Lola, 12 ans, a été violée, torturée et tuée dans le 19e arrondissement de Paris vendredi 14 octobre.L'auteure présumée des faits, Dahbia B. était alors hébergée par sa sœur, qui vivait dans la même résidence que l'adolescente.La suspecte a été mise en examen et placée en détention lundi. Les investigations se poursuivent.
Il y a une semaine jour pour jour, le corps sans vie de Lola, 12 ans, était retrouvé par un SDF dans une malle en plastique dans les parties communes extérieures de la résidence Manin dans le 19e arrondissement où l'adolescente résidait avec sa famille.
Au lendemain de cette macabre découverte, Dahbia B., auteure présumée des faits, était interpellée à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine). Après 48 heures de garde à vue, elle a été mise en examen pour "meurtre", "viol" et "actes de tortures et de barbarie". Elle a été placée en détention provisoire à l'isolement au quartier des femmes à Fresnes.
Grâce aux caméras de vidéosurveillance, aux témoignages, et, en prenant en compte les déclarations de la principale suspecte, les enquêteurs ont pu retracer son parcours, entre 15h15, heure à laquelle Lola a été vue vivante pour la dernière fois à ses côtés, et 7h40, heure à laquelle elle a été arrêtée le lendemain. Retour sur le parcours de la criminelle présumée pendant cette terrible soirée.
Vendredi 14 octobre, 15h15 : Dahbia B. pénètre dans la résidence Manin avec Lola
Ce vendredi 14 octobre, Lola termine ses cours à 15 heures. Son domicile, situé au 119 rue Manin à Paris, se trouve à quatre minutes à pied du collège Georges-Brassens, où elle est scolarisée.
À 15h15, les images de vidéosurveillance de la résidence montrent Dahbia B. pénétrer dans le bâtiment, suivie de Lola. L'adolescente ne regagnera jamais le domicile familial.
15h15-17 heures : près de deux heures d'horreur
Une fois dans la résidence, Dahbia B. explique avoir conduit Lola dans l'ascenseur avant de l'entraîner dans l'appartement de sa sœur ainée, au 6e étage, où elle était hébergée occasionnellement.
Elle dit ensuite lui avoir "imposé de se doucher avant de commettre sur elle des atteintes à caractère sexuel et d'autres violences ayant entraîné la mort et qu’elle aurait dissimulé le corps dans la caisse" selon les détails donnés lundi dernier la procureure de Paris, Laure Beccuau, dans un communiqué.
17 heures : elle ressort de l'immeuble
À 17 heures, les caméras filment une nouvelle fois Dahbia B. sortant de l'immeuble. La jeune femme, qui a changé de vêtements, est seule cette fois mais très chargée puisqu'elle transporte deux valises et une grosse malle en plastique noire.
Les parents de Lola, gardiens de l'immeuble, découvrent les images en début de soirée. Ils alertent immédiatement la police et publient une alerte sur les réseaux sociaux avec une photo de leur fille et une de la suspecte. Entre 20 heures et 21 heures, la traque commence pour retrouver cette femme.
17h-18h30 : Dahbia B. cherche de l'aide pour transporter la malle
Une fois hors de la résidence, l'auteure présumée du meurtre va alpaguer des gens dans la rue pour qu'une personne l'aide à transporter ses deux bagages et la malle jusqu'au métro, ou alors, dans une voiture jusqu'à chez elle.
Elle croise aussi un jeune homme qui doit rejoindre ses copains au Rallye, le café du coin situé au 107, rue Manin. Ce dernier lui conseille de prendre un taxi ou un VTC mais Dahbia B. l'embrouille. Elle lui aurait dit transporter de la marchandise intéressante et parvient à le suivre jusqu'au café. Lui prend les deux bagages, elle traine la malle contenant le corps de Lola jusqu'au bistrot.
Une fois à l'intérieur du café, son interlocuteur la trouve de plus en plus mystérieuse. Alors qu'il soulève le couvercle de la malle, une forte odeur semblable à de la javel en ressort et il aperçoit un tissu taché de ce qui pourrait être du sang. Il décide de quitter les lieux. Dahbia B. part elle aussi du café avec ses affaires. Sur le trottoir, elle continue à arrêter des passants et passe des coups de fil.
18h30 : un homme vient la récupérer
A 18h30, un homme vient la chercher en voiture. Il charge les bagages et la malle dans son véhicule et quitte les lieux avec sa passagère. "Auditionné sous le régime de la garde à vue, l'homme de 43 ans, connaissance ancienne de la suspecte, a reconnu avoir transporté cette dernière à sa demande ainsi que deux valises et la caisse en plastique dans son véhicule de fonction depuis Paris jusqu'à son domicile situé à Asnières-sur-Seine et avoir également accueilli l'intéressée chez lui avec les valises et la caisse. Il reconnaissait également avoir appelé un chauffeur de VTC pour que la suspecte retourne à Paris avec les valises et la caisse environ deux heures après son arrivée", a expliqué lundi la procureure de Paris.
Ce dernier a été mis en examen lundi pour "recel de cadavre" et placé sous contrôle judiciaire. "La détention provisoire n'était pas possible du fait de la peine encourue", a précisé le parquet ce même jour.
22h30 : Dahbia B. retourne sur les lieux du crime
Avec son VTC et chargée de sa malle, Dahbia B. décide de retourner sur les lieux du crime, au 119, rue Manin. Une fois sur place, elle dépose la malle dans les parties communes extérieures de la résidence. Puis, elle repart en transports en commun du 19e arrondissement direction Bois-Colombes, où un ami l'accueille parfois pour dormir.
23h15 : le corps sans vie de Lola est retrouvé par un SDF
À 23h15, le corps sans vie de Lola est retrouvé par un SDF dans la malle en plastique noire sous des tissus et aspergé d'un liquide qui pourrait être l'eau de javel. De multiples autres lésions sont constatées, notamment au visage, au dos et de larges entailles au niveau du cou sont apparentes. Les pieds et les mains sont entravés. Le visage est scotché. Deux inscriptions en rouge, un "0" et un "1" figurent sur les pieds de la victime.
L'autopsie pratiquée au cours du week-end révèlera que Lola est morte des suites d'une "défaillance cardio-respiratoire avec manifestation asphyxique et signe de compression cervicale".
7h40 samedi : la principale suspecte est interpellée
Dahbia B. est interpellée samedi matin à 7h40 au domicile de l'homme qui l'héberge. Elle est immédiatement placée en garde à vue. Celle-ci ira jusqu'à son terme, le médecin qui l'a vue ayant estimé que son état était compatible avec la mesure. Dahbia B. a fait par la suite des aveux, avant de se rétracter.
Une expertise psychiatrique approfondie de la mise en cause doit être pratiquée prochainement.