ÉNIGME JUDICIAIRE - En conférence de presse, jeudi, Me Sylvie Noachovitch a indiqué avoir déposé une nouvelle demande en révision du procès d'Omar Raddad pour le meurtre de Ghislaine Marchal en 1991.
Vingt ans après les faits, le camp d'Omar Raddad mène toujours le combat. Ce jeudi 24 juin, Me Sylvie Noachovitch, son avocate, a déposé une demande en révision du procès de son client, condamné en 1994 pour le meurtre de Ghislaine Marchal trois ans plus tôt. Elle a estimé, lors d'une conférence de presse, que les éléments nouveaux qu'elle apporte "sont suffisamment forts pour qu'il y ait révision".
Elle a d'abord rappelé qu'"en 2001, la Commission de révision a révélé de nombreuses erreurs commises dans le cadre de l'instruction et de l'enquête." Dans le cadre de la même commission "des experts ont affirmé avec force qu'on ne pouvait en aucun cas identifier l'écriture de Madame Marchal et qu'on ne pouvait nullement identifier un auteur, quel qu'il soit", a poursuivi l'avocate, considérant que "cet élément nouveau extraordinaire aurait dû pencher en la faveur d'une révision."
"Des éléments nouveaux extrêmement importants"
Par ailleurs, "deux ADN avaient été retrouvés mélangés au sang de la victime à l'époque. La commission de révision, en 2001, voulait donc cette révision. L'avocat général avait requis, également, la révision, en raison du doute qui existait à l'époque", mais un nouveau procès avait été refusé à Omar Raddad.
Dès lors, Me Sylvie Noachovitch est aujourd'hui "heureuse d'annoncer qu'elle détient des éléments nouveaux extrêmement importants qui sont des preuves scientifiques", a-t-elle expliqué ce jeudi, rappelant que "des expertises sont toujours en cours au parquet de Nice" et que "les éléments nouveaux sont suffisamment forts pour qu'il y ait révision".
"Au nom des droits de l'homme, je vous demande à tous de soutenir Omar Raddad, d'être avec nous. Parce qu'un homme innocent se bat pour prouver son innocence et prouver qu'il est inadmissible que la justice ait inscrit à son casier judiciaire une condamnation", a aussi déclaré l'avocate d'Omar Raddad, avant de se prononcer publiquement au nom de son client sur la notion d'ADN de pollution.
Car dans ce dossier, un rapport de 2019 rendu public cette semaine par Le Monde révèle qu'une expertise a conclu en faveur de l'hypothèse d'un dépôt des empreintes au moment des faits, et non d'une "pollution" ultérieure, notamment par les enquêteurs. Il s'agit de 35 traces d'un ADN masculin n'appartenant pas au jardinier marocain.
"Omar Raddad ne veut plus entendre parler du prétexte des ADN de pollution. (...) La vérité judiciaire, c'est de savoir à qui appartiennent ces ADN. Toute personne qui dira que ce dossier ne tient pas la route parce qu'on ne saurait pas de quand datent ces ADN sera considérée comme de mauvaise foi", a indiqué l'avocate, estimant qu'"en 2021, la justice ne doit pas accepter ces erreurs grossières." "Omar Raddad a confiance en la cour de révision", a-t-elle finalement expliqué.
Condamné, en 1994, pour le meurtre de Ghislaine Marchal, à 18 ans de réclusion, sans possibilité de faire appel à l'époque, Omar Raddad avait bénéficié d'une grâce partielle du président Jacques Chirac, puis d'une libération conditionnelle en 1998. Une première requête en révision avait déjà été déposée le 27 janvier 1999 par Me Jacques Vergès. La commission de révision, composée de magistrats de la Cour de cassation, avait alors ordonné de nouvelles expertises, graphologiques et génétiques. Le 20 novembre 2002, la Cour avait néanmoins pris le contrepied de la Commission et rejeté la demande d'un nouveau procès.
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info