PROCES - Après huit jours de procès à la cour d'assises spéciale de Paris, Tyler Vilus a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle. Le djihadiste français avait commis des crimes en Syrie entre 2013 et 2015.
Arrêté à l’été 2015, l'"émir" de Daech était le premier Français a être jugé pour des crimes commis "sur zone" en Syrie entre 2013 et 2015. Vndredi soir, Tyler Vilus a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle assortis d'une peine de sûreté des 2/3. ,
Le ministère public a réclamé la réclusion criminelle à perpétuité. L'avocat général, Guillaume Michelin a également demandé à la cour d'assises de Paris d'assortir cette peine de la période de sûreté maximale car l'accusé "n'a pas changé d'un iota". "Il vous revient de mettre un terme définitif à ce carnage", a-t-il requis.
Le trentenaire originaire de Troyes (Aube) été entendu pour appartenance à une entreprise terroriste, pour avoir dirigé un groupe de combattants et pour "meurtre aggravé". Finalement, la cour n'a pas prononcé de perpétuité "ce qu'il était possible de faire", la justice l'ayant jugé coupable de toutes les infractions, y compris sa participation à l'exécution de deux prisonniers, mais qu'elle avait voulu lui "laisser une lueur d'espoir" pour qu'il puisse "évoluer". Estimant que l'attitude de l'accusé n'avait guère été encourageante, le président Laurent Raviot a toutefois souligné qu'il avait "reconnu un élément très important" en finissant par avouer son intention de "mourir les armes à la main" lorsqu'il avait quitté la Syrie à l'été 2015.
"J'espère que vous laissez derrière vous ce rideau de morts"
Pour l'accusation, on assiste à un "cas exceptionnel" d'un "djihadiste intégral". Reconnu comme un "émir" du groupe État Islamique, le trentenaire y occupait un rôle importante à la fois "combattant", "recruteur" et membre de la police islamique de Shaddadi, dans l'est de la Syrie. Il réfute cette dernière casquette mais une vidéo le montre pourtant sur une scène d'exécution de prisonniers de 2015. Son nom figure aussi sur une liste des policiers de la ville.
Saluant le début d'un cheminement, le président de la cour a appelé le djihadiste à bien réaliser la façon différente "dont la justice est rendue dans une République comme la nôtre et la manière dont la justice a été rendue à Shaddadi en avril 2015". C'est dans cette ville de l'est de la Syrie que Tyler Vilus, devenu policier de l'EI, a participé à l'exécution filmée de deux prisonniers d'une balle dans la tête. Visage découvert, équipé d'un talkie-walkie et d'un pistolet automatique, Vilus se tient debout, à deux mètres des bourreaux.
Il a été jugé coupable de ce crime, qu'il n'a jamais reconnu, affirmant à l'audience qu'il se trouvait là un peu par hasard "à la sortie de la mosquée". Pour l'accusation, Tyler Vilus ne faisait là qu'exercer "sa fonction de policier": "Il fait partie de l'unité chargée d'infliger les châtiments, il est parfaitement logique qu'il soit sur une scène d'exécution". "J'espère que vous laissez derrière vous ce rideau de morts dont a parlé l'avocat général", lui a dit le président. "Je vous remercie", lui a répondu doucement Tyler Vilus, resté impassible à l'énoncé du verdict.