Meurtre d'Iris dans le Morbihan 

Meurtre d'Iris à Lanester : le procureur donne de nouveaux détails sur l'affaire

Publié le 12 juin 2023 à 17h35

Source : JT 20h Semaine

Le corps sans vie et dénudé d'Iris C. 23 ans, a été retrouvé le 27 mai dans le port de Lanester (Morbihan).
Ce week-end, un homme âgé de 49 ans, déjà condamné pour viol, a été mis en examen pour enlèvement, séquestration et meurtre.
Ce lundi, le procureur de la République de Lorient a donné des précisions sur cette triste affaire.

Onze jours après la découverte du corps sans vie d'Iris C., 23 ans, flottant dans le Blavet à Lanester (Morbihan) et après qu'un homme a été interpellé avant d'être remis en liberté sans poursuite, les enquêteurs ont procédé, jeudi 8 juin, à l'interpellation d'un deuxième individu. 

Face aux enquêteurs, cet homme âgé de 49 ans, marié, père d'un enfant et déjà condamné pour viol notamment, a d'abord nié les faits, avant d'en reconnaître une partie. Il a été mis en examen et placé en détention "pour enlèvement, séquestration et meurtre précédé ou accompagné de viol" de la jeune femme, qui aurait dû fêter ses 24 ans dans cinq jours. Stéphane Kellenberger, procureur de la République de Lorient, a donné des précisions sur le déroulé de la soirée du 26 au 27 mai et sur les suites que l'on connait dans cette triste affaire. 

Lésions traumatiques, strangulation, acte sexuel

Lors de sa découverte, le 27 mai au matin dans le port de Lanester, le corps d'Iris C. présentait "des stigmates de traumatisme notamment au niveau de la face et du cou". L'autopsie pratiquée par deux experts trois jours plus tard a apporté plusieurs éléments. Ainsi, ont été observés sur le corps de la victime :"des lésions traumatiques et des hématomes au niveau de la tête et du visage causés vraisemblablement par des objets contondant, des lésions de préhensions au niveau des bras, des traces de strangulations causées par un lien avec un mécanisme d'asphyxie majeure mais aussi un peu d'eau prélevée au niveau des poumons". Ces traces d'eau ont permis d'"envisager qu'elle respirait encore, au moins faiblement au moment de son immersion, révélant donc un possible mécanisme de suffocation et/ou de noyade", selon le procureur. 

L'examen médical a permis également "d'évoquer le caractère récent d'actes sexuels ayant occasionné des lésions traumatiques". Des analyses complémentaires sont en cours pour avoir des précisions. 

Le 30 mai également, jour de l'autopsie, des vêtements appartenant à Iris C. ont été retrouvés par les enquêteurs à hauteur d'un embarcadère. 

L'auteur présumé filmé en train d'enlever la jeune femme

L'exploitation des caméras de vidéosurveillance de la ville de Lanester et les images captées par les bâtiments publics et les commerces ont joué un rôle très important dans ce dossier. "La présence d'Iris a été retrouvée sur l'un des enregistrements vidéo de la sous-préfecture de Lorient qui la montrait accompagnée du proche qui était avec elle alors qu'elle peinait à rester assise sur le muret de la sous-préfecture", a expliqué le procureur. Il est alors 4h25 ce samedi 27 mai. 

"L'homme qui accompagnait alors Iris C., visiblement ivre, essayait de l'aider comme il le pouvait mais un autre homme surgissait et commençait à rôder autour d'Iris et du proche qui l'accompagnait. Une vidéo le montrait en train de s'approcher, de repartir, de revenir", a détaillé le magistrat. 

Alors qu'Iris était en difficulté manifeste, "chutant au sol", l'homme s'approchait d'elle, et la "chargeait littéralement sur son épaule". Iris C. et l'homme disparaissaient ensuite du champ de la caméra. Quelques secondes plus tard, un fourgon type Master, tous feux éteints, apparaissait sur les images des caméras. Ce même fourgon était observé peu après par une autre caméra passant devant le commissariat de police et allumant alors ses feux. 

Le procureur de la République a précisé que le proche d'Iris C., lui aussi alcoolisé, n'a pas assisté à cette scène. Ce dernier, au moment de l'enlèvement, était parti "s'allonger" un peu plus loin pour se reposer. Il a été mis hors de cause après quelques heures passées en garde à vue. 

Le fourgon et un fichier pour identifier le suspect

Concernant le principal suspect, les images de vidéosurveillance ont montré également que son fourgon avait commencé à tourner en ville aux alentours de 3h15. Ce véhicule, "assez caractéristique tant par son année modèle que par les transformations qui ont été apportées", ont permis aux enquêteurs de remonter jusqu'aux propriétaires de fourgons similaires immatriculés dans la région et de les croiser avec les antécédents de leur propriétaire. 

Le 7 juin, les enquêteurs ont retrouvé la trace du propriétaire du véhicule en cause : un homme âgé de 49 ans, né en 1973, et demeurant le long du Blavet. Ce dernier a été interpellé le 8 juin. 

Condamné pour viol en 2015

Le suspect est déjà bien connu de la police et de la justice. Il a en effet déjà fait l'objet de quatre condamnations entre 2003 et 2015 : deux pour infractions routières, une pour vol et une autre par la cour d'assise du Morbihan prononcée le 19 juin 2015 pour un viol commis en 2001. Il avait été identifié et interpellé pour ces faits de viol en 2012 après que son ADN l'avait mis en cause. 

Mis en examen et placé en détention provisoire en 2012, il a été reconnu coupable et condamné à une peine de neuf ans d'emprisonnement en 2015. "Par l'effet de la loi en matières d'application des peines, il avait retrouvé la liberté en juillet 2018 et restait depuis lors sous suivi socio-judiciaire et ce pour une durée de cinq ans donc jusqu'en juillet 2023", a insisté Stéphane Kellenberger. 

Selon le magistrat, les experts n'ont relevé dans le cadre de ce suivi "aucun élément quant à un éventuel risque de récidive", comme le notait un dernier rapport de la mi-mai 2023. "Depuis sa remise en liberté, l'intéressé ne leur donnait à voir depuis juillet 2018 que l'image d'un homme respectueux de ses obligations, qui bénéficiait d'un cadre relevé par les experts comme stabilisant, d'un emploi. Un homme qui s'était marié avec sa compagne, la mère de leur enfant". 

Placée en garde à vue quelques heures, l'épouse du suspect a finalement été libérée. Au cours de son interrogatoire, cette dernière a confirmé que son époux avait un fourgon, que le soir des faits, il avait quitté le domicile pour n'y revenir que le matin. Selon elle, son mari pouvait avoir des "pulsions" en matière "de vol et de cleptomanie". Elle n'a pas évoqué les viols ou agressions sexuelles. 

Ce qu'a dit le suspect aux enquêteurs

En garde à vue, le suspect a fait des "déclarations minimalistes, changeantes, contradictoires". "Il prétendait d'abord ne plus du tout se rappeler ce qu'il avait pu faire la nuit des faits. Puis, il reconnaissait être sorti et avoir tourné dans le centre-ville de Lorient au volant de son fourgon Master. Quant à la victime, il affirmait ne l'avoir jamais vue, ne pas savoir de qui on lui parlait et même ne l'avoir jamais croisée", a déroulé le procureur.

Les analyses génétiques ont mis à mal son discours. En effet, l'ADN du suspect a été retrouvé sous les ongles de la victime, laissant supposer que la jeune femme l'avait griffé. "Face à cet élément, le mis en cause modifiait ses déclarations et admettait finalement qu'il avait vue Iris, ivre et inanimée selon lui. Qu'il était allé vers elle, l'avait relevée, saisie, et chargée par la porte latérale de son fourgon, tout en affirmant qu'il ne s'agissait que de lui venir en aide. Toutefois, comme elle ne se comportait, toujours selon lui, pas bien, il lui aurait dit de partir et l'aurait abandonnée ainsi en niant pour sa part toute infraction commise à son encontre. Ce tout en concédant qu'elle avait dû le griffer et qu'il avait par ailleurs jeté la veste de la victime", a continué le procureur. 

Déféré vendredi 9 juin au soir et mis en examen, le mis en cause a demandé un délai pour sa défense. Il a été placé en détention provisoire par le juge des libertés et de la détention dans l'attente d'un débat qui se tiendra cette semaine.


Aurélie SARROT

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