Paris : ce que l'on sait sur le refus d'obtempérer qui a fait deux morts et un blessé, touchés par des tirs de policiers

Thomas Guichard avec l'AFP
Publié le 25 avril 2022 à 1h39, mis à jour le 28 avril 2022 à 9h40

Source : TF1 Info

Des agents de police ont tiré sur un véhicule lors d'un contrôle à Paris, dans la nuit de dimanche à lundi.
Deux individus sont décédés, une troisième est blessé.
À bord de leur voiture, ils auraient tenté de percuter des policiers sur le Pont-Neuf, en plein centre de la capitale.

Les faits se sont déroulés sur le Pont-Neuf, en plein centre de la capitale, à la pointe de l'île de la Cité vers 23h50. Des policiers ont tiré, dans la soirée du dimanche 24 avril, sur un véhicule qui a tenté de les percuter. Deux occupants du véhicule, âgés de 25 et 31 ans, sont décédés, un troisième est blessé selon une source policière à TF1/LCI. Ce passager, un homme âgé de 42 ans qui était assis à l'arrière, a été touché aux membres inférieurs et supérieurs et saignait abondamment du bras. Il est toujours hospitalisé à la Pitié Salpêtrière sans que son pronostic vital soit engagé, selon nos informations. Cet homme est inconnu de la police et de la justice, contrairement aux deux victimes, connues pour infraction à la législation sur les stupéfiants.

Le policier, armé d'un fusil d'assaut, a été entendu dans la nuit de dimanche à lundi, vers 4h30, au siège de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), systématiquement saisie dès qu'un agent fait usage de son arme, d'après un rapport de police consulté par l'AFP. Les quatre collègues du tireur ont, eux, été conduits dans les locaux de la police judiciaire parisienne, saisie de l'enquête pour "tentatives d'homicide sur personnes dépositaire de l'autorité publique".

Tentatives d'homicide sur personnes dépositaire de l'autorité publique

La voiture - une Volkswagen Polo de couleur sombre, immatriculée à Paris - aurait été découverte garée à contresens Quai des Orfèvres, selon nos informations.  De loin, les cinq policiers affectés à l'unité mobile d'intervention et de protection (UMIP) rattachés à la DOPC (direction de l'ordre public et de la circulation) ont observé la scène. Ils ont vu un homme qui discutait avec les deux occupants du véhicule. 

Cet homme, debout sur le trottoir, va alors monter à l'arrière du véhicule. Sur le procès-verbal de la police, c'est l'addition de ces "comportements" qui a justifié le contrôle. C'est à ce moment-là que le véhicule aurait foncé sur les deux policiers présents. L'un d'eux se serait écarté à temps, alors que l'autre, un jeune agent dans la police depuis deux ans, aurait ouvert le feu sur la voiture. 

Selon une source proche de l'enquête, l'équipage constitué de cinq policiers a décidé de se positionner autour de la voiture. Deux se positionnent devant (dont le futur tireur qui a en main le fusil d'assaut) pendant que les trois autres prennent place autour, conformément aux techniques d'intervention sur la voie publique. C'est une femme, cheffe de cet équipage pédestre, qui mène le contrôle. C'est à ce moment que véhicule démarre, la policière est fauchée.

Tard dans la nuit, un important dispositif policier était en place et des agents s'affairaient notamment autour de deux corps à terre, recouverts d'un drap blanc, à la lumière des lampadaires. L'un repose sur le trottoir, l'autre sur la chaussée. Selon nos informations, le véhicule n’était pas volé, ni recherché. Son propriétaire est un homme domicilié dans le 20ème arrondissement de Paris. La procureure de Paris Laure Beccuau est arrivée vers 1h30 sur place, a constaté un journaliste de l'AFP. 

Une transaction de drogue ?

Selon une source policière sollicitée par TF1/LCI, le scénario privilégié est celui d'une transaction de drogue qui aurait été interrompue par l'arrivée des policiers. L'individu blessé dit ne pas connaître les deux autres. Pourtant, une source proche de l'enquête a indiqué que les personnes à l'avant de la voiture étaient des vendeurs et la personne à l'arrière, un potentiel acheteur. 

D'après le témoignage d'une source du parquet de Paris interrogée par TF1/LCI, des investigations techniques et scientifiques ont également été sollicitées afin de mettre au jour les circonstances des tirs susceptibles d'avoir entraîné la mort et les blessures des occupants du véhicule. 

Un chauffeur de taxi aurait été témoin de la scène et il aurait confirmé la légitime défense évoquée par les fonctionnaires de police. Selon nos informations, au moins 10 coups de feu auraient été tirés.

Un autre témoin interrogé par l'Agence France-Presse dit avoir entendu tirer "quatre balles". Ce touriste égyptien se trouvait sur la terrasse de l'hôtel du Cheval blanc, située en haut du grand magasin de la Samaritaine, avec vue sur la Seine, quand les faits se sont produits. "Quand j'ai regardé, j'ai vu un homme courir dix à quinze mètres, a-t-il décrit. Puis, il s'est écroulé. Apparemment, il n'était pas le conducteur, c'était un passager".


Thomas Guichard avec l'AFP

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