FAIT DIVERS – Le corps de Magali Blandin, éducatrice spécialisée, mère de quatre enfants, a été retrouvé vendredi dernier près de Rennes sur les indications de son mari. Ce dernier a reconnu l'avoir tuée, après plus d'un mois d'une enquête aux multiples rebondissements.
La gendarmerie avait alerté les médias très tôt en diffusant dès le 13 février un appel à témoins. Sur celui-ci, la photo d'une femme aux cheveux châtains clairs, souriante, les yeux bleus et ce texte : "Depuis le 10 février, Magali Blandin âgée de 42 ans n'a pas donné signe de vie et a disparu depuis Montfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine) où elle réside."
Le 20 mars, un peu plus d'un mois après les faits, son mari est passé aux aveux. Et le corps de l'éducatrice spécialisée, mère de quatre enfants âgés de 4 à 14 ans, a été retrouvé dans un bois de Boisgervilly, à deux kilomètres de Montauban-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine), où vivait Jérôme Gaillard. LCI revient sur ce drame où le principal suspect a, selon son avocat Me Jean-Guillaume Le Mintier, "agi comme un robot".
12 février, une collègue donne l'alerte
C'est une collègue de travail de Magali Blandin qui avait alerté les forces de l'ordre le vendredi 12 février 2021 de la disparition de celle-ci. Ce jour-là, la mère de famille ne s'était pas présentée à son poste. Un peu plus tard dans la journée, la quadragénaire n'était pas non plus allé récupérer ses enfants à l'école comme prévu. Le lendemain, la gendarmerie lançait un appel à la population en diffusant dans la presse et sur les réseaux sociaux des photos de Magali Blandin ainsi que sa description physique.
22 février, une information judiciaire ouverte
Dans un communiqué diffusé dix jours après la disparition de la quadragénaire, le procureur de la République de Rennes Philippe Astruc indiquait qu'une information judiciaire en "recherche des causes d'une disparition inquiétante" avait été ouverte.
Pendant cette période, plus d'une centaine de gendarmes s'étaient relayés à Montfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine) au cours de plusieurs battues réalisées dans une zone de 10 km2. 10 km de deux cours d'eau avaient été sondés, 7,5 km de leurs berges et une dizaine de points d'eau. Deux survols d'hélicoptère avaient également eu lieu, en vain.
"Des éléments de téléphonie ont permis de retracer son cheminement jusqu'au nord de la commune où sa trace est perdue en fin de matinée" non loin d'un cours d'eau, selon ce communiqué du 22 février qui précisait alors que les vérifications faites auprès du mari n'avaient "révélé, en l'état, aucun élément l'associant à cette disparition".
Le magistrat donnait également à cette date des éléments sur la situation de la quadragénaire. Il expliquait que celle-ci souhaitait se séparer de son conjoint et avait quitté en septembre leur domicile de Montauban-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine) avant de louer un appartement à Montfort-sur-Meu. Elle avait également déposé plainte pour violences conjugales le 3 septembre 2020 et avait déclaré "à cette occasion avoir pu elle-même se montrer violente", selon le parquet qui avait classé la plainte sans suite après l'audition de son mari en garde à vue.
Elle avait lancé une procédure pour statuer sur des mesures provisoires concernant la garde des enfants du couple, nés en 2006, 2008, 2013 et 2017. Une audience de non-conciliation était prévue le 8 mars. Les enfants étaient à la charge de leur père la semaine de la disparition de la quadragénaire.
16 mars, l'affaire de l'extorsion de fonds révélée
Le mardi 16 mars, alors que Magali Blandin n'avait toujours pas été retrouvée et que 70 gendarmes travaillaient sans relâche sur ce dossier, le procureur révélait une affaire dans l'affaire. En effet, dans un nouveau communiqué, il faisait savoir que cinq personnes de nationalité géorgienne avaient été placées en garde à vue deux jours plus tôt pour "tentative d'extorsion en bande organisée" contre le mari de Magali Blandin, Jérôme Gaillard. Ce dernier s'était présenté le 4 mars auprès du juge chargé du dossier accompagné de son avocat "afin de l'informer qu'il était victime d'une tentative d'extorsion d'une somme de 15.000 euros et se sentait menacé".
Une information judiciaire pour "tentative d'extorsion en bande organisée" avait été ouverte le lendemain auprès du même juge". Les quatre enfants du couple ont alors été placés.
18 mars, le mari de Magali Blandin placé en garde à vue
Deux jours plus tard, le jeudi 18 mars, le procureur annonçait le placement en garde à vue de Jérôme Gaillard, mari de Magali Blandin. "Les investigations ont permis de mettre à jour un projet criminel visant Magali Blandin élaboré à l'automne 2020. Il convient désormais de préciser les termes de ce projet criminel et le rôle de l'ensemble des protagonistes ayant pu y concourir", écrivait le procureur de Rennes Philippe Astruc dans son communiqué.
Ce même jour, trois des cinq suspects d'origine géorgienne interpellés le dimanche avaient été mis en examen. Un homme né en 1990 en Géorgie a été mis en examen pour tentative d’extorsion en bande organisée et meurtre en bande organisée et placé en détention provisoire. Sa compagne, née en 1996 en Géorgie, a été mise en examen pour tentative d'extorsion en bande organisée et placée sous contrôle judiciaire. Enfin, un autre homme, né en 1975 en Géorgie, "très connu de l'institution judiciaire, sorti de prison en début d'année", a également été mis en examen pour tentative d’extorsion en bande organisée et placé en détention provisoire.
"Les éléments recueillis attestent d’une tentative d’extorsion qu'ils disent cependant sans lien avec la disparition de Magali Blandin mais liée à une simple dette du mari de celle-ci", avait précisé le procureur.
20 mars, Jérôme Gaillard avoue le meurtre
Au cours de sa garde à vue, Jérôme Gaillard est passé aux aveux. Face aux enquêteurs, au bout de 24 heures, il a reconnu avoir tué sa femme le 11 février au matin après avoir déposé ses enfants à l'école. Il a dit l'avoir après attendue devant son appartement de Montfort-sur-Meu et lui avoir asséné à son arrivée deux violents coups de batte de baseball, provoquant sa mort.
Il dit être ensuite revenu la nuit suivante pour "effacer méticuleusement" les traces de son crime et enterrer le corps dans un trou creusé dans une forêt enneigée, après avoir recouvert le corps de chaux vive. Le corps de Magali Blandin a été retrouvé vendredi soir, dans un bois de Boisgervilly, à deux kilomètres de Montauban-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine) où vit son mari. C'est ce dernier qui a indiqué aux enquêteurs sa localisation.
Quatre nouvelles mises en examen
Vendredi 19 mars, Jérôme Gaillard, mari de Magali Blandin, est mis en examen pour "tentative de meurtre par conjoint visant le premier projet criminel" et "meurtre par conjoint".
Trois autres personnes ont été mises en examen également en fin de semaine. Le père et la mère de Jérôme Gaillard, soupçonnés dans l'avoir aidé, sans que plus de détails ne soient donnés, ont été mis en examen pour "tentative de meurtre par conjoint visant le premier projet criminel" et "complicité de meurtre par conjoint".
Le voisin géorgien de Jérôme Gaillard, placé en garde à vue en début de semaine, a été mis en examen pour "tentative d’extorsion en bande organisée en récidive légale" et "destruction de preuve d’un crime pour faire obstacle à la manifestation de la vérité ". Ils ont tous été placés en détention provisoire.
Il dit "avoir agi comme un robot"
Contacté par LCI ce lundi, Me Jean-Guillaume Le Mintier, avocat de Jérôme Gaillard, explique que son client n'a jamais "supporté le départ de son épouse en septembre dernier". "Il s'est retrouvé dans une impasse psychologique. Sa famille, c'était tout pour lui. Ce couple était ensemble depuis 23 ans, ils ont eu ensemble quatre enfants aujourd'hui âgés de 4 à 14 ans, du jour au lendemain, la maman est partie. Vous avez les quatre piliers que sont les enfants et le pilier principal, sa femme. Au moment où ce pilier disparaît, c'est tout qui s'effondre", insiste l'avocat.
Dès le 4 mars, date à laquelle Jérôme Gaillard a évoqué les faits de tentative d'extorsion de fonds devant le juge, l'avocat dit avoir perçu chez son client une "très grande souffrance". "Devant le juge d'instruction, il a délivré des éléments l'incriminant dans la disparition de Magali et ce, en toute connaissance de cause. Pendant sa garde à vue, le 18 mars, il a rapidement craqué, il a demandé à s'entretenir avoir moi, il m'a avoué son crime. Et nous avons convenu tous les deux que la priorité était de retrouver Magali, pour ses parents, pour ses enfants, pour entamer un travail de deuil."
Me Jean-Guillaume Le Mintier ajoute que son client lui a expliqué "avoir agi comme un robot" le jour du meurtre. "Il m'a dit avoir croisé Magali en novembre par hasard, deux mois après son départ du domicile. Il m'a dit avoir compris à ce moment qu'elle ne reviendrait pas, qu'elle ne l'aimait plus, et avoir alors sombré dans une forme de dépression qui l'a conduit à commettre l'irréparable".
Diverses expertises psychiatriques doivent être réalisées sur le suspect au cours des prochains mois.
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Disparitions inquiétantes, crimes passionnels, ou machinations diaboliques… Découvrez les secrets des faits-divers les plus marquants. Tueurs en série, amants démoniaques, tous pensaient avoir commis le crime parfait. Mais tous, sont aujourd’hui derrière les barreaux. Qui sont ces meurtriers ? Et comment les policiers sont-ils parvenus à les confondre ? La découverte de la vérité ne tient parfois qu’à un fil… Grâce aux témoignages de tous les protagonistes, des enquêteurs aux familles des victimes, Jacques Pradel vous fait revivre ces enquêtes incroyables, riches en rebondissements et en émotions…
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