Mort d'Yvan Colonna : pourquoi le nationaliste corse était-il en prison ?

Publié le 21 mars 2022 à 23h24

Source : JT 20h Semaine

Agressé en détention à la maison centrale d'Arles, le militant nationaliste corse est décédé ce lundi 20 mars.
Il avait été condamné à la perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998.

 Yvan Colonna, le militant indépendantiste corse condamné à la perpétuité pour l'assassinat du préfet Erignac, est mort lundi soir à Marseille, après trois semaines de coma suite à son agression en prison, un drame qui avait entraîné de violentes manifestations dans l'île. Pourquoi avait-il été condamné ? TF1info fait le rappel des faits. 

Février 1998, le préfet Claude Érignac est assassiné

Le 6 février 1998, le préfet de Corse Claude Erignac en place depuis deux ans, se rend à pied depuis sa voiture au Théâtre Le Kallisté, à Ajaccio pour voir avec son épouse le concert la "Symphonie inachevée" de Franz Schubert. Âgé de 60 ans, le haut fonctionnaire est alors atteint de trois projectiles de calibre 9 mm dont l'un tiré dans la nuque à bout portant et deux dans la tête pour l'achever à terre. L'arme, un pistolet Beretta, abandonnée sur place, avait été volée en 1997 lors d'une opération commando à la gendarmerie de Pietrosella, près d'Ajaccio. 

Cet assassinat provoque une onde de choc sur l'île de Beauté. Des dizaines de milliers d'insulaires expriment leur effroi et leur tristesse lors des plus grandes manifestations jamais organisées à Ajaccio et Bastia.

Le 9 février 1998, trois jours après le drame, un groupe anonyme revendique l'assassinat du préfet.

Colonna prend le maquis

Au cours des premiers mois d'investigation, l'enquête fait fausse route. Deux militants nationalistes sont interpellés et passeront de longs mois en prison, avant d'être relâchés. Le 30 juin 2016, une juge antiterroriste prononce un non-lieu général bénéficiant à 31 personnes. Le 27 mars 2017, l'État est condamné pour "faute lourde" à verser 100.000 euros de dommages et intérêts à neuf personnes, mises en examen en 1998.

Puis le 21 mai 1999, quatre hommes sont arrêtés et passent aux aveux. Un mandat d'arrêt est lancé contre un cinquième  : un certain Yvan Colonna. Ce dernier devient alors l'homme le plus recherché de France après avoir été accusé durant les gardes à vue d'être le tireur.

Sept nationalistes sont mis en examen fin mai 1999 : Pierre Alessandri, Alain Ferrandi, Vincent Andriuzzi, Marcel Istria, Didier Maranelli, Martin Ottaviani et Joseph Versini. Un huitième, Jean Castela, est mis en examen le 2 décembre 1999.

Six hommes condamnés

Au cours du procès de ces huit militants nationalistes à l'été 2003, devant la cour d'assises spéciale de Paris, quatre des accusés retirent leurs accusations contre Yvan Colonna. Certains d'entre eux l'avaient déjà mis hors de cause durant l'instruction.

Deux, Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, sont condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité pour assassinat. Les six autres écopent en première instance de peines allant de 15 à 30 ans pour complicité, mais deux d'entre eux seront acquittés en appel en février 2006.

Le 4 juillet 2003, Yvan Colonna est arrêté

Le 4 juillet 2003, après quatre ans de cavale, Yvan Colonna est arrêté dans une bergerie près du village d'Olmeto, dans le maquis en Corse-du-Sud. Il affirme alors n'avoir rien à voir avec l'assassinat du préfet.  Il est mis en examen pour assassinat le 5 juillet 2003.

Le 25 septembre 2004, dans un courrier à la juge d'instruction en charge du dossier, l'un des membres du commando, Pierre Alessandri, s'accuse d'avoir tiré sur le préfet.

2007, Yvan Colonna est condamné à perpétuité

Huit ans plus tard et après trois procès, celui qui affirme n'avoir "jamais tué" personne, est condamné, le 20 juin 2011 à la réclusion criminelle à perpétuité. La cour motive notamment sa décision par les mises en causes des autres membres du commando et de leurs épouses. "Yvan Colonna a tenu le rôle du tireur lors de l'assassinat", a jugé la cour.

Le "berger de Cargèse" se pourvoit en cassation, un pourvoi rejeté le 11 juillet 2012 qui rend sa condamnation définitive. Il saisit ensuite la Cour européenne des droits de l'Homme qui juge le 8 décembre 2016 irrecevable sa requête pour violation de sa présomption d’innocence.


Aurélie SARROT

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