AFFAIRE BENALLA - La commission d'enquête du Sénat a demandé ce mercredi que des poursuites soient engagées pour "faux témoignage" contre Alexandre Benalla et Vincent Crase, pointant des "dysfonctionnements majeurs" au plus haut niveau de l'Etat. Des "dysfonctionnements majeurs" qui ont pu affecter "la sécurité du Président de la République".
Après des mois de travaux, 40 personnes entendues et 34 auditions, la commission d'enquête sénatoriale a présenté ce mercredi son rapport sur l'affaire Benalla. Un rapport qui pointe des "dysfonctionnements majeurs" au plus haut niveau de l'Etat. Il met également en cause les témoignages de trois hauts responsables de l'Elysée Patrick Strzoda, Alexis Kohler et le général Lionel Lavergne, les soupçonnant d'"omissions, incohérences" et "contradictions".
En outre, la commission d'enquête du Sénat demande d'en finir avec les "collaborateurs officieux" d'Emmanuel Macron. "Un "sérieux manque de précaution dans la prévention des conflits d'intérêts de certains collaborateurs", en référence au contrat russe est pointé et elle estime que "la sécurité du Président de la République a été affectée". Conséquence de quoi, elle demande au Bureau du Sénat de saisir la justice pour "faux témoignage" de la part d'Alexandre Benalla et de Vincent Crase, tous deux en détention provisoire depuis mardi.
Le "contrat russe" en cause
Pour les sénateurs, Alexandre Benalla et Vincent Crase sont soupçonnés d'avoir menti au sujet du contrat de sécurité privée pour le compte du Russie Iskander Makhmudov, alors que les révélations de Mediapart laissent supposer "l'implication de M. Alexandre Benalla dans la négociation dudit contrat alors que ce dernier était encore en fonction à l'Elysée".
Dans l'enregistrement sonore publié par le site d'information, les deux hommes évoquent les répercussions de leurs ennuis judiciaires sur la société de M. Crase, engagée dans un contrat de sécurité avec le milliardaire russe. Contrat qui fait aujourd'hui l'objet d'une enquête récente du parquet national financier. "La ramification de ces contrats jusqu'à Matignon, ne manque pas d'inquiéter quant au risque de vulnérabilité qu'ont fait courir jusqu'au plus hautes juridictions de l'Etat", a estimé Jean-Pierre Sueur.
Alexis Kohler, Lionel Lavergne et Patrick Strzoda mis en cause
Pour la commission d'enquête sénatoriale, Patrick Strzoda, directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, Alexis Kohler, secrétaire général de l'Elysée, et le général Lionel Lavergne, chef du Groupe de Sécurité de la Présidence de la République (GSPR), ont permis à la commission d'avoir "bénéficié d’utiles informations" de leur part mais elle a "également mis au jour dans leurs déclarations un certain nombre d’omissions, d’incohérences et de contradictions".
Ces trois hauts responsables "ont retenu une part significative de la vérité à la commission", notamment "sur le périmètre de la mission de sécurité exercée par Alexandre Benalla", juge la commission, qui demande au Bureau du Sénat "de saisir le ministère public", qui pourra "procéder aux investigations qu’il jugera opportunes afin de déterminer s’il y a lieu de donner des suites judiciaires à ces déclarations". Les sénateurs ont rappelé que "tout témoignage mensonger devant une commission d’enquête parlementaire est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75.000 euros d’amende".
Des dysfonctionnements "majeurs" de la part de l'exécutif
Dans ce rapport présenté devant la presse, le président de la commission, Philippe Bas ainsi que les deux co-rapporteurs, Muriel Jourda et Jean-Pierre Sueur, ont pointé des dysfonctionnements "majeurs" qui, selon eux, ont pu "affecter la sécurité du Président de la République" ainsi que les "intérêts du pays". La commission évoque notamment "des pouvoirs excessifs laissés à un collaborateur inexpérimenté" dans le domaine de la sécurité du président, et "un sérieux manque de précaution dans la prévention des conflits d'intérêts de certains collaborateurs", en référence au contrat négocié avec un oligarque russe par Alexandre Benalla et Vincent Crase.
Jean-Pierre Sueur a évoqué des "comportements étranges". "A l'opposé de la description faite par les collaborateurs de la Présidence, il est apparu que Mr Benalla avait exercé de fait, une fonction essentielle pour l'organisation de la sécurité du Président de la République", a déclaré le sénateur du Loiret. "Cette mission ne recouvrait pas uniquement des considérations à caractère logistique. Fort de la liberté d'action et de l'ambivalence de sa mission, il s'était arrogé un rôle central dans le fonctionnement des services de sécurité de la cinquième puissance du monde", a estimé Jean-Pierre Sueur.
La sécurité du chef de l'Etat en question
Dans les faits, selon la commission, Alexandre Benalla "exerçait une mission de protection du Président de la République, ce qui a été obstinément nié (...) surtout, le permis de port d'armes accordé en octobre 2017, le soutien appuyé de sa hiérarchie, accrédite l'idée que Benalla exerçait des missions de protection rapprochée. Il a reconnu avoir porté cette arme, en présence du Président de la République".
Jean-Pierre Sueur a noté que "de nombreuses erreurs ou anomalies, défaillances, ont été constatées", après avoir souligné que la sécurité du chef de l'Etat Emmanuel Macron "n'est pas une affaire personnelle; elle regarde tous les Français et doit être au niveau des meilleurs standards internationaux".
Les sénateurs ont également noté que "de nombreuses erreurs ou anomalies, défaillances, ont été constatées", après avoir souligné que la sécurité du chef de l'Etat Emmanuel Macron "n'est pas une affaire personnelle ; elle regarde tous les Français et doit être au niveau des meilleurs standards internationaux".
La commission demande la fin des collaborateurs "officieux" du Président de la République
La commission d'enquête sénatoriale demande également de "mettre fin à l'expérience des collaborateurs 'officieux' du président de la République". Elle suggère aussi de "conditionner le recrutement des collaborateurs" du président à "une enquête administrative préalable" pour "s'assurer de la compatibilité de leur comportement" avec leurs missions futures. Outre ce renforcement de la "transparence", la commission veut améliorer les garanties pour "un haut niveau de sécurité" du président et "renforcer les pouvoirs de contrôles du Parlement".
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