Une commission parlementaire s'est penchée sur la violente agression du militant indépendantiste corse Yvan Colonna à la prison d'Arles en mars 2022, qui avait entraîné sa mort.Son rapport, rendu ce mardi, pointe une série de manquements des autorités, notamment des défaillances en matière de sécurité et de surveillance.
Très attendu, le rapport de la commission parlementaire chargée d'enquêter sur l'agression mortelle dont a été victime le militant indépendantiste corse Yvan Colonna à la prison d'Arles en mars 2022 vient de rendre ses conclusions. Le document, publié ce mardi, a pointé une série de "défaillances", d'"inactions" et d'"erreurs" des autorités.
Yvan Colonna, qui purgeait une peine de réclusion à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, avait été violemment agressé le 2 mars 2022 dans la salle de sports de la prison par Franck Elong Abé, un homme radicalisé de 36 ans condamné notamment dans un dossier terroriste. Le militant indépendantiste corse de 61 ans était mort trois semaines plus tard.
Au cours de ses six mois de travaux - 71 personnes entendues au cours de 37 auditions - la commission s'est intéressée au traitement carcéral de Franck Elong Abé, aux circonstances entourant l'agression et aux raisons du maintien du statut de "détenu particulièrement signalé" (DPS) d'Yvan Colonna, qui empêchait son transfert vers une prison corse. Le détenu est mis en examen pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste, et l'enquête judiciaire suit son cours.
"Prise de risque inconsidérée"
Le rapport met ainsi en parallèle la "sévérité" du traitement carcéral imposé à Yvan Colonna, notamment le refus de lever son statut de DPS malgré un "bon comportement", empêchant ainsi son transfert vers une prison corse, et les "mansuétudes" dont a au contraire bénéficié Franck Elong Abé, également DPS. Ce dernier, aussi classé TIS (pour "terroriste islamiste") et notoirement radicalisé, était parti combattre auprès de talibans en Afghanistan au début des années 2010, et avait multiplié les incidents en prison.
Selon le rapport, le détenu, qui était atteint de troubles psychiatriques, n'aurait jamais dû être placé en détention classique et encore moins travailler, seul, au contact d'autres détenus. Le document parle sur ce point d'une série d'erreurs "manifestes" d'appréciation amenant à cette "prise de risque inconsidérée". Il souligne les défaillances locales en matière de sécurité et de surveillance, en partie dûes aux manques de moyens, qui ont permis à Franck Elong Abé de s'en prendre violemment à Yvan Colonna pendant huit minutes sans être dérangé.
Ce rapport émet par ailleurs 29 recommandations, réparties en trois axes : la "réforme impérieuse" du statut de "détenu particulièrement signalé" (DPS), le "renforcement de la détection et de la surveillance des détenus radicalisés dangereux", et l'amélioration de la prise en charge de "ceux présentant des troubles psychiatriques". Elle suggère en particulier d'améliorer la coordination entre les différents services de renseignements, et de rendre obligatoire l'évaluation ou la réévaluation d'un détenu TIS avant son intégration en détention classique.
Le président de la commission Jean-Félix Acquaviva (député Liot de la Haute-Corse) et le rapporteur Laurent Marcangeli (député de la Corse-du-Sud, Horizons) tiendront une conférence de presse à l'Assemblée à 17h.
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