Mort d’Alisha, 14 ans, à Argenteuil : le procès en appel des deux adolescents s'ouvre ce lundi

Aurore Briffod avec AFP
Publié le 25 septembre 2022 à 10h38

Source : JT 20h WE

La cour d’appel de Versailles doit se pencher sur le sort des deux adolescents jugés pour avoir frappé puis tué une camarade de classe en mars 2021 sur fond de harcèlement.
En avril dernier, ils ont été condamnés à 10 ans de prison pour "meurtre sur mineur de 15 ans" mais le parquet a fait appel de cette décision.
Au cœur des débats, la qualification des faits : y a-t-il eu préméditation ? Alisha, 14 ans, a-t-elle été assassinée ?

Six mois après la condamnation de deux adolescents, un nouveau procès s’ouvre ce lundi à la cour d’appel de Versailles. Toute la semaine, à huis clos, le sort de ce garçon et cette fille de 16 ans va être réexaminé. Ils sont jugés pour avoir frappé puis tué Alisha, une camarade de classe, en mars 2021. En avril dernier, le tribunal pour enfants de Pontoise les avait condamnés à 10 ans de prison pour "meurtre sur mineur de 15 ans" mais le parquet avait immédiatement fait appel de cette décision. Après la lecture détaillée du jugement, dans les couloirs du palais de justice, la mère d’Alisha avait crié : "Ce n’est pas normal. J’attendais quelque chose de la loi. Eux, ils vont sortir dans dix ans. Ma fille a été tuée."

Initialement, les deux adolescents comparaissaient pour "assassinat", un crime impliquant la préméditation et passible de vingt ans de prison avec l’excuse de la minorité. Le tribunal avait estimé que le dossier ne comportait pas "d’éléments suffisamment caractérisés" pour prouver la volonté "d’actes préparatoires" en vue de la mort de la jeune fille. Toutefois, il précise que les auteurs avaient "pleine conscience" de la détresse de la victime. 

Frappée puis jetée dans la Seine

Après avoir été frappée à de multiples reprises, Alisha a été jetée dans la Seine avant de se noyer. La scène s’est déroulée dans le nord-ouest de Paris, sur la commune d’Argenteuil, au pied des piliers du viaduc de l’autoroute A15. La jeune fille avait retrouvé une camarade de sa classe de troisième, selon Éric Corbaux, le procureur de Pontoise à l’époque des faits. Quelques minutes plus tard, un garçon s’était approché de la victime pour lui asséner de multiples coups dont certains au visage. 

Comment des querelles ont-elles pu mener jusqu’à la mort d’Alisha ? Le mobile de ce scénario macabre interroge la justice. Lors de la rentrée 2022 au lycée professionnel Cognacq-Jay du centre-ville d’Argenteuil, les trois protagonistes sympathisent. Leurs relations, ponctuées d’amourettes et de rivalités, se dégradent rapidement. Le téléphone d’Alisha est piraté, et des photos d’elle en sous-vêtements sont diffusées sur le réseau social Snapchat. Le parquet explique qu’une bagarre entre les deux jeunes filles a éclaté à cette époque alors que le jeune homme ruminait l’affront d’une insulte à l’encontre de son père décédé. L’établissement scolaire prend alors la décision d’exclure temporairement les deux mis en cause pour le harcèlement d’Alisha.

Lors de ce nouveau procès, la qualification des faits sera au cœur des débats. Ce duo d’adolescents a-t-il préparé le guet-apens dans lequel est tombé Alisha le 8 mars 2021 ? Pour l’avocat de la famille de la jeune fille Me Jean Tamalet, il y a peu de doutes : "Quand on prend séparément tous les actes préparatoires de ce couple infernal, ils convergent tous vers un seul et unique objectif : tuer Alisha." Me Franck Berton, avocat de l’adolescent, revient sur ce nouveau procès : "Était-ce vraiment utile, vraiment nécessaire de faire appel ? Je ne le crois pas." Toutefois, il espère que celui-ci "va se dérouler avec autant de sérénité" que lors du premier. 


Aurore Briffod avec AFP

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