DOUBLE JEU - A la maison d'arrêt de Lille-Loos-Sequedin, une détenue a reçu la visite de sa sœur jumelle. Elles ont tenté d’échanger leur place.
Le scénario est digne d’un film. Et tellement tiré par les cheveux, que cela parait irréalisable. Et pourtant. Samedi dernier, à la maison d’arrêt de Lille-Sequedin dans le Nord, deux sœurs jumelles, dont l’une était emprisonnée, ont tenté d’inverser leurs rôles. Une manœuvre appelée "tentative d’évasion par substitution."
Leur technique était visiblement très préparée. A l’heure des visites au parloir, la détenue, âgée de 19 ans, et pour des vols en réunion, vol par ruse, et recel reçoit la visite de sa sœur. A part leur tee-shirt, toutes deux sont habillées quasiment pareil : basket, bas de survêtement. Elles ont la même coupe de cheveu. Les agents en poste observent les faits, tiquent un peu, et y prêtent un peu plus d’attention. "Leur comportement a alerté. Mêmes chaussures, mêmes survêtements... Ça sentais un peu l’histoire louche", raconte Benoit Normand, secrétaire local de l’Ufap Unsa Justice. Echanger les rôles... Trop rocambolesque pour être vrai ? "C'est déjà arrivé, ça a déjà marché, une fois, dans un établissement français", raconte le syndicaliste.
Inversion des rôles
Le surveillant décide de marquer la main de l’une d’elle d’une croix. Technique ancienne, mais qui a fait ses preuves. Et les laisse, dans le parloir. Il prévient tout de même qu’au moindre souci, il mettrait un terme à la visite. Dans la maison d’arrêt de Lille-Loos-Sequedin, les parloirs sont des boxs individuels, équipés d’une porte fermée, et d’un carreau, qui permet au surveillant dans le couloir de regarder. "Mais il n’y a pas un surveillant derrière chaque porte, car il surveille toute une travée, et "est entre les détenus et la famille", explique Benoit Normand. Le parloir est donc sans dispositif de séparation, entre le détenu et sa visiteuse, ces dispositifs n’étant utilisés que comme mesure de sanction.
Et à un moment, la surveillante responsable de la travée suspecte que les deux sœurs sont en train d’échanger bijoux et vêtements. Décision est prise de mettre un terme à la visite. Mais laquelle est laquelle ? Qui part, qui reste en prison ? Pour vérifier les identités, les agents procèdent à un contrôle biométrique. Mais là, surprise : l’appareil certifie les deux jumelles positives pour le même numéro de cellule... "L’appareil, si fiable, a certifié les deux jumelles positives pour le même numéro d’écrou", ironise l’Ufap dans un communiqué. Erreur de la machine ? Ou vraie gémellité ? Difficile à savoir. Les agents finissent par comparer les empreintes digitales, qui sont notamment prises lors de l’écrou de la prisonnière. Toutes deux ont fini le périple en garde à vue.
L'histoire a failli partir en "gros couac", estime le syndicat Ufap, qui rapporte les faits. "Heureusement que les agents ont fait preuve de professionnalisme et leur vigilance", estime Benoit Normand. "Car si on n’avait pas vérifié les deux au contrôle biométrique, on aurait pris la première qui serait passée. On n’aurait pas dû avoir ce problème !" Le syndicat demande "que les moyens de bien travailler soient donnés au service parloir", rappelant - toujours ironiquement - que la technique, peut parfois s’avérer défaillante... Car avant, étaient utilisés des tampons encreurs, qui sont aujourd’hui "détériorés" dans la maison d’arrêt. "Rappelons qu’une commande de tampon encreur adapté a pourtant été faite il y a plusieurs mois avec pour seule réponse : 'Ca ne se trouve pas et il faut se baser sur la biométrie, c’est beaucoup plus fiable'", rappelle le syndicat. Oui, mais visiblement, le coup de stylo, ça marche aussi...
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