Dupond-Moretti promet que les "terroristes qui sortiront de prison" ne seront pas sans surveillance

Publié le 13 novembre 2020 à 10h13, mis à jour le 13 novembre 2020 à 10h25

Source : TF1 Info

INTERVIEW - Invité politique vendredi 13 novembre 2020, le ministre de la Justice a assuré que, malgré la censure constitutionnelle du projet de loi sur la surveillance des condamnés pour terrorisme, ceux-ci seraient toujours suivis.

"Neuf condamnés pour terrorisme vont sortir d’ici la fin de l’année". Invité de LCI vendredi 13 novembre, cinq ans après les attentats, le garde des Sceaux Eric Dupont-Moretti a fait le compte de ces détenus dont la situation, après leur libération prochaine, pose question. "Ils ne seront pas laissés une minute sans surveillance, il faut que les Français le sachent", ajoute-t-il, parlant d'une double surveillance "judiciaire et policière". 

Et ce, malgré le fait que le projet de loi portant sur les mesures de sûreté concernant ces personnes a été censuré par le Conseil constitutionnel, en août 2020. Un accroc balayé par l'ancienne star des barreaux, qui assure que le gouvernement travaille "à reprendre un nouveau projet de loi [...] L'autre idée, c'est d'améliorer les mesures administratives de sécurité." 

504 individus condamnés pour terrorisme

Au-delà des détenus condamnés pour terrorisme, Eric Dupond-Moretti a rappelé qu'il existait des dispositifs de surveillance pour lutter contre la radicalisation des détenus condamnés pour d'autres faits. "Il y a un certain nombre de gens qui se radicalisent, mais ceux-là sont aussi dans le spectre de la surveillance. Nous avons 170 personnels de la pénitentiaire exclusivement affectés au renseignement." 

Très précisément, il y a actuellement "64 détenus, condamnés pour terrorisme, signalés comme ayant été identifiés [...] qui vont sortir en 2021. 21 détenus condamnés pour des faits de droit commun dont on estime qu'ils sont radicalisés vont sortir et vont être surveillés de façon attentive. Dans les chiffres globaux, il y a 504 individus condamnés pour terrorisme, et 572 individus condamnés pour des faits de droit commun dont on pense qu'ils sont radicalisés. Naturellement, ils sont suivis et suivis de près." 

Un "Guantanamo à la française" serait "un cluster de radicalisation" pour Dupond-Moretti

Du côté de l'opposition, certains multiplient les propositions pour lutter contre le terrorisme, considérant qu'en temps d'exception, il faut des lois d'exception. Au lendemain de l'attentat en la basilique Notre-Dame de Nice, ayant fait trois morts, Eric Ciotti, député (LR) des Alpes-Maritimes, a par exemple demandé un "Guantanamo à la française pour les plus dangereux". 

En guise de réponse, le garde des Sceaux déplore que ce soit "les mêmes qui vous disent, lorsqu'il s'agit de voter l'application Stop-Covid qu'elle est liberticide" : "C'est de l'incohérence totale", fustige-t-il. "Ce sont ceux qui arrivent à la dernière minute et qui ont toutes les solutions clés en main. Dois-je rappeler que tous les pouvoirs ont connu le terrorisme ?

Quant à la suggestion d'un "Guantanamo à la française", c'est un "cluster de radicalisation" pour le ministre. "Pour les faits les plus graves, même pour les assassinats, la rétention de sûreté s'applique", ajoute-t-il. Quant à la "législation de guerre" à laquelle en appellent certains, il la regarde avec une certaine méfiance : "J'ai envie de sévérité, mais dans le cadre de l'État de droit, rappelle-t-il. Les lois de guerre, ce n'est pas la guerre sans loi. [...] Je ne veux pas qu'on traite les terroristes comme ils nous traitent".


La rédaction de TF1info

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