Dans une lettre publiée mardi par le site Factuel, Mickaëlle Paty a réclamé au Parlement d'ouvrir une enquête sur les circonstances du décès de son frère, assassiné en octobre 2020.La sœur du professeur pointe notamment les "failles" observées en amont de ce crime.
Le cri du cœur d'une famille désespérée. Plus de deux ans après l'assassinat de Samuel Paty, décapité devant le collège du Bois d'Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), ses proches continuent le combat pour expliquer les raisons de cet attentat et éviter qu'il ne se reproduise. C'est dans cet esprit que Mickaëlle Paty, la sœur du défunt, a adressé une lettre à Gérard Larcher, président du Sénat, et François-Noël Buffer, président de la commission des lois de la chambre haute. Elle y réclame l’ouverture d’une enquête parlementaire pour établir les "failles de ce drame" et "tenter d'en colmater les brèches".
Les responsables ne pouvaient se méprendre sur la gravité et la constance du péril, ni sur l’imminence de son agression
Mickaëlle Paty
Dans ce document, la femme éplorée dénonce un "comportement attentiste" des autorités lors de ce qu'elle décrit comme "onze jours" de "descente aux enfers" de Samuel Paty, qui ont précédé l'attaque. "Les responsables ne pouvaient se méprendre sur la gravité et la constance du péril, ni sur l’imminence de son agression. Bien qu’avertis, ils se sont pourtant abstenus d’agir, ou ont agi d’une manière totalement inefficace eu égard à leurs connaissances, moyens et capacités", fustige-t-elle, évoquant un péril "que nul ne pouvait ignorer".
C'est pourquoi, elle souhaite pouvoir "demander des comptes aux personnes responsables de la mauvaise gestion, du traitement erroné, de la menace pesant sur mon frère et du défaut de prévoyance qui en a découlé". "Il faut que j’arrive à gagner ce combat, là où tout le monde a échoué depuis 40 ans", déclare encore, sur Europe 1, celle qui se dit être "la part vivante de Samuel".
Une demande examinée avec "attention" au Sénat
Mercredi 24 mai, au lendemain de la publication de ce document sur le site Factuel, Gérard Larcher (LR) a fait part de son souhait que cette requête soit examinée avec "attention" et "empathie respectueuse". La victime a "apporté sa part, plus que sa part puisqu'il a donné sa vie pour des principes éducatifs", estime l'élu. La famille et "un certain nombre de ses collègues (...) méritent que nous examinions cette demande avec attention, volonté de justice et en même temps, une forme d'empathie respectueuse", ajoute-t-il. La décision finale revient à la commission des lois du Sénat.
Pour rappel, l'enseignant en histoire-géographie de 47 ans avait été poignardé puis décapité près de son collège à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) par un islamiste radicalisé. Ce dernier avait été abattu dans la foulée par la police. Il reprochait au professeur d'avoir montré en classe, lors d'un cours sur la liberté d'expression, des caricatures de Mahomet.
Cette lettre, et la demande d'une commission parlementaire, font suite à une première plainte déposée en avril 2022 contre les ministères de l’Éducation et de l’Intérieur pour "non-empêchement de crime" et "non assistance de personne en péril". Le 16 mai dernier, les juges anti-terroristes ont ordonné le renvoi de 14 personnes devant la justice pour être jugés : huit adultes devant les assises et six mineurs devant le tribunal pour enfants.
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