Les députés ont voté la création d'une commission d'enquête sur la mort d'Yvan Colonna ce mercredi 23 novembre.L'ancien militant indépendantiste corse, agressé en prison le 2 mars dernier, était mort des suites de ses blessures trois semaines plus tard.De violentes manifestations en Corse avaient suivi son agression.
La commission des Lois de l'Assemblée nationale a donné, ce mercredi, son feu vert à la création d'une commission d'enquête autour de l'agression mortelle en mars dernier d'Yvan Colonna, qui avait suscité une très forte émotion en Corse.
Le 2 mars, le militant indépendantiste corse, qui purgeait une peine de prison à perpétuité à la prison d'Arles (Bouches-du-Rhône), pour l'assassinat du préfet Claude Erignac, avait été violemment agressé dans la salle de sports par Franck Elong Abé, un homme de 36 ans qui purgeait plusieurs peines dont une de neuf ans pour "association de malfaiteurs terroriste".
Yvan Colonna est décédé après trois semaines de coma, des suites de ses blessures. La commission d'enquête devra faire la lumière sur "les conditions dans lesquelles" le meurtrier présumé "a pu bénéficier d'un classement en détention ordinaire (...) et ne pas être soumis aux étapes de détection de la radicalisation en milieu carcéral", selon la résolution du député de Haute-Corse, Jean-Félix Acquaviva. Elle souhaite également "étudier la genèse et les conditions dans lesquelles le statut de détenu particulièrement signalé a été maintenu" pour Yvan Colonna.
Plusieurs sanctions sont déjà tombées
La commission d'enquête sera composée de trente députés maximum, suivant une représentation proportionnelle des groupes à l'Assemblée, et rendra ses travaux dans un délai de six mois. "J'espère qu'elle permettra d'avancer de façon significative vers l'exigence de vérité et de justice", a réagi Gilles Simeoni, le président autonomiste du conseil exécutif de Corse.
Un rapport de l'Inspection générale de la justice (IGJ) a estimé que le surveillant, chargé de l'aile où se trouvait l'indépendantiste corse, a fait preuve d'un "net défaut de vigilance" en restant "sans aucun motif éloigné" du lieu de l'agression, qui a duré neuf minutes. L'ex-directrice de la prison d'Arles et un surveillant vont faire l'objet de "procédures disciplinaires", avait annoncé en juillet la Première ministre, Élisabeth Borne.
Des manifestations violentes en Corse avaient suivi l'agression d'Yvan Colonna en prison, faisant près de 130 blessés. Avant de se rendre sur l'île, après plusieurs jours d'émeutes, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait déclaré le 16 mars que le gouvernement était "prêt à aller jusqu’à l’autonomie" de la Corse.