Alors que le verdict du procès des attentats du 13-Novembre approche, les avocats de Salah Abdeslam se sont élevés contre la peine requise, jugée "cruelle".Ils cherchent à éviter que le trentenaire soit condamné à la prison à vie.Le renoncement de dernière minute d'Abdeslam a été mis en avant pour tenter de convaincre la cour.
Mobilisée lors du procès des attentats du 13-Novembre, la défense de Salah Abdeslam a cherché, vendredi, à lui éviter de finir ses jours derrière les barreaux avec une condamnation à la prison à vie. Le seul membre encore en vie des commandos n'est "pas un psychopathe" et ne devrait pas se voir condamné à "une peine de mort sociale", ont plaidé ses avocats.
Un argumentaire qui fait écho aux réquisitions du Parquet national antiterroriste (Pnat), qui a sollicité pour le Français de 32 ans la peine la plus lourde prévue par le code pénal, à savoir la réclusion criminelle à perpétuité incompressible. Très rare, elle rend infime l’éventualité d’une libération future.
Un "exécutant déserteur" qui n'a "pas tué"
Dans l’histoire judiciaire française, une telle condamnation n'a été prononcée qu’à quatre reprises, a souligné Me Olivia Ronen, l'une des avocates de Salah Abdeslam. Et ce, à chaque fois suite à des crimes commis sur des mineurs par des hommes qui avaient été reconnus "psychopathes au sens psychiatrique du terme", a-t-elle relevé.
Or, Salah Abdeslam n'est "ni psychopathe ni sociopathe", a insisté l’avocate. Elle l’a ainsi présenté comme un "exécutant déserteur" qui n'a "pas tué", avant de revenir, aidée par son confrère Me Martin Vettes, sur "l'évolution" du trentenaire lors du procès. Durant les dix mois d'audience, l’homme qui se présentait initialement comme un "combattant de l'État islamique" a été "capable de quitter cette carapace qu'il s'était consciencieusement construite en détention", ont glissé les avocats. Ajoutant qu’il avait présenté, en larmes, des excuses "sincères" à l'ensemble des victimes des attentats.
La défense a jugé la peine requise "démesurée, cruelle", estimant que le parquet souhaitait sanctionner Abdeslam "comme un symbole". Une position digne d'un "tribunal militaire" qui juge des "ennemis" et non "des accusés", a lancé Me Vettes. Ce dernier a regretté que l’accusation sollicite "une peine de mort sociale", à l’encontre de son client.
Un renoncement qui laisse perplexe
Présent dans le box, Salah Abdeslam a gardé les bras croisés, fixant ses avocats des yeux. Au cours des débats, il a répété avoir "renoncé" à tuer le soir du 13 novembre 2015, refusant "par humanité" d'actionner la ceinture explosive qu’il portait sur lui.
Un élément sur lequel la défense a insisté : "Recrue de dernière minute" de la cellule jihadiste, il a fait face à "une morsure de la conscience", ont expliqué les avocats. Un renoncement qui constitue une "donnée essentielle", ont-ils souligné, et "qui devra peser" sur le verdict final. L'accusation, au cours du procès, n’a toutefois jamais été convaincue par le récit présenté à l'audience par Salah Abdeslam, privilégiant la thèse d'un dysfonctionnement de son gilet explosif.
La défense a souhaité que la cour prenne le temps de se poser une question essentielle : "Est-ce qu'un jour cet homme pourra revenir dans la société, ou est-il définitivement perdu ?" Abdeslam, à l’audience, assurait ainsi ne présenter "aucun danger pour la société". Le procès se poursuivra lundi à partir de 9h30, avec les derniers mots des accusés. Le verdict, quant à lui, est attendu le 29 juin en fin de journée.