Trois Kurdes ont été tués par balles et trois autres blessés vendredi à Paris.La piste du crime raciste est privilégiée par les enquêteurs.Le suspect a reconnu avoir une "haine pathologique" envers les étrangers.
La piste du mobile raciste est de plus en plus évidente. Depuis son arrestation jusqu'à la garde à vue, l'homme interpellé ce vendredi 25 décembre à Paris après avoir tué trois Kurdes par balles dans le centre de Paris n'a jamais cessé de clamer sa haine des étrangers. Raison pour laquelle, depuis l'attaque, la piste du crime raciste est privilégiée. Une enquête a donc été ouverte des chefs d'assassinats, tentatives d'assassinat, violences avec arme et infractions à la législation sur les armes, commis en raison de l'appartenance, vraie ou supposée, des victimes à une prétendue race, une ethnie, une nation ou une religion déterminée. On fait le point sur ce qu'a révélé l'enquête à l'heure actuelle.
Le déroulé des événements
Le suspect s'est d'abord rendu à Saint-Denis tôt vendredi matin "pour commettre des meurtres sur des personnes étrangères", selon la procureure. Faute de monde et ne pouvant recharger facilement son arme "en raison de sa tenue vestimentaire", il renonce à son projet. Il rentre chez ses parents, dans le centre de la capitale, puis se dirige à pied, rue d'Enghien, vers le centre culturel kurde Ahmet Kaya, dont il connaît la localisation.
Peu avant midi, il ouvre le feu sur trois personnes devant le centre. Un homme et une femme sont tués sur le coup. Le deuxième homme se réfugie dans le restaurant kurde situé en face avant de succomber. Le tireur se rend ensuite dans un salon de coiffure où il blesse trois autres hommes. Finalement maîtrisé et désarmé par l'une des victimes, il est ensuite menotté par la police puis placé en garde à vue.
Les forces de l'ordre ont retrouvé sur lui quatre chargeurs contenant au total 14 munitions, une boîte de 25 munitions, et une sacoche contenant un gant. L'arme utilisée, acquise il y a quatre ans auprès d'un membre de son club de tir aujourd'hui décédé, est un "Colt 45 de 1911" de l'armée américaine "d'apparence usée", selon une source proche du dossier.
Le mobile raciste privilégié
Le matin des faits, ce retraité de 69 ans qui vit chez ses parents "n'a rien dit en partant", a déclaré le père du suspect, âgé de 90 ans, le décrivant comme "taiseux" et "renfermé". Le tireur a été plus bavard avec les policiers qui l'ont interpellé vendredi, à qui il a déclaré avoir agi parce qu'il était "raciste", selon une source proche du dossier. En garde à vue, le suspect a reconnu avoir une "haine des étrangers pathologique" et voulait "assassiner des migrants" à Saint-Denis avant de se suicider, a précisé ce dimanche la procureure de Paris, Laure Beccuau.
Une obsession que corroborent les témoignages de son entourage et ses antécédents judiciaires. Ils ont expliqué son "changement radical de comportement" après avoir été victime d'un cambriolage en 2016, a expliqué la procureure de Paris. La justice l'a condamné en juin dernier à un an de prison pour avoir grièvement blessé au couteau les cambrioleurs. Il a fait appel. "J'ai toujours eu envie d'assassiner des migrants, des étrangers, depuis ce cambriolage", a déclaré le suspect en garde à vue. En 2021, il avait ainsi été incarcéré après avoir blessé avec un sabre deux migrants et lacéré plusieurs tentes d'un campement à Paris. Il a été remis en liberté le 12 décembre sous contrôle judiciaire, conformément à la loi.
Toutefois, pour l'heure, rien ne laisse penser qu'il ferait partie d'un réseau d'extrême droite. La perquisition et l'exploitation d'un ordinateur et d'un téléphone n'ont pas révélé "un quelconque lien avec une idéologie extrémiste", a souligné la procureure. Par ailleurs, il était inconnu des fichiers du renseignement territorial et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), avait indiqué vendredi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, précisant également que le suspect n'était pas fiché à l'ultradroite.
La garde à vue a été levée samedi en raison de l'état de santé du suspect, conduit à l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police. "Il est cinglé. Il est fou", avait confié le père du tireur la veille.
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