Mort d'Adama Traoré : un complément d'expertise médicale ordonné par la justice

MM avec AFP
Publié le 17 juillet 2021 à 11h19
Mort d'Adama Traoré : un complément d'expertise médicale ordonné par la justice
Source : Kenzo TRIBOUILLARD / AFP

SUITES JUDICIAIRES - Le 30 juin dernier, les juges d'instruction ont ordonné un complément d'expertise médicale aux médecins belges qui avaient rendu un rapport en janvier, apprend-on ce samedi. Ils avaient conclu que la mort d'Adama Traoré, en juillet 2016, était due à un "coup de chaleur". Une manifestation était prévue samedi après-midi, cinq ans après la mort du jeune homme.

Presque cinq ans jour pour jour après la mort d'Adama Traoré, le 19 juillet 2016, une nouvelle étape judiciaire : les juges d'instruction chargés de l'affaire ont ordonné un complément d'expertise médicale, les enquêteurs ayant recueilli de nouveaux témoignages et éléments médicaux, a appris l'AFP de source proche du dossier, ce samedi 17 juillet.

Ce complément a été demandé le 30 juin aux quatre médecins belges qui avaient rendu en janvier un nouveau rapport, censé trancher la bataille d'expertises contradictoires au cœur de ce dossier érigé en symbole de la dénonciation des violences policières. Ces experts avaient conclu que la mort d'Adama Traoré, le 19 juillet 2016 dans la caserne de Persan (Val-d'Oise), avait été causée, en ce jour de canicule, par un "coup de chaleur" qui n'aurait toutefois "probablement" pas été mortel sans son interpellation sous le poids des trois gendarmes.

Depuis, les enquêteurs ont enfin pu interroger en mars un témoin direct, l'homme qui avait aidé Adama Traoré à s'échapper après une première interpellation. "Adama était essoufflé (…) Je n'ai pas l'habitude de le voir essoufflé, mais c'est vrai que là quand je suis intervenu, j'ai été un peu surpris de le voir fatigué", a déclaré cet homme, qui le connaissait depuis l'enfance.

"C'est comme si son corps ne réagissait pas (...) Pour moi, il était dans un état qui n'est pas habituel, il ne parlait pas", a raconté ce témoin. Cet homme a ajouté qu'Adama Traoré était reparti "en marchant", ce qu'a confirmé un employé de la mairie, témoin de la scène. Le gendarme, qui s'était foulé la cheville dans la bagarre avec les deux hommes, ne l'avait pas poursuivi.

Les enquêteurs ont par ailleurs saisi le dossier médical d'Adama Traoré à la médecine du travail, réalisé lors de son embauche par une association d'insertion en 2014. Placé sous scellés et transmis aux experts, il n'a pas à ce stade été communiqué aux avocats, en raison du secret médical. Un arrêt de travail a également été retrouvé pour la période du 2 au 18 juin 2014, sans que le motif ne soit mentionné au dossier.

Une ancienne conseillère de Pôle emploi a par ailleurs rapporté aux enquêteurs avoir été informée de problèmes d’essoufflement d'Adama Traoré qui auraient justifié un changement d'affectation. Mais parmi la quinzaine d'ex-responsables ou ex-travailleurs de l'association auditionnés, aucun n'a confirmé cet élément.

Les experts doivent dire d'ici au 31 août si ces nouveaux éléments ont "vocation à modifier" leurs conclusions initiales, qui évoquait aussi le rôle joué, "dans une plus faible mesure", par une maladie génétique et une pathologie rare dont souffrait Adama Traoré.

Un rassemblement était prévu samedi après-midi pour les cinq ans de la mort d'Adama Traoré. 


MM avec AFP

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