Le parquet a requis mardi deux ans de prison avec sursis probatoire à l'encontre de deux quadragénaires de Noyelles-sous-Lens, dans le Pas-de-Calais.Le couple était jugé pour des années de maltraitance sur huit de leurs dix enfants.Le délibéré sera rendu le 9 février.
Un couple "dépassé", violent au quotidien, mais voulant garder ses enfants : le parquet a requis, mardi 24 janvier, deux ans de prison avec sursis probatoire à l'encontre de deux quadragénaires de Noyelles-sous-Lens, jugés pour des années de maltraitances sur les huit plus jeunes enfants d'une fratrie de dix.
La procureure adjointe, Virginie Valton, a demandé à la cour d'assortir cette peine, avec sursis probatoire de deux ans, d'une obligation de soins, de justification d'une activité professionnelle, et de l'interdiction, "dans l'immédiat", d'entrer en contact avec les victimes. "Je ne contesterai pas (...) le droit pour ces enfants de dire que pour eux, c'était la maison de l'horreur", a lancé la magistrate, reprenant un qualificatif utilisé par certains médias. Mais les parents n'étaient pas "des sadiques". "On est dans l'entre-deux", "dans de la violence quotidienne, banalisée", a-t-elle dit.
"C'était dû à la fatigue, je n'en pouvais plus"
Christine B., et son époux, Marc R., comparaissaient libre pour "violences par ascendant" sur mineurs de moins de 15 ans, sans ITT (incapacité totale de travail), et "soustraction par un parent à ses obligations légales". Tous deux ont nié les violences physiques dénoncées par leurs enfants, mais reconnu certains gestes.
Christine B., 40 ans, visage émacié sous ses longs cheveux blonds, vêtue de noir, a ainsi estimé qu'elle ne pouvait faire autrement que d'attacher ses plus jeunes enfants sur des chaises hautes pendant plusieurs heures, notamment toute la nuit, à cause de leur hyperactivité. Elle a reconnu avoir serré les liens très forts pour les ligoter, et avoir dû les couper au ciseau quand les policiers sont intervenus, tellement ils étaient serrés. "C'était dû à la fatigue, je n'en pouvais plus, j'étais épuisée psychologiquement et mentalement."
Son époux Marc R., jean gris, baskets et pull noir, a avoué ne pas être parvenu à accepter l'homosexualité de l'un de ses fils. Il a reconnu des fessées mais pas d'autres formes de violence. "On était dépassés, avec tous les rendez-vous chez le médecin, les enfants qui ne dormaient pas, jouaient à la console toute la nuit. Ils nous provoquaient avec des 'ferme ta gueule'." "Je ne suis pas un père qui abandonne ses enfants, j'allais les chercher à l'école. Ça m'arrivait de faire la vaisselle. Mais on était tellement K.O. On n'arrivait plus à suivre", a-t-il ajouté.
Le père traitait ses enfants de "bâtards"et de "fils de pute"
L'un des aînés, Bryan, a lui évoqué "un père qui frappe", une mère violente et "soumise", malheureuse, vivotant à l'aide des allocations familiales. Il souhaite que le procès "donne du courage et de la force" à d'autres potentielles victimes, pour se signaler. Il avait appelé les services sociaux fin août 2022, déclenchant la saisie du parquet. Un frère et une sœur mineurs étaient avec lui à l'audience.
Au domicile familial, les policiers avaient découvert deux fillettes de deux et quatre ans attachées à leurs chaises hautes, à l'aide de sangles serrées, dans un état d'hygiène déplorable. Auditionnée, la fratrie racontera des années de maltraitances. Certains évoquent des "gifles, coups de poing". La plupart relatent des violences psychologiques et de graves négligences. Dents cariées, pathologies ou retards psychomoteurs mal pris en charge : les enfants sont "abandonnés à eux-mêmes", résume une avocate des parties civiles.
Le père "nous disait 'bâtard, fils de pute, je vais te niquer'. Toujours des insultes", a décrit l'un des adolescents. "Si tu fais des enfants, faut les assumer" sinon "tu les fais pas", a lancé, tête haute, sa sœur de 14 ans. Elle se dit heureuse d'être placée, affirme ne plus vouloir revoir ses parents.
Trois signalements depuis 2013
Le couple avait fait l'objet de trois signalements depuis 2013. En 2016, entendus par la police, le père et la mère avaient nié en bloc. L'aîné avait rétracté ses accusations et l'affaire avait été classée sans suite.
Au printemps 2022, les parents ont rencontré des assistantes sociales. Mais ils rangeaient leur maison avant chaque visite, dissimulant ce qui aurait pu les accabler. "J'avais peur qu'on me retire mes enfants. J'ai été enfant placée à l'âge de sept ans, je sais ce que c'est", s'est justifié la mère. "Comment les institutions ont-elles pu être si sourdes, aveugles ?", a pointé Véronique Boulay, avocate de l'association L'Enfant Bleu.
"On a balancé une famille en pâture", a regretté l'avocate de la mère, Charlotte Feutrie. Elle a demandé une sanction "proportionnée" pour des "parents carencés, en difficulté, qui n'ont pas appris à être parents".
La décision a été mise en délibéré au 9 février.
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