Vols, violences et fraudes autour du Stade de France : "Jamais les policiers n'avaient vu un tel chaos"

Publié le 30 mai 2022 à 17h19, mis à jour le 30 mai 2022 à 23h31

Source : JT 20h Semaine

De nombreux supporters ont été dépouillés samedi 28 mai aux abords du Stade de France.
Des dizaines de malfaiteurs ont profité de la foule, et de l'état d'ébriété de certains, pour leur voler leurs biens.
Grégory Goupil, du syndicat Alliance, revient pour TF1info sur la terrible soirée avant et après le match Liverpool-Real.

Une image écornée de la France, des vidéos montrant des violences, des vols ou des fraudeurs, devenues virales, des critiques dans la presse française et étrangère sur la gestion de cette soirée, des supporters choqués, un coup d'envoi plus de 30 minutes après l'horaire annoncé. Deux jours après le match Liverpool-Real, les autorités doivent répondre de nombreux incidents survenus samedi 28 mai autour du Stade de France, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).

L'événement qui devait être festif a viré au fiasco. Et parmi les nombreux délits commis, des vols par ruse ou des violences à l'encontre de dizaines de supporters. "Nous avons des policiers qui sont en BAC (brigade anticriminalité, ndlr) locale ou départementale depuis 15 à 20 ans, ils n'ont jamais vu ça, un tel chaos. Il y avait un vol avec violence ou par ruse toutes les deux minutes", explique Grégory Goupil, secrétaire général du syndicat policier Alliance 93, à TF1info.

Plusieurs policiers du syndicat présents sur place, samedi soir, ont décrit la situation à leurs supérieurs. Selon eux, les supporters étrangers étaient pris pour cible. "Beaucoup de supporters anglais et espagnols avaient retiré, et/ou changé pour les Britanniques, des sommes importantes d'argent pour avoir du cash pour la soirée. Par ailleurs, de très nombreux supporters sont venus très alcoolisés, les rendant évidemment moins vigilants - et pour certains plus vulnérables -, ce qui n'a pas échappé à certains. La foule a également profité aux malfaiteurs, qui ont pu souvent plus facilement commettre des délits et prendre la fuite en se fondant après dans la masse. On avait là un cocktail qui a permis aux voleurs à la tire de 'travailler' un maximum", insiste Grégory Goupil. 

Les fonctionnaires sur place ont donc assisté à des scènes de vols répétées et sans précédent, sans presque pouvoir intervenir tant elles étaient multiples. "Les collègues nous ont dit qu'ils n'avaient jamais vu autant de mineurs isolés, essentiellement des Nord-africains, regroupés et hyperactifs. La délinquance locale était aussi présente, mais ça n'était pas dominant du tout, selon eux. Une chose est sûre, les pickpockets sont venus en nombre pour voler du cash, des portefeuilles ou des téléphones, parfois même à des malvoyants ou des personnes en fauteuils roulants. Selon eux, il y avait tellement de vols en flagrant délit qu'ils ne pouvaient pas interpeller tout le monde. Ils ont donc récupéré et restitué les téléphones quand ils le pouvaient. Ils ont même vu un aveugle et un homme en fauteuil roulant se faire voler des biens personnels."

La grande majorité des gardes à vue classées sans suite

Contacté par TF1info, le parquet de Bobigny indique ce lundi que 48 gardes à vue ont été prises sur son ressort, samedi soir, et qu'un nombre significatif de gardes à vue concernait des mineurs. "La grande majorité ont été classées sans suite - auteur inconnu ou procédure irrégulière- et aucune garde à vue de mineurs n'a donné lieu à déferrement. Une grande majorité des gardes à vue ont été levées, ajoute le parquet. Quinze gardes à vue de majeurs ont fait l'objet de prolongations, pour des décisions d'action publique à intervenir dans la journée."

Le parquet de Bobigny précise par ailleurs "qu'il y a eu un nombre important de plaintes contre X pour des vols, des vols à l'arraché, voire avec violence" et qu'"aucune garde à vue n'est intervenue pour des faits liés à des intrusions ou des faux billets d’entrée au match."

"Les policiers ont été débordés", admet Grégory Goupil. Avant d'ajouter : "Le problème est aussi la réponse pénale qui est apportée". Le secrétaire général du syndicat policier Alliance 93 rappelle que présenter un mineur à un officier de police judiciaire prend plus de deux heures. "Combien de vols à l'arraché, avec violence ou par ruse pendant tout ce temps pour, au final, avoir quoi ? Un rappel à la loi et une remise en liberté pour le mineur." Selon lui, "si à chaque personne interpellée il y avait eu une réponse pénale adaptée, ce genre de débordements auraient peut-être été évités."


Aurélie SARROT

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