Il y a une semaine, Lola, 12 ans, était violée, torturée et tuée dans le 19e arrondissement de Paris.Dahbia B., une Algérienne âgée de 24 ans, en situation irrégulière, a été mise en examen pour ces faits et placée en détention provisoire.Une semaine après le drame, les éléments découverts sur la principale suspecte révèlent une personnalité trouble et insaisissable.
Pendant cinq jours, l'image que tout le monde avait d'elle était celle dévoilée par la mère de Lola. En début de soirée vendredi dernier, celle-ci avait publié sur son profil Facebook une alerte enlèvement avec deux photos : celle de sa fille de 12 ans qui n'était pas rentrée du collège voisin, et celle d'une femme, pénétrant devant l'adolescente dans la résidence Manin dans le 19e arrondissement de Paris où la famille réside. Sur cette image extraite des caméras de vidéosurveillance : une jeune femme aux cheveux mi- longs, portant un pull gris, un legging de la même couleur et des baskets blanches.
Quelques heures plus tard, Lola était retrouvée morte dans une malle. La jeune femme, qui apparaissait sur la vidéosurveillance, était interpellée le lendemain à Bois-Colombes dans les Hauts-de-Seine. Prénommée Dahbia B. celle-ci a été mise en examen à l'issue de sa garde à vue pour "meurtre" et "viol avec acte de torture et de barbarie" sur mineure de moins de 15 ans. Cette Algérienne de 24 ans est depuis en détention provisoire, placée à l'isolement au quartier des femmes de Fresnes.
Jeudi, de nouvelles images de la jeune femme ont été dévoilées sur les réseaux sociaux. Des internautes, pour dénoncer ce crime, ont publié des séquences vidéo retrouvées sur le profil TikTok la meurtrière présumée. On y découvre une image bien éloignée de celle d'une SDF paumée et en situation irrégulière, depuis que son visa étudiant obtenu en 2016 est arrivé à expiration.
"C'est une SDF ça?"
Très rapidement, des centaines de comptes se sont emparés de ces vidéos TikTok et les ont relayées sur les réseaux en les commentant largement. "C'est une SDF ça ?", ironise l'un d'eux. " Pas vraiment le compte d'une SDF marginale… ", estime un autre. "Les médias parlent d'une #SDF alors qu'au vu de ses vêtements, photos et vidéos, manifestement, elle n'en a pas l'air", tacle encore un autre.
Dans ses posts, Dahbia B. se filme avec des filtres et des codes bien connus des utilisateurs de ces applis. Elle apparaît très maquillée, apprêtée. On la voit notamment chanter et danser sur Stand by me de Ben E-King, Calm down de Rema, No de Louane… Elle se montre aussi sur une plage, observant un coucher de soleil. Rien évidemment sur ces images ne laissait présager de la suite.
"Elle tenait des propos incohérents"
Dahbia B., CAP restauration en poche selon ses déclarations, n'avait ni logement, ni emploi, ni ressources, au moment de son interpellation. Domiciliée chez une connaissance habitant dans le Val-de-Marne, elle était hébergée de temps en temps chez sa sœur, qui réside dans le même immeuble que la famille de Lola, dans le 19e arrondissement. Âgée de 26 ans, celle-ci a témoigné devant les enquêteurs de la vie chaotique de sa cadette. "Difficilement insérée", ce qu'ont confirmé les membres de son entourage. Dahbia B. a eu "des réveils nocturnes le mois passé au cours duquel (elle) tenait des propos incohérents", a raconté l'aînée.
Elle avoue puis parle de "fantômes"
Lundi dernier, la procureure de la République de Paris Laure Beccuau a précisé dans un communiqué que la suspecte, au cours de sa garde à vue, avait eu des "déclarations fluctuantes", "oscillant entre reconnaissance et contestation des faits". Elle est confuse, expliquant "avoir raconté un rêve et non la réalité", avançant qu'elle "a pu se défendre face à une agression au couteau tout en indiquant s'être battue contre un fantôme", selon un document consulté par l'AFP.
Au-delà de ces élucubrations, les enquêteurs décrivent la suspecte comme n'ayant manifesté "aucune empathie à l'égard de la victime", est-il souligné dans ce document. "Ça ne me fait ni chaud, ni froid", aurait même répondu Dahbia B. aux enquêteurs lui présentant des clichés du corps de Lola. "Moi aussi, je me suis fait violer et j'ai vu mes parents mourir devant moi", lance-t-elle avec aplomb. Dans ce document, il est également fait mention de la "facilité inouïe dans le passage à l'acte", "d'une telle extrémité" pour "un motif aussi vain".
C'est cette même personne qui, quarante-huit heures après le meurtre, se tient devant une juge des libertés et de la détention (JLD) lors d'une audience à huis-clos. Cheveux bruns ondulés remontés en chignon, elle se tient droite dans le box, vêtue d'un survêtement bleu, d'un tee-shirt gris et d'un sweat noué sur les épaules. Elle apparait calme et détachée.
Une expertise psychiatrique approfondie va être réalisée
Plus des éléments de sa vie sont mis à jour, plus le profil de la suspecte est troublant. Le mobile qui l'aurait conduite à commettre cet atroce crime demeure inconnu. Elle souffrirait de troubles psychiques, mais une première expertise réalisée lors de sa garde à vue a conclu à l'absence de "péril psychique imminent". Impossible, jusqu'à présent, de comprendre pourquoi elle a écrit sous les pieds de sa jeune victime le chiffre 1 et le 0.
Une ou plusieurs expertises psychiatriques vont être réalisées pour déterminer si Dahbia B. est atteinte ou non de troubles psychiques et si, le cas échéant, son discernement a pu être altéré ou aboli lors de son passage à l'acte. Reste que dans les hôpitaux psychiatriques d'Île-de-France, selon les premières vérifications, personne n'a jamais entendu parler d'elle.