PROCÈS - L'actuel maire de Draveil et ancien secrétaire d'Etat à la fonction publique Georges Tron et son ancienne adjointe à la Culture, Brigitte Gruel, seront jugés devant la cour d'assises de Seine-Saint-Denis pour viols et agressions sexuelles en réunion sur deux anciennes employées, Eva Loubrieu et Virginie Faux.
Sur le papier, l’histoire a d’abord pu prêter à sourire. Celle d’un homme politique qui serait obsédé par les pieds. Une obsession si grande qu’elle l’aurait faite trébucher juste après avoir gravi les plus hautes marches du pouvoir. En 2011, Georges Tron démissionnait du gouvernement Fillon. Mais entre les lignes, on peut aussi y lire l’histoire de deux femmes, dépeintes par le passé comme "fragiles", et qui se dressent aujourd'hui contre un puissant. Tel un écho à l'affaire Weinstein. Dans un contexte de libération de la parole, nul doute que le procès qui s’ouvre mardi devant la cour d’assises de Seine-Saint-Denis sera scruté, médiatisé, commenté. L'ancien secrétaire d'Etat à la fonction publique et actuel maire de Draveil ainsi que son ex-adjointe à la culture, Brigitte Gruel, devront répondre de viols et d’agressions sexuelles en réunion sur deux anciennes employées, Eva Loubrieu et Virginie Faux.
La parole de ces deux femmes s'est libérée bien avant tout ça. Nous sommes en plein "scandale DSK" lorsque les plaintes des deux jeunes femmes visant l’édile et sa collaboratrice sont déposées. "On nous a reproché d'avoir vogué sur l'affaire du Sofitel, mais ma décision avait été prise avant", commente Eva Loubrieu dans un entretien accordé au Journal du Dimanche. En 2006, elle a 32 ans lorsqu’elle se présente à la permanence parlementaire de Georges Tron. Elle cherche un emploi et veut ouvrir un atelier pour y enseigner la dorure. Au cours d’un repas avec l’élu adepte de réflexologie, il lui aurait fait du pied avant de remonter le long de sa jambe. Eva Loubrieu est "tétanisée" mais a besoin d’un travail et se persuade qu’"il n’y a pas mort d’homme". De 2007 à 2009, elle est convoquée à de nombreuses reprises dans le bureau du maire en présence de celle qu’elle décrit comme la maîtresse, Brigitte Gruel. Derrière la porte capitonnée fermée à clé, la jeune femme relate aux enquêteurs "une sorte de rituel" sur fond de consommation d’alcool comme si on voulait "anesthésier son esprit".
"Un mode opératoire basé sur la contrainte"
"Contrairement à ce que l'on en a retenu, ce n'est pas une simple affaire de tripotage de pied. Ma cliente évoque des scènes où elle se transforme en poupée de chiffon et durant lesquelles Georges Tron et Brigitte Gruel abusent d'elle et la traitent comme un véritable objet", estime son avocat Me Braun. Une fois par mois, assure-t-elle, "le scénario classique et pervers du maire" se répétait. Virginie Faux, embauchée en 2008 à la mairie de Draveil, dénonce sensiblement des scènes similaires, ce que les magistrats qui ont renvoyé les deux accusés devant une juridiction criminelle dépeindront comme un "mode opératoire basé sur la contrainte" sous couvert de massages, "prélude à des actes à caractère sexuel".
Au commencement, le pied. Un pied que l’on saisit et que l'on caresse, puis des mains qui se posent et dégrafent un soutien-gorge avant de pénétrer. Une femme sidérée qui se tait, qui lave le corps souillé en frottant avec une brosse à ongles une fois rentrée chez elle, et qui se cache de ses enfants pour pleurer. Deux femmes mises au placard ou sous pression lorsque les choses s’enveniment et qui tombent en dépression et tentent de mettre fin à leurs jours. Le dossier d’accusation est lourd, fourni, alimenté aussi de plusieurs témoignages de collaboratrices, journalistes, femmes qui ont toutes évoqué l'obsession pour les pieds de l’ancien député et ses agissements à "caractère clairement sexuel".
Un non-lieu prononcé en 2013
La défense, qui sera notamment assurée par des ténors du barreau comme Eric Dupond-Moretti et qui n’ont pas souhaité s’exprimer avant le début des débats, devrait s’engouffrer dans les failles d’un dossier qui avait d’abord débouché sur un non-lieu. C’était en 2013, les juges d’instruction d'Evry estimaient que les charges n’étaient pas suffisantes. Georges Tron et Brigitte Gruel récusaient tout, jusqu’à la liaison extra-conjugale qu’ils auraient entretenue. Ils dénonçaient un complot politique ourdi par le FN, les plaignantes ayant notamment reçu le soutien des frères Jacques et Philippe Olivier, opposant notoire à l'édile pour le premier, beau-frère de Marine Le Pen pour le second.
La parole des victimes présumées étaient alors mises en doute ainsi que l'approximation de leurs récits. Dans les 150 pages de l’ordonnance rendue, les magistrats démontaient leurs allégations et allaient jusqu’à détailler leur sexualité. Ainsi était-il écrit que Virginie Faux avait à l’époque omis de mentionner aux enquêteurs une "relation adultère", "traduisant des difficultés dans sa vie conjugale" et jetant "le trouble sur l’ampleur du traumatisme qu’elle disait avoir subi". Eva Loubrieu était elle une "adepte du libertinage". "Les mœurs libres des deux plaignantes n’excluent pas des abus sexuels", avait répondu en écho la chambre de l’instruction de la cour d’appel qui avait renvoyé les deux accusés devant une cour d'assises, écartant au passage la thèse "d’un calcul politique" des plaignantes et mettant en avant "la stratégie de recrutement" du maire de Draveil "tournée vers des femmes fragilisées et redevables de leur emploi".
"Je vais me battre"
"On me soupçonne de m'entourer volontairement de femmes. Sur les 700 agents, 500 sont effectivement de sexe féminin. Elles sont majoritaires dans la fonction publique", se défend Georges Tron dans le JDD. "J'ai viré Mme Loubrieu pour détournement de fonds publics, plus de 5.000 euros en vin notamment. Je n'ai pas renouvelé le contrat de Mme Faux en raison de son comportement (...) Quelques jours après le deuxième viol allégué, elle a participé à une soirée en mairie, au cours de laquelle elle a saisi les parties génitales d'un de mes adjoints, s'est fortement alcoolisée puis a fini pieds nus dans la neige", poursuit l'ancien député qui promet de "se battre" et de tout "balancer" durant le procès.
L'affaire avait été dépaysée à la demande du parquet d'Evry faisant valoir que la "personnalité locale" de Georges Tron pouvait entacher la sérénité des débats. Ceux-ci ne devraient pas l'être beaucoup plus, chaque camp promettant d'ores et déjà de rendre coup sur coup. Paroles contre paroles. Les jurés ont deux semaines pour rendre leur verdict. Brigitte Gruel et Georges Tron encourent 20 ans de réclusion.
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