ENQUÊTE - L'avocat général a requis l'acquittement de Laurent Dejean , l'unique suspect du meurtre de la joggeuse de Bouloc, Patricia Bouchon en 2011. Des éléments l'accusent, mais aucune preuve matérielle. Son avocat a toujours estimé qu'il était "le coupable idéal". Le verdict est attendu vendredi.
Le procès de l'unique suspect du meurtre de la joggeuse de Bouloc a peut être basculé ce jeudi. L'avocat général de la cour d'assises de Haute Garonne a requis l'acquittement de Laurent Dejean dans cette enquête de huit années. Le verdict est attendu ce vendredi à l'issue des plaidoiries de la défense.
"Il est possible que Laurent Dejean soit coupable mais les preuves font défaut", a expliqué David Sénat, avant de demander l'acquittement de l'accusé. Laurent Dejean a toujours clamé son innocence. Au terme d'une enquête pointilleuse, agrégeant plusieurs témoignages, confrontant les emplois du temps, recomposant les habitudes de la victime, les gendarmes avaient pu réunir un faisceau d'éléments mais jamais de preuve irréfutables. La tenue même du procès avait fait polémique. En janvier 2018, le parquet général avait d'ailleurs requis un non-lieu dans cette affaire avant, finalement, que la chambre d'instruction de la cour d'appel de Toulouse ne décide de la tenue d'un procès aux assises.
Un "coupable idéal"
La famille de Patricia Bouchon, elle, veut comprendre ce qu'il s'est passé. "On a besoin de l’entendre même s’il clame son innocence", déclarait sa fille, aux équipes de Sept à huit il y a quelque semaines (voir la vidéo ci -dessus). J"e veux qu’il me dise droit dans les yeux qu’il est innocent. La force qu’on a, c’est que notre mère était très forte. Ellen ‘aurait pas accepté qu’on se laisse aller. "
Mis en examen pour "homicide volontaire" et écroué en février 2014 - soit 3 ans après les faits - Laurent Dejean, plaquiste de profession et présenté comme "psychotique" pendant l'enquête a toujours indiqué qu'il était innocent dans cette affaire.
Contacté par LCI lors de la décision de la Cour d'appel de convoquer un procès, Me Guy Debuisson, avocat de de Laurent Dejean égrainait alors le manque de preuve concernant la mise en cause présumée de Laurent Dejean : " L’instruction a été très longue. Le dossier fait 47 000 feuillets. Mais les preuves ne sont pas là, nous confiait-il. D’abord, l'ADN retrouvé sur la victime est celui d'un homme mais pas celui de Monsieur Dejean. Or on sait qu’il y a eu des contacts très violents entre l’agresseur et la victime, des touffes de cheveux ont été retrouvées sur le chemin.... Ensuite, la voiture aperçue sur les lieux était une Clio grise alors que celle de mon client était blanche. Mon client n’a pas ailleurs jamais été reconnu par celui qui avait permis aux enquêteurs de faire le portrait-robot" en 2013. Enfin, des voisins du lieu de l’agression ont entendu des cris le 14 février, en l’occurrence, un homme dire 'Excuse-moi, je n’ai pas voulu ça', ça les a réveillés. Aucun des témoins n’a reconnu dans ces hurlements la voix de Monsieur Dejean. Par ailleurs, ces phrases ont été dites avec l’emploi du tutoiement, tutoiement qui n’aurait pas été utilisé entre mon client et Madame Bouchon".
Une clio et "un homme barbu"
Le 14 février 2011, Christian, le mari de Patricia Bouchon, s'était inquiété de ne pas voir son épouse revenir de son jogging. Cette femme de 49 ans avait pour habitude de parcourir au petit matin, une boucle de 4,5 km dans sa commune de Bouloc près de Toulouse. Ce jour-là, la secrétaire dans un cabinet d'avocats toulousains, était partie vers 4h30 pour courir.
Ne la retrouvant pas, Christian Bouchon appelait les secours et très rapidement le parquet de Toulouse ouvrait une enquête pour disparition inquiétante. Le lendemain, sur le chemin qu'empruntait la joggeuse, d'importantes traces de sang, des cheveux et des objets lui appartenant étaient retrouvés. Un couple habitant à proximité disait avoir entendu des cris de femmes puis les pleurs d'un homme s'excusant à plusieurs reprises.
Cinq jours après la disparition, un témoin déclarait que quelques secondes après avoir croisé une joggeuse il avait failli emboutir une Clio stationnée à contre sens, tous feux éteints, dans laquelle se trouvait un homme barbu. Le 29 mars, un chasseur dont le chien avait disparu devait retrouver, le corps de la joggeuse dissimulé dans un conduit d'eau passant sous une route. L'autopsie révélait qu'elle avait eu les vertèbres et le crâne enfoncés. Son meurtrier avait également essayé de l'étrangler mais aucun abus sexuel n'avait pu être mis en évidence.
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