Pédopornographie : quel est ce logiciel américain qui a permis 65 interpellations en France ?

C.A.
Publié le 8 octobre 2020 à 15h25, mis à jour le 8 octobre 2020 à 20h29

Source : TF1 Info

CYBERTRAQUE - 65 hommes soupçonnés d’avoir consulté de façon régulière des contenus pédopornographiques sur internet ont été interpellés cette semaine lors d'une opération policière de grande ampleur. Leur arrestation a été rendue possible grâce à un logiciel américain. LCI vous en dit plus sur celui-ci.

Il s'agit d'une opération d'une ampleur inédite. D’après nos informations, 65 hommes ont été interpellés dans toute la France par l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) de la police judiciaire française. Soupçonnés d’avoir consulté de façon régulière au cours des derniers mois des contenus pédopornographiques sur la toile, ils ont pour beaucoup ont été identifiés, dans un premier temps, grâce à l’aide des autorités américaines. Un logiciel informatique - utilisé notamment par le FBI (Federal Bureau of Investigation) - permet chaque année de détecter près de 100.000 connexions dans l’Hexagone à des sites à caractère pédopornographique. LCI vous en dit plus sur ce logiciel.

Comment fonctionne ce "Child protection system"

Baptisé Child Protection System (CPS), le logiciel a été développé il y a une dizaine d'années par l'association américaine à but non lucratif Child Rescue Coalition pour surveiller les pédocriminels en ligne. Il permet d'identifier et de géolocaliser en temps réel les adresses IP utilisées pour consulter du contenu pédopornographique. Mise à la disposition des forces de l'ordre gratuitement, l'outil est utilisé dans 95 pays et permet d'identifier chaque année dans le monde 30 à 50 millions de d'adresses IP suspectes.

Il revient ensuite aux enquêteurs de découvrir qui se cache derrière ces adresses en contactant notamment les fournisseurs d'accès à internet afin d'obtenir un nom. Pour autant, le titulaire de cette adresse n'est pas forcément l'auteur de ces recherches, qui peuvent par exemple avoir été faites dans un cybercafé. Mais pour Dennis Nicewander, substitut du procureur dans le comté de Broward (Floride) interviewé par NBC News, cet outil, utilisé par le FBI, a révolutionné la lutte contre la pédocriminalité. Sur la dernière décennie, il a poursuivi en justice environ 200 personnes de sa région identifiées grâce à CPS. "Cela a rendu le processus de recherche tellement automatique et simple que les gars sont juste assis là à attendre d'être arrêtés", ironise-t-il. Depuis sa création de ce logiciel, il a rendu possible l'arrestation de plus de 12.500 personnes dans le monde.

Comment le logiciel est utilisé en France

Le personnel de l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) de la police judiciaire française, ainsi que la Brigade de protection des mineurs, ont été formés à l'utilisation de ce logiciel en 2016. Grâce à lui, l'OCRVP identifie chaque année environ 100.000 connexions à des sites à caractère pornographique mettant en scène des mineurs dans l’Hexagone. Ce jeudi matin, le logiciel montrait encore des centaines de connexions en région parisienne.

"Et une connexion ne veut pas dire un seul fichier téléchargé", nous précise le commandant Véronique Béchu, au sein de l'ORVP, l'office à l'origine du coup de filet opéré cette semaine en France. "Une connexion peut valoir un fichier téléchargé ou 10.000, 100.000…"  Sur son ordinateur, elle nous montre l'exemple d'un adresse IP par laquelle ont été téléchargés près de 87.000 fichiers pédopornographiques. "Compte tenu de la catégorisation des fichiers qui est assez explicite, nous avons ouvert une enquête pour réussir à identifier l’individu", précise-t-elle. En ciblant une adresse IP, les agents de l'OCRVP sont capables de consulter les fichiers téléchargés. Commence alors un travail de recherche pour déterminer la personne est l’auteure de ces images ou a participé aux viols et attouchements perpétrés sur des mineurs. Dans le cadre des arrestations menées par l'ORVP ces derniers jours, quatre personnes ont déjà reconnu des viols.


C.A.

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