Michel Fourniret : des premières condamnations à l'affaire Estelle Mouzin, itinéraire d'un tueur en série

Publié le 21 août 2020 à 16h00, mis à jour le 7 avril 2021 à 11h42

Source : Sujet TF1 Info

CHRONOLOGIE – Alors que Monique Olivier a, selon son avocat, affirmé que son ex-mari Michel Fourniret avait kidnappé, violé et tué Estelle Mouzin en 2003, l'étau se resserre encore autour de "l'ogre des Ardennes", déjà mis en examen dans cette affaire et condamné deux fois à perpétuité pour les meurtres de huit jeunes femmes ou adolescentes.

C'est l'une des plus grandes énigmes judiciaires de ces dernières années : l'affaire Estelle Mouzin. La fillette avait neuf ans lorsqu'elle a disparu à son retour de l'école le 9 janvier 2003, à Guermantes, en Seine-et-Marne. 17 ans plus tard, alors qu'elle n'a jamais été retrouvée, le mystère demeure quant aux circonstances exactes de sa disparition. Il pourrait toutefois se dissiper quelque peu, au regard des nouvelles déclarations de Monique Olivier, l'ex-compagne de Michel Fourniret, auditionnée par la juge d'instruction Sabine Khéris, chargée du dossier. 

Et pour cause : selon Me Richard Delgenes, l'avocat de Monique Olivier, cette dernière - mise en examen pour complicité - a affirmé que son ex-mari avait kidnappé Estelle Mouzin le 9 janvier 2003 avant de l'emmener à Ville-sur-Lumes (Ardennes) "pour la séquestrer" et "qu'il l'avait violée et étranglée". Des allégations glaçantes qui viennent assombrir encore un peu plus le profil du tueur en série, déjà déclaré coupable en 2008 des meurtres de sept jeunes femmes ou adolescentes entre 1987 et 2001 et condamné à la perpétuité incompressible, avant d'être à nouveau condamné en 2018 pour un assassinat crapuleux.

Les premières condamnations

C'est à l'âge de 25 ans que Michel Fourniret est confronté pour la première fois à la justice. Il est condamné en 1967 à huit mois de prison avec sursis, avec obligation de soins, pour l'agression d'une fillette dans les Ardennes. Arrêté et incarcéré en 1984, ce père de famille discret est à nouveau condamné le 26 juin 1987 à cinq ans de prison ferme pour des agressions sexuelles sur une douzaine de jeunes femmes depuis 1981. En détention, il entame une correspondance avec Monique Olivier, séparée et mère de deux enfants. Il s'installe avec elle dans l'Yonne (Centre) après sa libération en octobre 1987.

Le trésor du "gang des postiches"

Quelque mois plus tard, le trésor du "gang des Postiches", une équipe de braqueurs célèbre à l'époque, va croiser sa route. Jean-Pierre Hellegouarch, un ex-compagnon de cellule de Fourniret, lui demande en mars 1988, par l'intermédiaire de sa femme Farida Hammiche, de récupérer un "trésor" composé de lingots d'or, qui a été enterré dans un cimetière de Fontenay-en-Parisis (Val-d'Oise) par les braqueurs. Pour garder tout le magot, Fourniret tue la jeune femme, selon des aveux que fera le couple en 2004. Avec cet argent, il s'achète notamment le château du Sautou, dans les Ardennes. En 1988 naît le fils du couple, Selim, qui se marie l'année suivante.

Fourniret passe aux aveux

En juin 2003, Fourniret est à nouveau derrière les barreaux, arrêté en Belgique après la tentative d'enlèvement d'une adolescente de 13 ans qui a réussi à prendre la fuite. Interrogée par la police belge, Monique Olivier accuse un an plus tard son mari des meurtres de neuf jeunes femmes ou adolescentes, dont celui de Farida Hammiche. Fourniret, détenu à Dinant (Belgique), reconnaît huit homicides, commis depuis 1987 en France et en Belgique. Selon ses propres aveux, il "devait chasser au moins deux vierges par an". Une obsession qui serait née du fait que sa première femme, qu'il pensait vierge, ne l'était pas au moment de leur mariage. Sur les indications de Fourniret, les corps de deux victimes sont découverts le 3 juillet 2004 dans le parc du château du Sautou. Monique Olivier accuse par la suite son mari de plusieurs autres meurtres.

Le tueur rattrapé par son passé

Le 28 mai 2008, Michel Fourniret, alors âgé de 66 ans, est condamné par la cour d'assises des Ardennes à la perpétuité incompressible pour sept meurtres de jeunes femmes ou adolescentes entre 1987 et 2001, précédés de viol ou tentative de viol, et trois agressions d'autres jeunes filles ayant réussi à lui échapper. Monique Olivier, 59 ans à l'époque, est condamnée à la perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 28 ans, pour complicité dans quatre des meurtres et le viol en réunion d'une jeune fille. Les époux Fourniret divorcent en 2010. 

Quelques années plus tard, en février 2018, Fourniret avoue les meurtres de Joanna Parrish et Marie-Angèle Domece, entre 1988 et 1990 dans l'Yonne. Il avait été mis en examen en mars 2008 pour ces deux meurtres avant de bénéficier en septembre 2011 d'un non-lieu, plus tard annulé. Le 16 novembre 2018, Michel Fourniret est à nouveau condamné à la perpétuité, par la cour d'assises des Yvelines, pour l'assassinat en 1988 de Farida Hammiche, dont le corps n'a jamais été retrouvé. Son ex-épouse Monique Olivier est condamnée à 20 ans de réclusion.

L'affaire Estelle Mouzin

Le 27 novembre 2019, le tueur en série est rattrapé par l'affaire Estelle Mouzin. Il est en effet mis en examen pour "enlèvement et séquestration suivis de mort" dans l'enquête sur la disparition de l'enfant. Il avait plusieurs fois été soupçonné puis mis hors de cause dans cette affaire, mais son alibi est contredit en novembre 2019 par Monique Olivier. Le 7 mars 2020, le parquet de Paris indique que Fourniret "a reconnu sa participation aux faits" lors de trois jours d'interrogatoires. 

"Je reconnais là un être qui n'est plus là par ma faute", avait-il déclaré à la juge Sabine Khéris, estimant "pertinent" que le corps, jamais retrouvé, puisse être dans l'une de ses anciennes propriétés des Ardennes. les fouilles, menées fin juin pendant quatre jours dans une maison ayant appartenu à sa soeur à Ville-sur-Lumes, ainsi que dans son ancien château du Sautou, n'ont toutefois pas permis de retrouver le cadavre.


La rédaction de TF1info

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