Procès d'Hélène Pastor: Eric Dupond-Moretti n'a pas trahi le principal accusé, selon des lettres

Publié le 27 octobre 2021 à 23h59
Procès d'Hélène Pastor: Eric Dupond-Moretti n'a pas trahi le principal accusé, selon des lettres
Source : AFP

JUSTICE - Des lettres saisies mardi ont indiqué que l'avocat Eric Dupond-Moretti, actuel ministre de la Justice, n'avait pas trahi le principal accusé lorsqu'il avait plaidé coupable en son nom au premier procès.

Des dizaines de lettres qui sauvent l'honneur du garde des Sceaux. Le procès en appel de l'assassinat d'Hélène Pastor, une milliardaire monégasque, a révélé ce mercredi 27 octobre que l'avocat Eric Dupond-Moretti n'avait pas trahi le principal accusé lorsqu'il avait plaidé coupable en son nom au premier procès.

Pour comprendre ce rebondissement, il faut remonter à 2018. À l'époque, Wojciech Janowski, ancien consul honoraire de Pologne à Monaco, avait été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Et ce, pour avoir commandité les assassinats en 2014 de sa belle-mère, la milliardaire monégasque Hélène Pastor, et de son homme de confiance, Mohamed Darwich.

Me Dupont-Moretti l'aurait "trahi"

À l'ouverture de ce nouveau procès devant la cour d'assises d'appel des Bouches-du-Rhône, il avait crié au "complot", clamant son innocence et assurant que son ancien avocat, Me Dupond-Moretti, l'avait "trahi" en plaidant coupable contre son gré à la fin du premier procès. Des accusations "graves" pour le président de la cour, Patrick Ramaël, qui avait saisi de façon tout à fait exceptionnelle le Premier ministre, Jean Castex, pour lui demander à pouvoir entendre le Garde des Sceaux en qualité de témoin.

C'était sans compter un coup de théâtre. Mardi, un ami du principal accusé avait glissé au détour de son témoignage avoir chez lui 183 lettres échangées avec Wojcieh Janowski depuis le début de l'affaire. Saisissant la balle au vol, le président de la cour a immédiatement demandé à ce que ces lettres soient saisies. Et mardi soir, les gendarmes se rendaient sur les hauteurs de Nice pour procéder à la mise sous scellé de ces courriers.

La convocation du ministre n'a "plus l'objet d'être"

Mercredi après-midi, ce scellé est arrivé à l'audience. Une interprète polonaise a été convoquée et a commencé à traduire en direct les courriers écrits juste après le premier procès. 21 octobre 2018, Janowski dit à son ami : "Je suis innocent. Pour éviter la perpétuité, mes avocats ont décidé de dire que je suis coupable, mais en partie". Il détaille ensuite la stratégie de défense et ajoute : "Les avocats m'ont informé et j'étais d'accord".

"Vous avez dit 'mes avocats m'ont trahi' et là vous écrivez que c'était une stratégie avec votre accord, pas contre vous", l'interpelle le président. "Je vous confirme : mes avocats m'ont trahi", maintient l'accusé aujourd'hui âgé de 72 ans. Mais pour les avocats sur les bancs des parties civiles, il ne fait qu'aucun doute qu'il ment, lui qui a déjà changé plusieurs fois de positions dans ce dossier.

En conséquence, le président a annoncé renoncer à la convocation du Garde des Sceaux qui "n'a plus l'objet d'être" et a demandé la traduction par écrit pour mardi d'une partie de ces courriers afin qu'ils soient versés au dossier. De son côté, le Conseil des ministres avait rejeté mercredi la requête initiale du président tout en ouvrant la voie à une éventuelle déposition écrite, selon des sources gouvernementales. Ce procès, où sont rejugés quatre autres accusés, doit durer jusqu'au 19 novembre.


La rédaction de TF1info

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