Paris : le gérant d’un salon afro condamné à un an de prison ferme pour "traite d’êtres humains"

Publié le 8 février 2018 à 21h21
Paris : le gérant d’un salon afro condamné à un an de prison ferme pour "traite d’êtres humains"
Source : AFP

JUSTICE - Des salaires inférieurs de 40% au SMIC, des conditions de travail illégales, une hygiène douteuse. L'ancien gérant d'un salon de coiffure, au cœur de Paris, a été condamné pour "traite d’êtres humains". Une première.

Les dix-huit employés du salon de coiffure afro du boulevard de Strasbourg, dans le 10ème arrondissement de Paris, ont obtenu gain de cause. Leur ancien patron a été condamné ce jeudi pour "traite d’êtres humains". Verdict : deux ans de prison, dont un an ferme et plusieurs milliers d’euros d’amende.

L’affaire ne date pas d’hier, en 2014, les salariés de ce petit salon avaient tiré la sonnette d’alarme en se lançant dans une grève. 17 d’entre eux étaient en situation irrégulière, tous travaillaient 10 heures par jour sans pause, six jours par semaine et pour un salaire de misère. Payés à la tâche (pour une manucure ou un défrisage, par exemple), ils recevaient environ 1,43 euro de l’heure, une somme qu'ils peinaient bien souvent à obtenir. Leur calvaire, ils l'ont détaillé lors d’un procès en décembre dernier, face à leur ancien "bourreau" : le gérant du salon "New York Fashion", Mohamed Bamba.

La présidente de la 31e chambre du tribunal correctionnel a jugé que les employés, en situation irrégulière, se trouvaient "en situation de vulnérabilité". Ils "ne pouvaient pas démissionner au risque de perdre des salaires non encore versés ou fréquemment retardés", a-t-elle ajouté. 

Une peine exemplaire

"D'habitude, la condamnation pour 'traite d'êtres humains' est liée à du proxénétisme ou à de l'esclavage domestique. A ma connaissance, c'est la première fois que le tribunal reconnaît dans un contexte de travail collectif au sein d'une entreprise que des salariés ont été soumis à une traite d'êtres humains", s’est félicité de son côté Maxime Cessieux, l'avocat des plaignants - les employés et la CGT, qui les accompagnait - auprès de nos confrères de l’AFP. 

Hélène Bidard, adjointe PCF à la maire de Paris, en charge de la lutte contre les discriminations a souligné une "première historique": "C'est désormais une jurisprudence qui doit nous permettre de faire valoir le droit du travail partout à Paris, capitale des droits humains", indique celle qui était témoin lors du procès, dans un communiqué.

Interdiction de gérer un établissement

Outre sa peine de prison, Mohamed Bamba devra verser 1.500 euros de dommages et intérêts à chacune des 19 parties civiles, la CGT et les 18 employés. Par ailleurs, il devra payer plusieurs milliers d'euros d'amendes pour des infractions relatives aux conditions de travail et de sécurité et a dorénavant interdiction de fréquenter le 10e arrondissement de Paris pendant trois ans. La gestion d’un établissement lui est également désormais interdite.

Cet ancien gérant avait déjà été condamné en novembre 2016 à deux ans de prison, dont un avec sursis, notamment pour travail dissimulé. Il était alors en fuite et avait fait opposition du jugement.


La rédaction de TF1info

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