La journaliste Ariane Lavrilleux en garde à vue pour une enquête sur une opération française en Égypte

par C.Q
Publié le 20 septembre 2023 à 12h03, mis à jour le 20 septembre 2023 à 13h32

Source : Sujet TF1 Info

La journaliste du média Disclose Arianne Lavrilleux est placée en garde à vue depuis mardi 19 septembre par le renseignement intérieur.
Il lui est reproché d’avoir publié cinq enquêtes, notamment sur le détournement égyptien d'une opération antiterroriste de la France.

Une journaliste du média d’investigation Disclose a été placée en garde à vue le 19 septembre à l’hôtel de police de Marseille et son domicile a été perquisitionnée. Ariane Lavrilleux est mise en cause par la DGSI, le renseignement intérieur français, pour ses enquêtes menées sur les liens troubles entre la France et l’Égypte. Une source proche du dossier a confirmé à nos confrères de l'AFP qu'une juge d'instruction menait ces opérations "compte tenu de son statut de journaliste".

Cinq articles de Disclose dans le viseur

D’après les informations de Disclose, les enquêteurs de la DGSI reprochent à la journaliste d’avoir "signé 5 articles sur les ventes d’armes françaises à l’étranger" depuis 2019. Il s’agit notamment d’une enquête sur "l’opération Sirli" en Égypte, du nom d’une mission du renseignement français dans le pays débutée en 2016 au nom de la lutte antiterroriste et détournée par les Égyptiens à d’autres fins, comme viser des contrebandiers. 

Selon les documents obtenus par Disclose et classés "secret-défense", "les forces françaises auraient été impliquées dans au moins 19 bombardements contre des civils, entre 2016 et 2018" à la frontière égypto-libyenne. Le ministère français des Armées avait ensuite porté plainte pour "violation du secret de la Défense nationale". Une enquête préliminaire avait été ouverte en novembre 2021 et une juge d'instruction désignée à l'été 2022.

D’autres papiers d’Ariane Lavrilleux seraient dans le viseur de la DGSI, à propos de "la vente de 30 avions Rafale à l’Égypte", des "armes livrées à la Russie jusqu’en 2020", "la vente de 150.000 obus à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis (EAU)" et du "transfert d’armes illicite des EAU vers la Libye". Des enquêtes à retrouver sur le site de Disclose. 

Du soutien de RSF à Amnesty France

"Ces informations confidentielles sont d’intérêt général. Qu’importe si ces révélations sur les ventes d’armes de la France sont gênantes pour l’État français. Après 28 heures de garde vue, Ariane doit être libérée au plus vite. Sans aucune poursuite", a encore estimé le média d’investigation. Dans ce contexte, des organisations en faveur de la liberté de la presse ont exprimé leur inquiétude. Comme Reporters sans frontières (RSF), qui a dit craindre que "les démarches de la DGSI ne portent atteinte au secret des sources". 

De son côté, l’ONG Amnesty France a considéré "très préoccupant que le travail des journalistes enquêtant sur des sujets liés au domaine opaque de la défense fasse quasi systématiquement l’objet d’une enquête de la DGSI". Plusieurs syndicats de journalistes lui ont également apporté son soutien. C'est le cas de la SDJ de TF1, pour qui "à quelques jours du démarrage des États Généraux de l'Information, c'est un signal surprenant envoyé à la presse concernant le secret des sources et la liberté d'informer".


C.Q

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