POLÉMIQUE - Le chef de l'État a été grimé en leader nazi sur deux grands panneaux publicitaires à Toulon. Une enquête a été ouverte pour "injure publique" contre la personne à l'origine de ces affiches.
Moustache carrée, raie sur le côté et brassard au bras. Sur deux grands panneaux, on pouvait apercevoir le président Emmanuel Macron en Adolf Hitler pour dénoncer la contrainte vaccinale anti-Covid. À côté du chef de l'État dans l'uniforme du leader nazi, on pouvait lire en lettres capitales : "Obéis, fais-toi vacciner." Le parquet de Toulon a ouvert mardi une enquête pour "injure publique" contre un afficheur varois qui est à l'origine de ces montages photo. "J'ai saisi la sûreté départementale du commissariat de Toulon dans le cadre d'une enquête préliminaire", a indiqué le procureur de Toulon Bernard Marchal précisant que la qualification retenue pourrait évoluer.
Sous quel motif peut-on parler d'une injure publique ? En effet, si l'ancien délit "d'offense au président de la République" a été abrogé en 2013 après un arrêt de la Cour européenne des droits de l'Homme condamnant la France, le chef de l'Etat est protégé de l'injure et de la diffamation publique comme tout citoyen ordinaire, même si les poursuites, parfois perçues comme une atteinte à la liberté d'expression, sont rarissimes.
Le message a été affiché ces derniers jours sur deux grands panneaux publicitaires de quatre mètres sur trois mètres situés sur une quatre voies à La-Seyne-sur-Mer et à l'entrée de Toulon où une personne choquée avait tagué le mot "Honte". Son auteur, Michel-Ange Flori, est un afficheur varois propriétaire de 400 panneaux entre Bandol et Hyères. Celui qui est engagé auprès des Gilets jaunes est un habitué des campagnes polémiques sur les deux panneaux qu'il s'est réservé pour commenter à sa façon l'actualité.
EXCLU - Le parquet de Toulon ouvre une enquête sur une affiche représentant Emmanuel Macron en Hitler ➡️ https://t.co/3Wbb4ZBtz8 pic.twitter.com/HA4hg912it — France Bleu (@francebleu) July 20, 2021
Des affiches pour "questionner" la démocratie
"Vous voyez Hitler, mais on peut y voir Staline, ou moi j'y vois Charlie Chaplin dans Le dictateur", a-t-il déclaré. Ces affiches visent à questionner "cette démocratie où les décisions sont prises sans discussion lors d'un conseil sanitaire", a-t-il expliqué.
Selon France Bleu Provence, Michel-Ange Flori a répondu sur son compte Facebook : "Les fossoyeurs de la liberté d’expression ne supportent pas que je me gausse de leur idole", tance-t-il. "La Honte, c’est eux", assure-t-il.
En 1999, sa première affiche au moment de l'affaire des paillotes en Corse titrée : "Corse : présumé coupable. Préfet : présumé innocent. Chevènement : l'innocence sélective", lui avait valu 36 heures de garde à vue. En 2019, la chaine BFMTV a obtenu sa condamnation pour une affiche titrée : "La police vous parle tous les jours sur BFMTV". À l'audience, l'afficheur avait plaidé "le droit à la parodie et à la liberté d'expression."
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Depuis l'annonce de l'extension du pass sanitaire, des mouvements de protestation ont émergé sur le territoire pour dénoncer cette pratique que certains jugent trop intrusives. Mais le chef de l'État n'est pas le seul à être visé. Depuis une semaine, des députés soutenant des mesures vaccinales du gouvernement et la mise en place du précieux sésame, ont reçu des menaces de morts. Le parquet de Paris a annoncé avoir ouvert mardi une enquête pour "menaces de morts à l’encontre de personnes investies d’un mandat public".