Un homme âgé de 31 ans comparait jusqu'à jeudi devant la cour d'assises de Paris pour "viol commis en état d'ivresse".Les faits se sont déroulés près des Halles à Paris, dans la nuit du 17 au 18 septembre 2020.La victime, née en 1999, a tourné une partie de son agression avec son téléphone portable.L'accusé a été condamné jeudi soir à 12 ans de réclusion criminelle.
C'est une vidéo insoutenable qui a été diffusée ce mardi devant la cour d'assises de Paris. Cette vidéo de 7 minutes 15 secondes a été tournée par une jeune femme, Louise*, dans la nuit du 17 septembre 2020. Ce soir-là, la jeune femme alors âgée de 21 ans a passé la soirée avec des collègues de travail avant de rejoindre une amie avec qui elle a bu quelques verres, dans le quartier des Halles.
Vers 2h30, elle décide de regagner son domicile situé dans le même quartier à pied. Un premier homme l'accoste, puis un second, casquette sur la tête et veste en cuir sur le dos. Ce deuxième individu ne la lâchera pas, tentant l'embrasser sur son chemin, avant de la plaquer contre la grille d'un restaurant, de l'agresser sexuellement, de la raccompagner chez elle et de la violer. Louise a déposé plainte quelques heures plus tard.
Interpellé le 1er octobre 2020 et mis en examen à l'issue de sa garde à vue pour "viol en état d'ivresse manifeste", cet homme, âgé de 31 ans, originaire du Congo et père de deux enfants en bas âge, est jugé depuis ce mardi devant la cour d'assises de Paris.
Au premier jour de son procès, l'accusé, a été confronté aux images tournées par la victime avec son téléphone portable lors des premières minutes de son agression, dans un coin isolé sur la voie publique. Il a souvent gardé la tête baissée dans le box.
"Laisse-moi passer putain!"
Sur la vidéo, l'agresseur présumé apparaît face à Louise. Celle-ci est contre un rideau métallique. À plusieurs reprises, la jeune femme lui dit :"Laisse-moi passer putain !". "Regarde, touche d'abord, touche ! Tu vois". L'individu saisit le poignet de Louise et dirige sa main vers son sexe. "Mais quoi qu'est-ce que tu fais ? Arrête !" demande la jeune femme.
Louise le repousse, répète qu'elle veut rentrer chez elle. Lui, insiste. "Te laisser comme ça c'est trop dangereux", lui dit-il en référence à son état d'ébriété. "Lui, il allait te violer", poursuit-il, dénonçant le premier homme qui l'avait accostée. Il lui propose même de lui commander un VTC pour rentrer, ou de l'accompagner au commissariat.
Louise lui dit qu'elle habite à côté, qu'elle veut juste rentrer. "Je te fais juste des bisous et je m'en vais", insiste son interlocuteur. La jeune femme se met à sangloter puis lâche "Non ! Stop ! Stop !". 'Laisse-moi juste prendre du plaisir et je pars" lâche l'homme. "Non" répète en vain Louise. L'individu lui dit alors qu'il est "excité", qu'il a "un gros truc". "Ce qui est sûr, c'est que si je te fais l'amour, tu ne voudras plus jamais me lâcher", se vante-t-il, pantalon ouvert. "Je ne veux pas que tu me fasses l'amour, je veux juste rentrer chez moi", implore Louise.
L'individu ne veut rien savoir. Profitant de la vulnérabilité de la jeune femme, il la raccompagne chez elle, monte, la contraint à une relation sexuelle, digitale et pénienne, et repart 20 minutes plus tard, en attestent les images extraites des caméras de vidéosurveillance de la ville de Paris.
"Une agression aussi violente, j'en ai rarement vu"
Face aux enquêteurs qui l'ont interrogé en garde à vue, le suspect a reconnu une "drague insistante" mais a assuré que la victime était "consentante sur la relation sexuelle" chez elle. Louise le conteste formellement.
Entendu par la cour d'assises de Paris ce mardi, un officier de police judiciaire a rappelé que l'accusé avait, avant et après les faits, abordé deux autres jeunes, une à 2h11 et une autre à 3h19. "C'est un signe de dangerosité. Il y a une frénésie sexuelle", commente le policier à la barre.
Pour lui, la vidéo montre bien la victime "dire non à cet homme de toutes les manières possibles et imaginales". "On sent qu'elle est piégée. Il n'y a aucune ambiguïté, il savait parfaitement qu'elle n'était pas consentante, il est passé outre".
"Une agression aussi violente, j'en ai rarement vu, elle a eu un réflexe de survie en filmant, je n'ose pas imaginer ce qu'il se serait passé si elle n'avait pas filmé. Cela nous a permis de l'interpeller rapidement, cette vidéo est la clé de toute cette procédure", reconnait par ailleurs l'officier de police judiciaire depuis 8 ans.
"Je suis prêt à payer pour ça. J'ai honte, moi"
Louise, depuis ces faits, a un syndrome "post-traumatique avéré". Présente dans la salle, elle a souvent détourné le regard quand la vidéo a été diffusée sur les écrans ce jour. L'expert psychologue qui l'a vue a évoqué devant la cour le "stress", "l'anxiété", "l'hypervigilance" mais aussi le "sentiment de honte" et le "sentiment de salissure" de la victime.
Interrogé à la fin de l'audience par la présidente sur son impression après le visionnage des images, l'accusé explique être "choqué par la vidéo". "Je suis ici surtout pour elle (Louise) si ça peut l'aider à sa reconstruction, lui rendre sa dignité. Je suis humain, je ne suis pas un monstre. Je suis au plus profond de moi désolé et, si elle veut l'entendre, je lui demande vraiment pardon. Je suis prêt à payer pour ça. J'ai honte moi", argumente-t-il.
"Ces images, c'est odieux. J'ai totalement tort dans cette histoire. Si elle a dit qu'elle n'était pas consentante, je pense qu'elle ne l'était pas", poursuit-il encore, contestant toujours à ce stade du procès le crime de viol. "Ce qui est sûr, c'est que je n'ai pas souvenir de l'avoir violée", conclut-il.
L'accusé a été condamné jeudi soir à 12 ans de réclusion criminelle avec interdiction définitive du territoire français. L'avocat général avait requis 14 ans de prison.
* Le prénom a été modifié.
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