JUSTICE - Le procès des trois skinheads jugés pour la bagarre mortelle avec Clément Méric, en 2013 à Paris, s’est poursuivi mercredi. De nombreuses questions subsistent, mais pour le commandant chargé de l'enquête, venu témoigner à la barre ce mercredi, la volonté des accusés "d'aller à l'affrontement" ne fait aucun doute.
Des jambes qui reculent, s’agitent, se déplacent et, au milieu de la foule qui masque le champ de vision de la caméra 44 de la gare Haussmann, un corps qui s’effondre. La bagarre a duré sept secondes : à 18h43 et 32 secondes, Clément Méric gît au sol. L’expert qui est à la barre de la cour d’assises de Paris ce mercredi soir a bien tenté de faire parler les images de vidéosurveillance projetées sur les écrans de la salle d’audience. Mais "il faudra interpréter pour comprendre", commente-t-il, résumant toute la difficulté des futurs débats.
Qui, ce 5 juin 2013, du groupe de skinheads ou d’antifascistes, a porté le premier coup ? Les "skins" étaient-ils armés de poings américains ? Combien de personnes ont frappé Clément Méric ? La vidéosurveillance, qui n’a filmé que le bas des corps des protagonistes de la bagarre fatale au jeune militant, n’a pas permis de lever les doutes. Restent les témoins dans cette rue parisienne qui grouillait de monde. Des 90 personnes interrogées pour comprendre ce qui s’est passé, "onze seulement sont des témoins oculaires", précise le commandant de la Crim' en charge de l’enquête.
"Une volonté d'aller à l'affrontement"
"Parmi ces onze témoins que je qualifie de ‘neutres’, cinq ont parlé de poings américains. Cinq personnes, ce n’est pas anodin", poursuit-il. "Ce qui semble plus facile à déterminer, c’est que c’est M. Morillo qui met le coup fatal, estime l’enquêteur. Il a lui-même reconnu avoir mis deux coups dont celui qui fait chuter Clément Méric. Sur les autres coups, je ne pourrais me prononcer".
Mais si le scénario précis de la bagarre n’est pas établi, pour le commandant de police, les circonstances et les intentions étaient claires. "Les faits auraient-ils pu être évités ? Les torts sont partagés, c’est vrai, puisqu’il suffisait à l’un ou à l’autre (des groupes) de partir", déroule-t-il. Côté antifas, "il y avait une histoire de fierté, personne ne voulait baisser sa culotte (...) Mais cette fierté, ça n’en fait pas une intention de se battre", ajoute-t-il. En d’autres termes, si Clément Méric et ses camarades sont restés à attendre les skinheads en bas de l’immeuble où se déroulait la vente privée de vêtements qui les avait réunis fortuitement un peu plus tôt, ils ne voulaient pas forcément se battre.
En revanche, selon lui, les skinheads ont choisi ce jour-là "de partir à gauche" alors que les vigiles leur conseillaient un itinéraire à droite pour éviter le groupe ennemi. "Il y a une trajectoire en diagonale et une volonté d’aller vers le groupe de Méric. Pourquoi si ce n’est pour aller à l’affrontement ?", assène le commandant.
Sur les images de vidéosurveillance, on voit les trois accusés se diriger vers le groupe "antifa". Sept secondes d’hypothèses plus tard, Clément Méric s’effondre.
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