INTERVIEW - Interrogé par Le Parisien sur ce qu'il attendait de la France, l'ancien patron de l'Alliance Renault-Nissan accusé de malversations financières, et exfiltré au Liban après avoir été arrêté au Japon, a répondu qu'il n'était "pas naïf...".
"Il y a un obstacle technique." L'ex patron de l'Alliance Renault-Nissan, Carlos Ghosn, a livré des précisions ce lundi dans une interview au Parisien, concernant son audition par la justice française, qui selon le quotidien, devait avoir lieu le 13 juillet à Nanterre.
"Mes avocats discutaient avec le juge d'instruction des conditions de cette audition depuis des semaines", a assuré l'ancien magnat de l'automobile accusé de malversations financières, et arrêté au Japon en novembre 2018 avant de rejoindre le Liban fin 2019 via la Turquie lors d'une opération d'exfiltration.
Et de poursuivre : "Mon passeport est entre les mains du procureur général au Liban, car le Japon a émis un mandat d'arrêt international me concernant. Je souhaite aussi avoir la certitude que ma sécurité est assurée et que l'on me garantit une liberté de circulation".
"Personne ne peut m'assurer que le voyage sera sans interruption"
"Personne ne peut m'assurer que le voyage sera sans interruption, sans accident", a encore expliqué Carlos Ghosn, précisant que pour se rendre en France il doit "traverser d'autres pays". Et d'assurer : "le juge pourrait par exemple me faire interroger à Beyrouth où je suis prêt à répondre à toutes ses questions".
Début juillet, un tribunal d'Istanbul a commencé à juger sept ressortissants turcs accusés d'avoir aidé dans sa fuite l'ancien patron qui était en liberté sous caution, avec interdiction de quitter le Japon, quand il a été exfiltré de l'archipel lors d'une évasion spectaculaire le soir du 29 décembre 2019. Selon l'acte d'accusation, il était dissimulé pendant le trajet dans un volumineux caisson pour instrument de musique dans lequel des trous avaient été percés afin de permettre au fugitif de respirer.
Une fois au Liban, il s'est posé en victime d'un "coup monté" et a assuré ne pas avoir eu "d'autres choix" que de fuir une justice "partiale".
"Je n'ai pas les connexions habituelles du patronat français"
Interrogé par Le Parisien sur ce qu'il attendait de la France, Carlos Ghosn a répondu qu'il n'était "pas naïf...". "Je n'ai pas fait l'ENA, je n'ai pas les connexions habituelles du patronat français, je n'appartiens pas à l'establishment. Le microcosme ne me considérait pas à juste titre comme faisant partie des siens", a-t-il détaillé.
S'agissant de son bilan contesté à la tête de l'alliance Renault-Nissan, il s'en est dit "fier". Et d'interroger : "J'aimerais que l'on m'explique, si j'étais mauvais, pourquoi on a renouvelé mon contrat en juin 2018, soit quelques mois seulement avant mon arrestation au Japon? Le Conseil d'administration où siègent deux représentants de l'Etat m'a demandé dans son ensemble de rester quatre ans de plus. Ils connaissaient tout de moi : ma stratégie, mon management, ma personnalité. Cela fait tout de même 17 ans que je suis à la tête de Nissan, treize ans de Renault, trois ans chez Mitsubishi. Si j'avais été un 'fou des volumes' (de production, ndlr), on s'en serait aperçu, non?".
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