Meurtre de Lola, 12 ans, à Paris : ce que l'on sait de la principale suspecte

A.S avec Georges Brenier
Publié le 17 octobre 2022 à 15h30, mis à jour le 18 octobre 2022 à 12h54

Source : JT 20h WE

Une jeune femme de 24 ans est considérée comme la principale suspecte après le meurtre de Lola vendredi à Paris.
D'origine algérienne et en situation irrégulière, elle a été interpellée samedi dans les Hauts-de-Seine.
Elle et l'un de ses complices présumés ont été présentés lundi à un juge d'instruction.

La capture extraite des images de vidéosurveillance la montrant pénétrant dans l'immeuble situé au 119, rue Manin à Paris a fait le tour des réseaux sociaux et est passée en boucle ce week-end dans les journaux télévisés. Trois jours après le meurtre de Lola à Paris, la jeune femme de 24 ans est considérée comme la principale suspecte.

Le corps sans vie de l'adolescente de 12 ans, morte par asphyxie, avait été retrouvé vers 23 heures par un SDF dans une malle en plastique. Quelques heures plus tôt, à 20h45, les parents de Lola, gardiens de l'immeuble, avaient publié une "Alerte enlèvement" sur Facebook en publiant une photo portrait de leur fille, mais aussi la capture de la vidéosurveillance montrant cette inconnue qui avait pénétré avec elle dans le bâtiment à 15h20.  

Comment les policiers sont remontés jusqu'à la suspecte ?

Après la découverte du corps de l'enfant vendredi, les enquêteurs ont exploité les images de vidéosurveillance pour obtenir des éléments sur cette mystérieuse jeune femme qui précédait Lola dans l'entrée de l'immeuble quand celle-ci est rentrée du collège. 

Ces images ont été tournées à 15h20. D'autres images qui ont été exploité par la suite montre la suspecte en train de manipuler la caisse dans laquelle le corps a été retrouvé,  et quitté les lieux moins de deux heures plus tard, à 17 heures précisément. Elle a ensuite pris un VTC, ce qui a permis aux enquêteurs,  de localiser la suspecte et de l'interpeller. Cette Algérienne, âgée de 24 ans, est en situation irrégulière. 

En garde à vue avec cinq autres personnes

Dès vendredi, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour meurtre sur mineur de moins de 15 ans, confiée à la brigade criminelle. Dans la nuit, les enquêteurs ont interpellé trois personnes à proximité des lieux. La principale suspecte l'a été samedi matin un peu avant 8 heures à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine), dans l'appartement où elle résidait avec des compatriotes.

Six personnes,  l'auteur présumée âgée de 24 ans, sa sœur âgée de 26 ans et quatre hommes étaient placés en garde à vue dans la nuit du 14 au 15 octobre. Quatre d'entre elles, la sœur de la suspecte, et trois hommes âgés de 29, 42 et 32 ans, étaient libérés sans poursuite à ce stade entre le 15 et le 16 octobre. Il s'agit de trois hommes qui auraient eu, peu de temps après les faits, des contacts avec la suspecte ou le corps de la victime. Le premier d’entre eux se serait vu proposer par la suspecte la vente d'éléments contenus dans la caisse en fin d'après-midi le 14 octobre à proximité du lieu des faits. Le deuxième, SDF âgé de 42 ans, avait découvert le corps dans la cour de l'immeuble le soir du 14 octobre. Le dernier avait accueilli la suspecte à Bois Colombes dans la nuit du 14 au 15 octobre.

Qu'a-t-elle dit aux enquêteurs ?

La garde à vue de la principale suspecte, qui souffrirait de troubles psychiques, est allée jusqu'à son terme, son état ayant été jugé compatible avec la mesure. 

Selon les informations de TF1-LCI, elle a dans un premier temps reconnu les faits. Une source proche du dossier nous précise qu'elle a même donné un certain nombre d'éléments, et expliqué pourquoi elle avait ciblé spécifiquement Lola et pas une autre fille. Ces aveux ont été qualifiés par les enquêteurs de "détaillés et circonstanciés".  

Dans un communiqué lundi soir, la procureure de la République de Paris Laure Beccuau précise qu'"ill ressortait des déclarations fluctuantes de la suspecte, oscillant entre reconnaissance et contestation des faits, qu'elle aurait entraîné la victime jusqu'à l'appartement de sa sœur, vivant dans le même immeuble que l'enfant, qu'elle lui aurait imposé de se doucher avant de commettre sur elle des atteintes à caractère sexuel et d'autres violences ayant entraîné la mort et qu’elle aurait dissimulé le corps dans la caisse". "Elle n'évoquait pas devant les enquêteurs le moindre échange au sujet de vente d’organes qu'elle aurait eu avec l’un des témoins", souligne la magistrate.

Plus tard, au cours de la garde à vue, la jeune femme s’est rétractée, au milieu de propos très confus, expliquant qu’elle n’avait en réalité rien fait du tout. Pas de quoi convaincre les autorités pour l'heure. À ce stade des investigations et des auditions, les magistrats et les policiers estiment qu’elle savait parfaitement ce qu’elle faisait vendredi. La question d’une éventuelle abolition du discernement ne se pose pas pour le moment.

De mystérieuses inscriptions sur le corps de Lola

Vendredi, les enquêteurs ont découvert des inscriptions écrites en rouge sur la peau de Lola. Celles-ci, un "0" et un "1" étaient situées au niveau des pieds. Elles ont été réalisées avec un produit colorant dont on ignorait pour l'heure la nature. Il ne s'agissait en tout cas ni de scarification, ni d'inscriptions faites au feutre, stylos, ou autre marqueur. 

Connue de la police en tant que victime

L'Algérienne de 24 ans était connue des services de police comme victime en 2018 de violences conjugales, a-t-on appris lundi de source proche de l'enquête. La jeune femme était entrée légalement en France en 2016 avec un titre de séjour d'étudiant, a-t-on ajouté de même source. En 2018, elle est victime de violences conjugales et c'est ainsi qu'elle se fait connaître des services de police.

Le 21 août dernier, elle est interpellée dans un aéroport français pour défaut de titre de séjour. Une obligation de quitter le territoire français (OQTF) lui est alors délivrée automatiquement. Mais, a-t-on poursuivi de même source, comme elle n'a aucun antécédent judiciaire et qu'elle n'est connue de la police qu'en tant que victime, l'OQTF est délivrée avec un délai de retour de 30 jours dans son pays.

Casier judiciaire vierge

Le casier judiciaire de l'auteure présumé est vierge. Elle n'aurait a priori jamais fait de séjour en psychiatrie. Des recherches sont toujours en cours pour vérifier cet élément. 

Ce lundi, elle et un autre gardé à vue ont été présentés à un juge d'instruction à Paris en vue d'une mise en examen pour "meurtre et viol avec actes de torture et de barbarie". 

Le parquet de Paris précise que le complice présumé de la suspecte, âgé de 43 ans et connaissance ancienne de la suspecte, a reconnu avoir transporté cette dernière à sa demande ainsi que deux valises et la caisse en plastique dans son véhicule de fonction depuis Paris jusqu'à son domicile situé à Asnières-sur-Seine. Il dit avoir également accueilli l'intéressée chez lui avec les valises et la caisse. Il reconnaissait aussi avoir appelé un chauffeur de VTC pour que la suspecte retourne à Paris avec les valises et la caisse environ deux heures après son arrivée.

À l'issue des gardes à vue, une information judiciaire, confiée à trois magistrats instructeurs, était ouverte ce jour des chefs de "meurtre sur mineur de 15 ans accompagné de viols sur mineur"," tortures ou actes de barbarie", "viol sur mineur avec torture ou actes de barbarie et recel de cadavre". Les investigations se poursuivront afin de déterminer l'exact déroulement des faits, d’établir les responsabilités pénales des différents protagonistes et d'éclairer la personnalité de chacun.

L'Algérienne a été mise en examen ce lundi des chefs de "meurtre sur mineur de 15 ans accompagné de viol", "torture ou actes de barbarie", "viol sur mineur avec torture" et "actes de barbarie". Elle a été placée en détention provisoire. L'homme a quant à lui été mis en examen du chef de "recel de cadavre". Il a été placé sous contrôle judiciaire, la détention provisoire n'étant pas possible du fait de la peine encourue.


A.S avec Georges Brenier

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