Une ancienne infirmière du centre hospitalier de Sarreguemines, en Moselle, a obtenu la reconnaissance de son cancer du sein en maladie professionnelle.Une première, selon la CFDT, qui pourrait faire office de jurisprudence.
À 62 ans, Martine* vient d'obtenir gain de cause. Cette infirmière, au Centre Hospitalier de Sarreguemines (Moselle), aujourd'hui à la retraite, a obtenu en janvier dernier la reconnaissance de son cancer du sein comme maladie professionnelle. L'annonce a été faite il y a quelques jours par la CFDT mineurs de la région qui avait été alertée de sa maladie et de son parcours.
"Martine a travaillé dans les services de cardiologie et de gynécologie sarregueminois de 1981 à 2009. Dans son cas, le travail de nuit constitue le principal facteur de risque. Infirmière durant vingt-huit ans, elle a comptabilisé 873 nuits, soit au moins une par semaine", explique ce lundi la CFDT Mineurs de Lorraine à TF1info. "Cela diminue la sécrétion de mélatonine, un anti-cancérogène, les salariés étant exposés à une forte lumière. En 2009, elle a été prise en charge pour son cancer du sein. Il vient d'être prouvé que 'son travail posté d’infirmière a pu contribuer à l’émergence du cancer du sein', comme le souligne le compte rendu de l’expertise médicale. C'est une première et, pour nous comme pour elle, c'est une victoire !"
Le syndicat espère que cette décision rendue par le tribunal administratif et le tribunal judiciaire pourra bientôt faire jurisprudence.
De nombreuses études attestent de liens de causalité
La CFDT des mineurs rappelle par ailleurs que de très nombreuses études françaises et internationales font le lien entre le cancer du sein et des expositions professionnelles, telles que "le travail de nuit, les rayonnements ionisants, l'oxyde d'éthylène, ou encore les perturbateurs endocriniens".
En 2018, le syndicat avait lancé une enquête-action sur la reconnaissance du cancer du sein comme maladie professionnelle en diffusant des questionnaires dans des dizaines d’hôpitaux de Moselle et d’Alsace. Une démarche qui lui a permis d'entrer en contact avec des centaines de femmes concernées. "Quatre d’entre elles sont arrivées au terme de l’instruction : deux auprès de la CPAM et deux auprès de la caisse des hôpitaux publics", nous indique la CFDT, déplorant que Martine soit la seule à avoir pour l'instant obtenu une reconnaissance.
Si l'ancienne infirmière ne souhaite pas témoigner aujourd'hui, le syndicat nous précise qu'elle a fait le choix d'agir "pas pour elle mais pour tous les malades". Et d'ajouter : "Elle voulait que la lumière soit faite sur le lien qui pouvait être fait entre les conditions de travail et la maladie. (...) C'est aujourd'hui chose faite."
Selon l’Institut national du cancer (INCa), on estime à 382.000 le nombre de nouveaux cas de cancer pour l'année 2018 en France métropolitaine, 204.600 chez l’homme et 177.400 chez la femme. Les plus fréquents chez l’homme sont ceux de la prostate (50.400 nouveaux cas en 2018), du poumon (31.200 cas), ainsi que le cancer colorectal (23.000 cas). Chez la femme, le cancer du sein est le plus fréquent (58.500 cas), suivi du cancer colorectal (20.100 cas) et du poumon (15.100 cas). De nouvelles données sont attendues au cours du premier semestre 2023.
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