gendarmerie et pas sur du commentaire. Mais nous aboutissons au même résultat. Celui qui interpelle une personne pour la menotter, il faut la coucher au sol", a souligné le patron de la place Beauvau face aux journalistes.
Laisser les policiers ou les gendarmes le moins longtemps possible sur une personne allongée au sol pour la menotter suffirait-il à éviter tout éventuel drame comme l'affirment Laurent Nuñez et Christophe Castaner. "Non je pense que cela ne suffit pas. Les risques sont trop élevés, la vie c'est trop sacrée; Les conséquences sont trop lourdes… Moi quand je regarde mes enfants aujourd'hui, je me dis que leur vie a complètement basculé. Quand on voit ce qui arrive suite à un contrôle banal et à ces comportements, on ne peut pas l'accepter."
"Si on doit encore se manifester, si on doit encore venir sur des plateaux télés, pour le dire et le crier haut et fort, je serai toujours présente pour le faire. Autant faire les choses bien jusqu'au bout. Je demande que l'on bannisse la technique du plaquage ventral. C'est une belle petite victoire mais insuffisante à ce jour".
Aux syndicats de police qui dénoncent cette interdiction, la veuve de Cédric Chouviat répond être certaine que des "experts et des spécialistes vont leur apporter des solutions". "C'est une question de bonne volonté et de prise de conscience. Ce sont des gardiens de la paix et leur priorité est de protéger le citoyen et de ne pas le mettre en danger", estime-t-elle. "Aujourd'hui, quand on voit des contrôles de police ça nous fait peur. Ca n'est pas normal qu'on en arrive là".

Les policiers ni entendus par les juges ni suspendus
Au-delà du bannissement du plaquage ventral, Doria Chouviat mène aujourd'hui encore un autre combat. Cinq mois après la mort de son mari, les policiers qui l'ont interpellé n'ont toujours pas été entendus par les juges et n'ont pas été suspendus de leur fonction. "C'est inacceptable. C'est tellement logique qu'ils sont impliqués… Mon mari n'est pas sorti de la maison avec une fracture du larynx, rappelle-t-elle. Les faits sont plus qu'avérés. Les vidéos parlent d'elles-mêmes".
Doria Chouviat dit souvent penser aux familles d'autres victimes de "violences policières". "Dans notre malheur, je me dis que nous avons eu tout de même un peu de chance (le fait que la scène ait été filmée ndlr). Cette chance il faut l'exploiter et il faut que ces policiers soient suspendus. Ce n'est pas tolérable de savoir qu'ils peuvent avoir l'opportunité de commettre le même crime. Pour moi, ce sont des criminels. Ils sont dangereux. Ils ne méritent pas de faire partie de la police".

Castaner dit "manquer d'éléments"
Si pour Doria Chouviat, les faits sont avérés. Christophe Castaner dit, lui, manquer d'éléments. "Le procureur ne m'a pas pour le moment communiqué d'éléments qui mettent en cause spécifiquement les agents. Ca ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu de faute. Je veux que les choses soient claires. Mais comme responsable, ça n'est pas la vindicte, ça n'est pas le commentaire, ça n'est pas Twitter.qui doivent conduire une décision, c'est celle d'éléments factuels".
Conseillée par Me Arié Alimi notamment, Doria Chouviat rappelle que le procureur est tenu au secret de l'instruction et qu'il ne peut ni ne doit communiquer d'éléments à un ministre. "Dans le doute, il aurait dû suspendre ces fonctionnaires".
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