Nouvelle-Calédonie : l'affaire du chef de la gendarmerie, condamné et promu, provoque l’indignation

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Publié le 19 août 2021 à 13h22, mis à jour le 19 août 2021 à 13h36
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Source : Neydtstock / iStock

POLÉMIQUE – Un colonel a été promu à la tête de la gendarmerie de Nouvelle-Calédonie en juillet après avoir été condamné un mois plus tôt pour violences conjugales. Suite aux révélations de Mediapart, des élus demandent son départ immédiat.

La nouvelle a produit une onde de choc en Nouvelle-Calédonie. D’après une enquête du site Mediapart publiée mercredi 18 août, un colonel tout juste promu sur l’île a été condamné en appel un mois plus tôt pour des violences commises sur son épouse. Ainsi, Eric Steiger a été nommé commandant de la gendarmerie du Territoire le 8 juillet dernier, un poste de numéro un, après une année passée en tant que second. 

Or, ce dernier a été condamné à deux reprises par la justice pour des violences physiques et psychologiques commises entre novembre 2017 et juin 2018 sur sa conjointe. Sa dernière condamnation date du 28 mai, quelques semaines avant sa promotion donc, par la cour d’appel de Paris qui a réduit sa peine à 6000 euros d’amende. Le gendarme a alors reconnu les faits à l’occasion de ce deuxième jugement.

Pas d'obstacle à une promotion, selon la DGGN

La victime a expliqué au site d’investigation avoir écrit à Marlène Schiappa, ministre de la Citoyenneté au sein du ministère de l’Intérieur et ancienne ministre de l’égalité hommes-femmes, afin de l’alerter de la situation ubuesque et de sa plainte déposée en juin 2018 suivie de cette condamnation (à six mois de sursis en première instance). 

Une lettre restée sans réponse. Cela étant, la promotion du gendarme a été assumée par la Direction générale de la gendarmerie nationale et aucune enquête disciplinaire n’aurait été menée. Interrogée par Mediapart, l’institution explique que "la décision ne faisait pas obstacle à ce que la DGGN nomme l’intéressé sur son poste actuel".

Aucun dépositaire de l’autorité publique ne peut continuer à exercer ses fonctions quand il se rend coupable de tels agissements

Thierry Santa, ancien président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie

Depuis, l’affaire a pris un tournant politique dans le département d’Outre-mer avec la réclamation du départ d’Eric Steiger par plusieurs élus locaux et responsables politiques. Sonia Backès, présidente de la province Sud de Nouvelle-Calédonie, a indiqué sur Facebook avoir "signalé cette nuit aux plus hautes autorités de l’État que cette fonction était incompatible avec ce type de délit et qu’il fallait au plus vite prendre la décision de renvoyer ce colonel en métropole". 

Trois élus se sont joints à sa démarche. Dans un communiqué, les députés Philippe Gomes, Philippe Dunoyer et le sénateur Gérard Poadja (centre-droit) ont estimé que la condamnation du colonel gendarme le "disqualifiait (….) pour exercer les responsabilités de commandant des forces de gendarmerie en Nouvelle-Calédonie". 

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Dans la foulée, Thierry Santa, ancien président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, a appelé l’État à une "exigence d’exemplarité des dépositaires de l’autorité publique" et considéré qu’"aucun dépositaire de l’autorité publique ne peut continuer à exercer ses fonctions quand il se rend coupable de tels agissements". 

À son tour, Calédonie Ensemble a réagi à l’affaire. Dans un communiqué partagé par La 1ère, le parti affirme que "cette décision de justice le disqualifie pour exercer les responsabilités de Commandant des Forces de Gendarmerie de Nouvelle-Calédonie". Une conséquence directe, selon lui, de la déclaration récente de Gérald Darmanin selon laquelle "tout gendarme condamné pour violences conjugales ne devait plus être en contact avec le public, dans l’attente du conseil de discipline".


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