L'intégralité du procès des attentats de Charlie Hebdo, Montrouge et l'Hyper Cacher sera filmée

Publié le 9 juillet 2020 à 12h49, mis à jour le 9 juillet 2020 à 18h04

Source : JT 13h Semaine

JUSTICE – La cour d'appel de Paris a indiqué ce jeudi que les audiences du procès des attentats de Charlie Hebdo, de Montrouge et de l'Hyper Cacher survenus en janvier 2015 seraient filmées. Le procès doit se tenir du 2 septembre prochain au 10 novembre au tribunal judiciaire de Paris, porte de Clichy.

C'est une première en France en matière de terrorisme et un fait rare en justice. Le procès des attentats de Charlie Hebdo, de Montrouge et de l'Hyper Cacher, prévu initialement du 4 mai au 10 juillet 2020 et reporté du 2 septembre au 10 novembre en raison du coronavirus, sera intégralement filmé. 

C’est une ordonnance rendue le 30 juin 2020 par Jean-Michel Hayat, premier président de la cour d’appel de Paris, sur réquisition du Parquet national antiterroriste (Pnat), qui a autorisé cette captation.  "Ces attentats, dont le retentissement et l'émotion qu'ils ont engendré, ont largement dépassé les frontières, en raison des symboles visés: la liberté de la presse, l'Etat et ses représentants ainsi que la communauté juive. Une manifestation a par ailleurs rassemblé le 11 janvier 2015 plusieurs millions de personnes venues rappeler l'attachement citoyen aux valeurs de la République, ébranlées pas ces actes.  Ce procès présente de toute évidence un intérêt pour la constitution des archives historiques de la justice", peut-on lire dans l'ordonnance que LCI a consulté.

Un point fixe pour la salle

La captation sera réalisée d’un point fixe et pourra à tout moment être interrompue par le juge. "Il n'y aura pas de balayage de la salle et toutes les personnes, parties civiles en tout cas, qui ne souhaiteraient pas être filmées pourront très probablement en faire la demande", indique à LCI Me Samia Maktouf, avocate de  Lassana Bathily, "héros de l'Hyper Cacher" qui était parvenu à s'échapper de la chambre froide du magasin au cours de la prise d'otage et qui avait renseigné les policiers. 

La robe noire qui représente de nombreuses victimes dans les procès de terrorisme se réjouit de cette décision du premier président de la cour d'appel. "C'est fondamental que ce procès reste dans les esprits. Ces attentats ont bouleversé le monde, bien au-delà de nos frontières. Il faut que les générations futures se souviennent de ces événements dramatiques. Je fais partie de ceux qui regrette notamment que le procès d'Abdelkader Merah, frère de Mohamed Merah, n'ait pas été filmé. Dans les procès, il y a des mots forts, des propos parfois très violents, des émotions, des révélations même quelque fois, cela doit être gardé aux archives". 

"Pas à l'américaine"

Me Maktouf précise que les images ne seront pas diffusées pendant le procès. "Nous ne sommes pas aux Etats-Unis ou dans d'autres pays qui font cela. Les images du procès seront conservées pendant des années avant de pouvoir être montrées. Il n'y aura pas de direct comme l'ont sans doute imaginé certains", ajoute-t-elle.

Pour ces attentats de janvier 2015, quatorze suspects doivent comparaître devant une cour d'assises spéciale. Ils sont soupçonnés à des degrés divers de soutien logistique aux frères Kouachi et Amedy Coulibaly, auteurs des attaques qui ont visé, entre les 7 et le 9 janvier, la rédaction de Charlie Hebdo, une policière municipale à Montrouge et le supermarché parisien Hyper Cacher, faisant 17 morts. 

Amedy Coulibaly est mort au cours de l'assaut policier qui a mis fin à la prise d'otage de l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes. Les frères Kouachi, eux, été eux tués peu avant dans une imprimerie où ils s'étaient retranchés, à Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne).


La rédaction de TF1info

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